La nomination du Premier ministre Michel Barnier, qui fut ministre de l'Agriculture (2007-2009) et est rodé aux négociations européennes, suscite des espoirs parmi les agriculteurs. Mais comme l'a dit jeudi Arnaud Rousseau, patron du syndicat agricole majoritaire FNSEA, ils attendent du « concret » et « ce qui compte, c'est ce que Michel Barnier (...) va faire dans le mois qui vient. »
Après la dissolution, « faute d'interlocuteurs au niveau de l'État, il y a beaucoup de travaux qui sont restés en suspens. Et justement, le timing du Space est propice à la reprise de ces échanges avec les pouvoirs publics », estime la commissaire générale du Space Anne-Marie Quémener.
Depuis sa création en 1995, un membre du gouvernement - ministre de l'Agriculture voire Premier ministre - a toujours fait le déplacement au salon pour aller au-devant des éleveurs, rappelle Anne-Marie Quémener et cette année « la profession attend la visite de Michel Barnier au Space », qui se tient du 17 au 19 septembre, souligne-t-elle.
Avec les épizooties en cours dans les troupeaux (fièvre catarrhale ovine et maladie hémorragique épizootique pour les bovins) mais aussi la grippe aviaire qui pèse sur les producteurs de volailles, « la question sanitaire, au sens large, est cruciale » en cette rentrée. Elle devrait être au coeur des discussions, tout comme les mauvaises récoltes de l'été liées aux conditions climatiques.
« Les impacts des épisodes sanitaires, ce sont eux qui ont déclenché les mouvements » de colère des agriculteurs fin 2023, rappelle-t-elle.
Dans l'attente « d'un cap clair »
Les pouvoirs publics sont donc attendus au tournant à Rennes sur la loi d'orientation agricole qui devait mettre en oeuvre les revendications des manifestants, mais qui a subi un coup d'arrêt avec la dissolution de l'Assemblée nationale.
Simplification administrative, souveraineté alimentaire, compétitivité, revenus... : « Il y a toujours des réponses du législateur qui sont attendues sur ces sujets », particulièrement chez les éleveurs soumis à un grand nombre de normes et à une intense concurrence internationale.
« Ce n'est pas facile d'avancer sans gouvernement », remarquait récemment devant des journalistes Patrick Bénézit, président de la Fédération nationale bovine (FNB), association spécialisée dans l'élevage de vaches à viande de la FNSEA.
« Il faut que le futur ministre de l'Agriculture prenne tous les sujets élevage à bras-le-corps », insistait le producteur auvergnat.
« Il faut des engagements clairs au niveau de l'État pour avoir confiance et investir dans le monde agricole », résume la commissaire générale du Space, qui a justement pour thème cette année l'avenir de l'élevage et le renouvellement des générations »dans une période charnière ».
Le cheptel breton de bovins se réduit quotidiennement d'une centaine de têtes
« Donner un cap clair, ça permet aux jeunes qui veulent s'installer de faire les bons choix, des choix qui vont parfois les engager sur des dizaines d'années », explique Mme Quémener.
On estime qu'entre un tiers et la moitié des agriculteurs français vont partir à la retraite dans les dix prochaines années et selon la FDSEA d'Ille-et-Vilaine, le cheptel de bovins se réduit d'une centaine de têtes chaque jour en Bretagne.
Dans un contexte plutôt morose, le Space, « lieu d'expertise, de recherche, de réflexion et d'innovation » selon son président Marcel Denieul, vise à mettre en avant innovations techniques et bonnes pratiques qui peuvent aider les éleveurs à produire mieux, avec une meilleure qualité de vie et moins de pénibilité.
Au total, plus de 1 100 entreprises, dont 370 internationales, seront présentes durant trois jours au parc des expositions de Rennes, avec près de 100 000 visiteurs attendus.
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