
« Organisation et partage » : les maîtres-mots du Gaec Saint-Lazare en Ille-et-Vilaine. Pour la traite en particulier, une astreinte que les trois associés, Damien, Denis et Fabrice, tiennent à partager équitablement. Tout comme les responsabilités.
Pas de semaine de quatre jours, mais une sans traite pour chacun des trois associés du Gaec Saint-Lazare à Monfort-sur-Meu en Ille-et-Vilaine. Toutes les trois semaines, en alternance avec une à deux jours de traite et une à cinq jours. Car cette astreinte, les trois associés entendent la partager, de manière équitable, pour qu’elle n’en soit pas une, justement.
Une semaine sans traite par associé
« La semaine où je suis d’astreinte, je trais le lundi, mardi, vendredi, samedi et dimanche. Autrement dit : tout le temps sauf le mercredi et jeudi. La suivante, je suis dispensé et la troisième, je ne trais que deux jours, le mercredi et jeudi », explique Denis. Répartition aussi précise concernant les horaires : le trayeur commence à 7 h et finit vers 18h30 à 19h au plus tard, le deuxième associé embauche vers 7h15 — 7h30 et le dernier à 9h.
19 h le soir maximum, hors pic d’activité.
Des horaires précis
« Pas de grosse pointe de travail, indique-t-il, hormis les foins où l’on peut terminer vers 22 h, maximum. Mais c’est la belle saison, alors ça ne nous dérange pas. » Et pour les week-ends ? La rotation est, logiquement, de un sur trois. « L’hiver, de novembre à fin mars, nous sommes à deux le samedi matin pour tout boucler avant 10 h.
Tout boucler avant 10 h le samedi.
Missions propres/responsabilités partagées
Même partage en termes de responsabilités. Damien, par exemple, s’occupe de la comptabilité, mais en binôme avec Fabrice. Un souhait qu’il a exprimé à l’installation de celui-ci. « C’est un poste lourd, avec beaucoup de classement et suivi au niveau courriers, mails, dossiers, etc. et pour autant primordial pour le pilotage de l’élevage », détaille-t-il. Ce dernier a aussi en charge les génisses, sur un autre site.
La comptabilité en binôme, car c’est lourd mais primordial !
Fabrice, lui, gère le troupeau : alimentation, reproduction… Denis, les cultures, l’entretien du matériel, etc. « Les grands travaux sont réalisés par la Cuma, qui regroupe plusieurs salariés : les labours, certains semis, le lisier, la moisson, le bottelage de la paille et même du foin. Nous, nous nous concentrons sur les prairies : semis et fenaison, c’est-à-dire fauche, fanage, andainage et ramassage. »
45 h par semaine
Parce que les éleveurs sont « très bien organisés », le temps de travail en élevage n’est pas ici une question qui fâche, à la différence de nombreuses exploitations laitières. Ils l’évaluent à 45 h hebdomadaires. 45 h efficientes, sans aucune minute perdue ou presque. « On sait qui doit faire quoi, aller où. On est efficace dès qu’on arrive le matin », résume Fabrice.
Bien organisés, on est efficace dès qu’on arrive !
Six semaines de congés par an
Même chose pour les congés : six semaines par an, dont deux en période estivale. « Plus quelques jours par-ci par-là pour la famille ou autre », ajoute Fabrice avant d’enchaîner : « Être à la maison le soir pour 18 h — 18 h 30 permet une certaine souplesse avec les enfants, si les conjointes travaillent à l’extérieur. » Ce fonctionnement « clair, avec des horaires et des congés fixés » a été l’un des éléments décisifs pour que Fabrice rejoigne le Gaec.
60 000 l vendus en circuits courts
Pourtant, les producteurs font de la vente directe, réputée prenante. En fait, sur 600 000 l de lait produits par an, 60 000 l sont vendus en circuits courts à la fromagerie L’Étable ronde, à deux boulangeries et via une fontaine à lait sur l’exploitation. « Les livraisons aux boulangers – 3 à 4 par semaine – ne prennent que 10 min à chaque fois. La fontaine demande 10 min par jour pour son approvisionnement en lait frais. Ensuite, les gens se servent eux-mêmes », précise Fabrice.
La clé : l’échange
Les clés de ce fonctionnement rigoureux ? « Le partage » là encore, mais ici au sens communication, « échange ». « Nous sommes trois, trois à avoir son mot à dire, illustre Damien. Si un seul décide et les autres suivent, ça n’ira pas longtemps. » Les membres du Gaec reconnaissent consacrer du temps à la réflexion. « Les décisions sont peut-être moins rapides qu’en individuel, car les avis peuvent différer et qu’il faut trouver un consensus », appuient-ils.
À trois : trois à avoir son mot à dire.
Discuter et parler de tout, sans tabou, est essentiel. « Il faut savoir dire ce qui va pas, ce qui gêne, voire énerve, même si cela ne plaît pas sur l’instant. Garder pour soi n’est jamais bon, estiment les exploitants, qui en font un point de vigilance majeur. Mieux vaut crever l’abcès pour passer à autre chose qu’emmagasiner jusqu’à ce que la cocotte-minute explose. »
Se friter parfois met généralement moins « en péril » la structure que les non-dits. « C’est humain, ça fait partie du métier », lance Damien avec philosophie. À l’inverse, il ne faut pas hésiter à mettre en avant les réussites communes, comme celles de chacun. Une pratique pas assez fréquente.
Se friter parfois, moins risqué pour la ferme, que les non-dits.
Un bureau pour réfléchir et discuter
Stage de parrainage et formations/rendez-vous entre associés, avec la participation d’un tiers extérieur ont permis, avant de s’associer, de bien se connaître et de partir ensuite sur de bonnes bases, sur le plan humain et sur celui de la ferme. « On s’est rendu compte qu’on avait tous les trois les mêmes attentes et objectifs, un gage de réussite pour l’avenir. Pour l’instant, les premières années nous donnent raison », concluent-ils.
Pour conforter leur organisation bien orchestrée, Damien, Fabrice et Denis sont en pleine construction d’un bureau en trois parties (un espace de travail, une salle de réunion et un local technique avec vestiaire et douche), pour eux et pour l’accueil de stagiaires.
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