
L’étude menée durant six ans à la ferme expérimentale de Trévarez dans le Finistère remet en question l’objectif « d’un veau par vache et par an », considéré jusqu’alors comme l’optimum économique. Avec des intervalles vêlage-vêlage (Ivv) de 18 mois au lieu de 12, le lot de 24 Holsteins a dégagé une marge brute d’exploitation supérieure de 2.800 euros par an.
Le potentiel laitier et la persistance des Holsteins se sont sensiblement améliorés ses vingt dernières années ce qui peut inciter les éleveurs à inséminer plus tardivement pour ne pas avoir à tarir à 305 jours des vaches avec des niveaux de production encore élevés. Une majorité d’études économiques concluent qu’un intervalle vêlage-vêlage (Ivv) de 12-13 mois est optimal, mais certains travaux de recherche, comme celui de Trévarez, montrent une augmentation du revenu associé à l’allongement des lactations, en lien notamment avec la baisse des charges opérationnelles.
Six années d’essais
Cette étude menée à la ferme expérimentale de Trévarez (29) et publiée aux journées 3R 2013, a porté sur deux lots de 24 vaches prim’holsteins en vêlage groupé (printemps ou automne). Un lot « 12m » avec un Ivv d’un an et un lot « 18m » qui vêle tous les 1,5 an. Au cours des six années de l’essai, 216 lactations de 95 vaches différentes ont été enregistrées.
Des performances laitières annuelles inférieures
L’allongement des lactations à 16 mois de production ne semble pas poser problème pour des Prim’Holsteins recevant un régime alimentaire de qualité. La persistance de la lactation des vaches primipares du lot 18m est très bonne, notamment pour celles vêlant à l’automne (voir graphique). Seulement 5 % des lactations du lot 18m ont eu un tarissement prématuré (déclenché par un niveau de production inférieur à 5 kg lait/j).
En moyenne sur six ans, le lot 18m a produit plus de lait par lactation (11.476 kg) avec un TB identique et un TP supérieur de près d’un point. A l'échelle d'une période de 365 jours, le lot avec l’Ivv de 18 mois a produit significativement moins de lait (- 640 kg), de matières grasses (- 40 kg) et de matières protéiques (- 19 kg) que le lot avec l’Ivv de 12 mois. Mais ces différences de production n’ont pas été observées chez les primipares, ce sont donc principalement les multipares (- 893 kg lait/an ; - 34 kg de MG ; - 21 kg de MP) qui font baisser la moyenne.
| Lot 12 mois | Lot 18 mois | Ecart 18m-12m |
Résultats par lactation | |||
Lait brut (kg) TB TP | 8.287 40,9 31,8 | 11.476 40,7 32,7 | + 2.898 - 0,2 + 0,9 |
Résultats annuels (moyennes ajustées sur 6 ans) | |||
Lait brut (kg) MG (kg) MP (kg) | 8.508 335 225 | 7.868 295 206 | - 640 - 40 - 19 |
La longévité du troupeau augmente
La longévité des animaux a été améliorée : pour le lot 18m, l’âge à la réforme est supérieur d’un an environ à celui du lot 12m (74 vs 61 mois). Des lactations plus longues entraînent un plus faible nombre de naissances, ainsi, le nombre de bandes de génisses à élever est réduit de 6 à 4 durant les six années de l’essai.
Les problèmes sanitaires ne s’améliorent pas
La réduction attendue de la fréquence des vêlages permettrait normalement de limiter le nombre de réformes pour cause d’infécondité ainsi que les problèmes sanitaires autour du vêlage et en début de lactation. Or cela ne s’est pas vérifié durant les six années d’essais, sans différence du taux de réussite à l’insémination entre les deux lots (1,7 IA / IA fécondante). De même, la diminution du nombre de vêlage dans le lot 18m n’a pas réduit la fréquence des troubles sanitaires ; au contraire, les boiteries y étaient légèrement plus fréquentes, sans doute à cause de l’âge plus avancé des vaches du lot 18m.
Il en va de même du côté des cellules : la proportion de mamelles saines au tarissement semblait peu différente entre le lot 18m et le lot 12m. Mais le taux de vaches infectées était supérieur de 11 points par rapport au lot 12m. Les pénalités liées aux cellules augmenteraient ainsi de 1,5 €/1.000 l dans le lot 18m par rapport au lot 12m, en l’absence de tri de lait.
9,5 €/1.000 l en faveur des lactations longues
Pour une exploitation qui dispose d’un droit à produire de 300.000 l par an, l'allongement à 18 mois de l'Ivv du troupeau s’est soldé par une amélioration de la marge brute de l'exploitation d'environ 2.800 € par an, soit 9,5 € / 1.000 l, à effectif de vaches et surface fourragère (Sfp) quasiment constants. Les analyses de variation des prix de base ne modifient pas cette tendance.
Le produit de l’atelier est plus élevé pour le lot 18m en raison de l’écart sur le prix du lait (+ 13 € / 1.000 l). Cet écart s’explique pour partie (+ 8 €) par le TP plus élevé du lait et par une saisonnalité des livraisons plus favorables (absence de livraisons en juillet-août pour le lot 12m).
Le produit issu de la viande est par contre plus faible pour le lot 18m, qui vend moins de vaches de réforme et de veaux. Les charges opérationnelles sont mieux maîtrisées dans le lot 18m, grâce à un plus faible coût alimentaire. Le nombre de bandes de génisses à élever est également réduit et les frais d’élevage diminuent légèrement (4 campagnes d’IA au lieu de 6).
Impact économique sur 6 ans
| Lot 12 mois | Lot 18 mois | Ecart 18m-12m |
Produit total Prix du lait en €/1.000 l Produit viande | 747.000 € 328 € 66.000 € | 760.100 € 339 € 57.000 € | + 13.100 € + 11 € - 9.000 € |
Charges opérationnelles Dont coût alimentaire Dont frais d’élevage | 197.500 € 140.200 € 57.300 € | 192.400 € 136.000 € 56.400 € | - 5.100 € - 4.200 € - 900 € |
Marge atelier | 549.500 € | 567.700 € | + 18.200 € |
Sfp utilisée | 166 ha | 168 ha | + 2 ha |
Ecart de marge semi-nette d’exploitation = + 16.700 € soit + 2.800 €/an (=9,5 €/1.000 l) |
Source : 3R 2013 / Idele / CA Bretagne
Cibler les bonnes vaches
« L’allongement des lactations semble donc pertinent sur des animaux à fort potentiel » estiment les chercheurs de l’Institut de l’élevage et des Chambre d’agriculture de Bretagne. « Dans un contexte de production contingentée par des vêlages groupés, il représente une solution souple d’adaptation de la conduite des troupeaux sans porter préjudice aux résultats technico-économiques, contrairement à ce qui était admis jusqu'ici. »
Les facteurs clés de réussite de l’allongement des lactations :
- Cibler des vaches productives, à bonne persistance et en bonne santé (cellules notamment),
- Offrir des rations de bonne qualité mais sans excès pour éviter une reprise d’état trop importante en fin de lactation,
- Maintenir un taux de réforme suffisant, car l’allongement augmente la longévité des vaches et peut entraîner un vieillissement excessif du troupeau.
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