Malgré la crise, les coopératives laitières ont été réactives pour assurer la collecte et fournir une demande inhabituelle pendant le confinement, a tenu à rappeler Damien Lacombe, président de la Coopération laitière, lors d’une conférence de presse le 3 septembre. Entre l’arrêt de la restauration hors foyer, la baisse des exportations et une demande en forte hausse pour les produits de grande consommation (lait, beurre, crème...), le challenge était de taille, dépendant également du maintien de la collecte qui a été assuré.
« L’impact sur les producteurs sera limité »
Entre la mesure de limitation volontaire de la production, financée par l’interprofession laitière pour un montant total de 15,3 millions d’euros, et l’activation du stockage privé, « qui a eu peu de succès en France mais qui a permis de limiter la spirale déflationniste des prix », rappelle Damien Lacombe, la filière a tenu et a d’ailleurs peu sollicité les dispositifs d’accompagnement pour les entreprises en difficulté.
Cependant, le confinement a entraîné une déperdition de 79 200 tonnes de produits laitiers, certaines coopératives, notamment dans le secteur des AOP, ont été « fortement secouées », rappelle le président de la Coopération laitière, qui se félicite de l’élargissement de l’interprofession à quatre collèges, ce qui a permis de compenser un certain nombre de marchés, en utilisant par exemple le lait pour la crème plutôt que pour fabriquer du fromage. Au final, 10 % des laiteries, notamment parmi les plus petites, « ont des difficultés très fortes », indique Damien Lacombe. 16 filières d’appellation ont connu des arrêts de collecte.
Pour sécuriser leur avenir, beaucoup de coopératives ont fait le choix de limiter leurs investissements, ce qui constitue « une préoccupation pour l’avenir, car il faut continuer à développer des outils qui vont aller chercher de la valeur ajoutée pour nos adhérents », estime le président de la Coopération laitière.
Côté producteurs, « il y aura une dégradation sur le prix du lait, mais on ne sera pas très éloignés de ce qu’on a connu l’année dernière, l’impact producteur sera limité », précise également Damien Lacombe.
L’importance du plan de relance et de la loi Égalim
Pour la Coopération laitière, l’avenir repose aujourd’hui sur deux leviers. Tout d’abord, le plan de relance qui, s’il ne contient pas de ligne spécifique à la filière laitière, devrait permettre aux coopératives de s’y intégrer via plusieurs points : projets alimentaires territoriaux, économie plus verte, ou encore grâce à l’enveloppe de 3 milliards d’euros mise en place pour créer un fonds destiné à sécuriser les fonds propres dans les entreprises. « Tout ce qui peut conforter les fonds propres de nos coopératives est majeur », insiste Damien Lacombe, qui rappelle que les coopératives laitières ont investi 1,26 milliard d’euros entre 2014 et 2018. D’autant plus que cette année, 76 % ont distribué la prime Macron pour encourager les salariés à venir dans les usines.
Enfin, la filière ne pourra pas se passer d’une montée en puissance, pour la troisième année, des dispositifs mis en place par les États généraux de l’alimentation, notamment dans le cadre des négociations commerciales. Si les prix de ventes aux industriels ont augmenté de 1,4 % en 2019 et de + 1 % en 2020 (sur les marques nationales), ce n’est pas suffisant, estime la Coopération laitière, qui vise un objectif de + 10 % sur les trois ans. « Il y a une nécessité de passer des hausses sur les marques de distributeurs », insiste Damien Lacombe, d’autant plus que ces marques distributeurs représentent, pour les coopératives, deux tiers des volumes des produits de grande consommation. « Et si ce n’est pas obtenu cette année, il faudra continuer la pression les années à venir. Sur les exploitations, les revenus ne sont pas au niveau suffisant pour assurer la sécurité », ajoute le président de la Coopération laitière, qui précise qu’entre 2017 et 2018, le nombre d’exploitations laitières a baissé de 7 %.
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