Cliquez pour visiter l’élevage de Marc Benninghoff
En 2005, Marc Benninghoff avait 75 vaches. Il en a près de 900 aujourd’hui et son troupeau comptera 1.200 vaches laitières l’an prochain ! Lorsqu’on lui demande ce qui l’a poussé à s’agrandir autant, Marc répond : « Si j’ai voulu avoir un très grand troupeau, je crois que c’est d’abord parce que je ne voulais pas traire toute ma vie ! Construire de grandes fermes devient de plus en plus compliqué en Allemagne et il ne fallait pas partir trop tard. Et puis, j’aime calculer, optimiser l’existant, améliorer la rentabilité de l’exploitation, mais aussi travailler avec des gens et gérer une équipe. En quelques années, mon métier a beaucoup changé. Je n’hésite pas à m’entourer de spécialistes, notamment pour la finance, la gestion ou dans le domaine juridique. Il y a des boulots que je suis le seul à pouvoir faire sur l’exploitation et ceux que je peux confier aux salariés, il faut progressivement apprendre à déléguer et à faire confiance à ses équipiers. »
Davantage de temps libre
L’entreprise compte en moyenne 15 salariés, dont quatre personnes expérimentées pour l’alimentation et le management du troupeau, 10 pour traire, s’occuper des veaux et des cultures et un pour la méthanisation.
« Il m’est aujourd’hui bien plus simple de gérer 900 ou 1.200 vaches qu’à l’époque où je n’en avais que 300 ou 400 et j’ai davantage de temps libre pour mes quatre enfants. En effet, avec un troupeau de taille intermédiaire, je n’avais que deux salariés et cela posait beaucoup de problèmes d’organisation pour les week-ends, les congés,… Aujourd’hui, c’est plus facile de faire un roulement. »
En Allemagne, le salaire minimum n'existe pas. Marc Benninghoff paye ses ouvriers les moins qualifiés 8 €/h. « Mais il faut savoir les conserver lorsqu’on est content de leur job. Pour cela, il faut bien les payer pour les horaires de nuit, le dimanche et les jours fériés. A Noël, j’ai mis en place un tarif à 20 €/h et cela ne pose plus de problème. On trouve difficilement des trayeurs sérieux en Allemagne , alors je fais appel à des ouvriers roumains, polonais et hongrois qui viennent parfois avec leur famille et restent plusieurs années. »
Traire 24 heures / 24 !
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette ferme de 500 ha, 900 vaches et 1.000 génisses forme un système relativement simple où les coûts liés aux bâtiments et aux matériels sont minimisés :
- Trois stabulations sur caillebotis avec logettes creuses (paille + chaux + eau) et racleurs automatiques.
- Pas de roto de traite mais une salle de traite Boumatic 2*16 postes qui tourne actuellement 18 heures par jour avec trois traites quotidiennes. Lorsque les 1.200 vaches seront en production, la salle de traite fonctionnera 24 h sur 24 ! Pour l’instant, Marc ne voit pas l’intérêt de changer d’installation de traite.
- Un gros bol mélangeur traîné. Une conduite alimentaire en trois lots.
- Veaux logés en niches individuelles à l'extérieur.
- Porte de trie en sortie du bâtiment de traite. Lorsqu’une vache est détectée en chaleur grâce à son collier qui mesure l’activité, elle est directement dirigée vers des cornadis pour y être inséminée. Pour celles qui rencontrent des problèmes de reproduction, Marc opte pour la synchronisation des chaleurs.
- Deux unités de méthanisation de 250 et 265 KW qui tournent en 100 % lisier (sans ajout d’ensilage de maïs). Le lisier est automatiquement pompé sous les caillebotis.
Marc Bennighoff n'a pas eu la chance des faire des études, mais pourtant il calcule chaque poste de dépense et connaît tous ses coûts de production sur le bout des doigts. Son lait lui coûte aux alentours de 0,29 €/l à produire, dont 52 % pour l’alimentation, 14 % pour payer les salariés et 18 % pour rembourser les emprunts (hors méthanisation). « J'ai fait un maximum d'emprunts à court et moyen termes et les investissements devraient être assez rapidement remboursés », précise-t-il. Marc estime le taux de retour sur investissement de l’atelier lait à environ 10 %.
Vendre de l’énergie est plus rentable : la méthanisation représente 15 % de son chiffre d’affaires total et le solaire 5 %. L’électricité issue du biogaz est vendue 0,22 € du KW et celle provenant des panneaux photovoltaïques est payée 0,268 €/KW.
contractualisation avec sa laiterie
Bien qu’il n’ait eu qu’un quota de 6,1 millions de litres l’an dernier, Marc Benninghoff a produit 8,5 millions sans pénalités. Du fait de la taille de son troupeau, il a réussi à négocier un contrat particulier avec une laiterie située à 20 km : le prix mensuel résulte d’une moyenne de cinq laiteries allemandes (trois ont été choisies par le producteur et deux par la laiterie), cela donne le prix minimum sur les quatre années à venir.
« Pour cette laiterie, ce contrat garantit l’approvisionnement, car aujourd’hui avec le marché « spot » du lait, les éleveurs allemands ne sont plus contraints à la fidélité avec leur laiterie, explique-t-il. Avant d’avoir contractualisé, j’étais souvent payé en-dessous du prix du marché. En mai 2013, j’ai reçu entre 0,32 et 0,35 €/l ». En France, à la même époque, les éleveurs recevaient en moyenne 0,309 €/l .
90 % de taureaux génomiques
Marc est un adepte de la génétique Holstein et des concours. Il achète 90 % de doses de taureaux génomiques chez Masterrind. Avant, il choisissait six mâles par an. Depuis la génomique, il choisit cinq taureaux parmi les plus récents et renouvelle l’opération tous les trois mois. Il sélectionne principalement sur la production laitière, les pattes, la fertilité et la facilité de vêlage et commence tout juste à utiliser de la semence sexée.
Quelques chiffres sur le troupeau de Marc Benninghoff :
- 12.100 litres/VL en moyenne avec trois traites par jour (37 de TB et 33,5 de TA)
- 3,6 lactations par vache. 13 vaches à plus de 100.000 litres
- Taux de renouvellement de 21 %
- Interval vêlage-vêlage 395 j
- Fertilité : 2,6 IA/multipare et 1,6 IA/génisse
- Cellules : 170-210.000 c/ml. Détection des mammites à l'œil par les premiers jets.