Dans la Somme, Julien veut faire de ses vaches des athlètes de haut niveau

Dans la Somme, Julien veut faire de ses vaches des athlètes de haut niveau

A Andainville dans la Somme, Julien Guyart, hors cadre familial, s’est installé seul sur l’exploitation où il passait ses vacances. Membre d’une équipe élite de roller hockey, le jeune éleveur entend soigner ses vaches laitières comme il s'entraîne au sport de haut niveau.

Dans le secteur d’Andainville, à 40 km à l’ouest d’Amiens, ce sont les grandes cultures qui prédominent. Après la crise du lait en 2009, l’effet de ciseau entretenu pendant des mois par l’envolée des charges et le bas niveau des prix payés au producteur a eu raison de la motivation de nombreux éleveurs laitiers, qui ont préféré abandonner leur production de lait et privilégier celle des cultures de vente. Mais l’évolution du paysage agricole dans ce secteur en déprise laitière n’est heureusement pas à sens unique. En témoigne Julien Guyart, hors cadre familial, qui a décidé de reprendre seul une ferme laitière là où il a grandi.

Son père est gendarme, sa mère secrétaire. Tous deux travaillent à Amiens. Toute son enfance, Julien Guyard aime passer ses vacances chez ses grands-parents à Andainville. Ou plutôt dans la ferme laitière voisine, celle de Gérard et Martine Letellier, pour s’occuper des vaches. Son bac Stae (Sciences et technologies agronomie et environnement) en poche, Julien Guyart poursuit ses études dans le secteur commercial sur les conseils de ses parents. Mais après quelques stages dans des enseignes de la grande distribution, l’appel de sa passion – les vaches – prend le dessus. « J’avais envie de m’installer. »

Gérard et Martine Letellier, eux, approchent de la retraite. « J’ai toujours voulu transmettre mon exploitation à un jeune, plutôt que de la voir partir à l’agrandissement. » Ayant effectué tous ses stages de Bep et de Bac chez les Letellier, Julien connait déjà la ferme comme sa poche.

Accompagnés par le Cerfrance et le service transmission de la Chambre d’agriculture de la Somme, et après deux ans de réflexion et de préparation, le jeune hors cadre familial reprend seul la ferme des Letellier en avril 2012.

« Pas besoin d’une cathédrale »

Avec 75 ha de cultures (maïs, betterave sucrière, blé, escourgeon), 25 ha de prairies permanentes, dont 18 ha autour des bâtiments et environ 40 Prim’holsteins, le jeune agriculteur produit 370.000 l de lait. L’intégralité du foncier est en fermage. L’éleveur n’a que quatre propriétaires. Sans possibilité d’agrandir l’exploitation, Julien limite les investissements lourds au strict nécessaire. Les bâtiments ont une vingtaine d'années, mais sont fonctionnels. « Je n’ai pas besoin d’une cathédrale flambant neuve, du moment que je peux améliorer mes conditions de travail dans les bâtiments existants. »

Depuis qu’il s’est installé il y a bientôt deux ans, Julien vit et travaille au rythme de deux passions. Celle des vaches, d’abord, mais aussi celle du sport. Deux soirs par semaine, après la traite, l’éleveur chausse ses rollers et s’entraîne avec ses coéquipiers des Ecureuils d’Amiens, équipe élite de roller hockey. Certains week-ends de septembre à avril, il laisse les clefs de son exploitation à Gérard Letellier, son cédant, qui lui prête toujours volontiers un coup de main, pour qu’il puisse aller jouer des matchs de championnat. « Quand nous allons jouer contre Grenoble, Anglet ou Toulouse, nous partons plus d’une journée. »

Objectif : 12.000 litres par vache

Les deux passions de l’agriculteur sont intimement liées. Comme lui lorsqu'il est sur le terrain, ses vaches sont ses « athlètes de haut niveau ». « Pour que je puisse me dégager plus d’un Smic, je souhaite intensifier la production de mon troupeau. » Quand il a transmis son exploitation, Gérard Letellier lui avait déjà laissé un cheptel de très bonne qualité. « Je vais continuer à travailler avec Gènes diffusion pour la génétique et essayer d’améliorer encore un peu l’alimentation. »

Avant, pour mes amis, l'agriculture se résumait à José Bové et l'Amour est dans le pré...

Ses vaches produisent 10.500 litres en moyenne sur 300 jours. Julien souhaiterait augmenter la production à 12.000 litres. « Je capitalise sur mon exploitation en choisissant des taureaux de plus en plus performants. » Et d’ici cinq ans, l’éleveur souhaiterait investir dans un distributeur automatique de concentrés, « pour mieux maîtriser les coûts d’alimentation ».

Depuis qu’il s’est installé, une chose « importante » selon lui, a bien changé : le regard de ses amis, tous non issus du monde agricole, sur le métier d’éleveur. « Avant, pour eux, l’agriculture se résumait à José Bové, l’Amour est dans le pré et les routes sales à certaines périodes de l’année ». Depuis deux ans, ils ont complètement changé leur regard sur mon travail et l’agriculture en général. Ils ont moins de préjugés, moins de mépris aussi. »

Installation en élevage laitier
Pour accéder aux autres reportages de la série spéciale "La production laitière, ils y croient", cliquez sur la photo. (©Terre-net Média)

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