En vu d'améliorer leurs conditions de travail, les éleveurs laitiers peuvent être tentés d'investir dans un exosquelette. Mais est-ce vraiment la solution ? L'outil pourrait bien causer plus de désagréments que d'assistance...
Les troubles musculo squelettiques (TMS) constituent la première cause de maladies professionnelles. En élevage laitier, la traite entraîne le plus souvent des pathologies aux épaules avec ses gestes répétitifs et le besoin de lever les bras quasiment en continu.
Apparus en premier lieu dans l'industrie, les exosquelettes intéressent depuis quelques temps les éleveurs. Ces outils assistent les usagers dans le port des charges et les mouvements de bras. Élisabeth et Jean-Marc Burette s'en sont équipés l'an dernier : « J'avais des problèmes d'épaules à cause de la traite et je faisais des séances de kiné, explique l'éleveuse du Pas-de-Calais. Depuis que j'ai l'exosquelette, je me sens soulagée. C'est comme un sac à dos que j'enfile pour la traite et dès que mes bras passent au-dessus de la mon cœur, il me soutient dans mes mouvements. » Malgré un investissement de 4 500 €, le couple ne regrette pas du tout son achat.
Mais tous les éleveurs qui ont pu tester l'outil n'en sont pas convaincus et la MSA reste réservée sur le sujet par manque de recul sur son utilisation. Alors, les exosquelettes sont-ils vraiment adaptés à l'élevage ?
Commencer par bien aménager sa salle de traite
Coralie Hayer est responsable des risques professionnels à la MSA de Haute-Normandie. Pour elle, avant de penser exosquelette, il faut d'abord revoir ses conditions de traite et surtout améliorer l'aménagement de sa salle de traite : la hauteur du quai (le plancher mobile étant l'idéal pour s'adapter à la taille du trayeur), des griffes plus légères, le décrochage automatique, la hauteur des commandes, avoir suffisamment d'espace pour circuler...
Des exosquelettes testés par les éleveurs laitiers
Fin 2019, l'expérimentation menée sur la ferme expérimentale de la Blanche Maison s'avérait être un échec : l'exosquelette générait plus de douleurs aux trayeurs. L'essai qui devait durer trois mois avait avorté au bout d'un seulement tant la gène était importante.
En 2021, trois éleveurs, accompagnés par la Chambre d'agriculture et la MSA, relancent les essais. Ils testent alors trois modèles : le Skelex de Gobio, le Mate XT de Comau et l'Hapo MS d'Ergosanté. Ils témoignent dans les vidéos ci-dessous :
Alexis Graindorge (61) - en salle de traite TPA :
Christelle Van Den Boscche (76) - en roto traite arrière :
Arnaud Martinet (50) - en roto intérieur :
Aucun des éleveurs testeurs n'a fait le choix d'investir. Fragilité, poids, niveau d'assistance insuffisant sont les principaux arguments évoqués. Certains évoquent même quelques gènes et douleurs.
Tester un mois avant d'investir dans un exosquelette
« L'exosquelette n'est pas recommandé pour tout le monde. Les personnes présentant déjà des TMS ou ayant des pathologies neurologiques ou cardiaques doivent prendre un avis médical. » Car son utilisation n'est pas sans risque : elle peut causer des perturbations sensorielles (notamment de la perception de la force ou du contrôle des mouvements) et/ou cognitives (charge mentale, stress...), sans parler des risques de collisions et chocs liés à l'encombrement de l'exosquelette. « Il faut pouvoir essayer l'outil un mois pour que le cerveau s'y habitue et que le trayeur adopte de nouveaux gestes », explique-t-elle.
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