Selon le système d’élevage et l’âge au vêlage, il faut « 2 à 3 lactations pour couvrir les coûts d’élevage de la génisse, et en moyenne, chaque lactation supplémentaire améliore le bilan économique, en prenant garde à la lactation "de trop" », assure Chris Hozé, ingénieure de recherche à Eliance, lors du webinaire Alonge organisé par l’Institut de l’Elevage (Idele). Ce troisième webinaire du projet Alonge s’est penché sur le lien entre la longévité et les performances économiques de l’élevage.
La longévité, facteur de rentabilité
Naturellement, plus le rang de lactation augmente, « plus le risque qu’une difficulté impacte la rentabilité est important ; au-delà de la 4e lactation, le risque de difficultés métaboliques ou reproductives qui affectent la rentabilité est plus grand (diminution de la production laitière, allongement de l’IVV, augmentation des coûts sanitaires, …). Cet effet reste limité avant la cinquième lactation », explique l’ingénieure de recherche.
Pour Franck Lavedrine, ingénieur conseil à l’Idele, « la longévité apparaît comme un levier d’efficacité économique, mais d’autres facteurs ont également leur importance dans la rentabilité de l’atelier laitier, tels que la maîtrise des charges, de la reproduction, de la conduite fourragère, de la qualité des produits, … ».
Des systèmes « intensifs », moins enclins à faire durer leurs animaux
Grâce aux différents systèmes d’élevage qui ont alimenté la base de données de cette expérimentation, (soit 1 589 animaux holstein issus de 49 exploitations en système plaine "intensif" sans robot, et 862 animaux montbéliards issus de 42 exploitations en système herbager AOP Comté), les observations permettent de dire que la longévité apparaît quelque peu « corrélée » avec le niveau d’intensification de l’atelier lait. Franck Lavedrine émet deux hypothèses potentielles à cette corrélation : « dans les systèmes les plus « intensifs », la recherche de productivité entrave-t-elle la longévité des animaux ? ou peut-être pousse-t-elle à renouveler et sélectionner plus rapidement le cheptel ? ».
« La longévité participe à la maîtrise de l’empreinte carbone »
« Sans être le seul facteur impactant, la longévité participe à la maîtrise de l’empreinte carbone, par une meilleure efficacité du système de production ; moins de périodes improductives – telle que la période d’élevage de génisses — en proportion par rapport aux périodes en lactation », détaille Franck Lavedrine. Malgré une productivité laitière souvent moindre, les élevages à forte longévité tirent parti de leur maîtrise des charges, et d’un stockage carbone supérieur (systèmes plus herbagers et plus pâturants).
« 4 - 5 lactations avant de réformer pour assurer une marge »
D’après Vincent Lefer, Data Analyst pour Eliance, « à l’échelle individuelle, les frais d’élevage sont remboursés à partir de la deuxième lactation, globalement il est préférable de réaliser 4-5 lactations avant de réformer pour assurer une marge. À l’échelle du troupeau, les indicateurs économiques sont favorables à la longévité des animaux. Les exploitations qui ont une longévité moindre, compensent par une forte productivité à l’animal et à la main-d’œuvre. Au final, les travaux menés confirment l’intérêt économique de la longévité, mais amortir le coût d’élevage de la génisse demeure un levier d’efficacité primordial ».
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