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[Space Web TV] Maine-AnjouLa Rouge des Prés, une race qui protège sa viande et son terroir

La race Rouge des Prés tiendra son concours national le mardi 13 septembre au Space à Rennes avec 70 animaux, l’occasion de tirer le portrait de sa race allaitante de l’Ouest aux qualités bouchères et maternelles indéniables.

Cliquez pour voir le reportage à la station du domaine des Rues et chez David Cadet, éleveur en Mayenne.

La Rouge des Prés (code race 41) autrefois appelée Maine-Anjou , du nom des deux rameaux de son berceau d’origine : la Sarthe et la Mayenne au Nord, et le Val-de-Loire au Sud. A Chenillé-Changé, dans le Maine-et-Loire, le domaine des Rues est considéré comme le lieu de naissance de la race, où se tient depuis 1908 le premier herd-book.

Joliment restauré, ce domaine accueille désormais l’Organisme de sélection (OS) Rouge des Prés, le Syndicat de défense de la viande sous appellation d’origine protégée (AOP) Maine-Anjou, ainsi que des salles de réception pour des évènements festifs. C’est également là que se trouve la station d’évaluation de contrôle individuel des jeunes taureaux vendus deux fois par an aux enchères.

Une viande très persillée

Les éleveurs, fiers de la qualité de leur viande, décident de créer en 2004 l’AOP viande Maine-Anjou et son cahier des charges. Car la race présente une viande assez typique. Dans les veines de la Rouge des Prés coule le sang de races d’origines anglaises comme la Durham (Shorthorn), qui, croisée avec la Mancelle, a conféré à la viande Maine-Anjou un gras persillé très prononcé, avec une couleur rouge soutenue, sans égale parmi les autres races allaitantes françaises. « C’est ce gras qui donne aux jeunes vaches et aux bœufs intégrant l’AOP une saveur et une jutosité appréciées des connaisseurs. Cette typicité ravit le palais des amateurs de viande rouge, mais la race doit aussi se faire mieux connaître des bouchers locaux qui préfèrent parfois des races à rendement en viande un peu plus élevés », constate Ghislain Aminot, animateur de la Sica Rouge des Prés.

De grand gabarit au format imposant, la Rouge des Prés est une race assez précoce présentant beaucoup de viande dans les quartiers arrières, où se trouvent les morceaux les plus nobles. De son passé de race mixte lait/viande, elle a pris l’orientation allaitante exclusivement depuis les années 80, mais a su conserver un bon potentiel laitier pour élever son veau. Les mâles affichent un poids moyen à 210 jours de 295 kg. Les vêlages ont généralement lieu en double période avec un premier vêlage à l’âge de 33 mois en moyenne. « Et il y a du potentiel pour faire du vêlage à deux ans », précise Ghislain Aminot. La race est également l’une des plus prolifiques, grâce à son taux de 5 % de naissances gémellaires.

La facilité de vêlage s’est nettement améliorée

David Cadet n’a pas choisi la Rouge des Prés au hasard. Ancien commerçant en viande, il a repris le troupeau de son beau-père, Jean-Claude Pichon, qui a durant des années sélectionné l’un des plus beaux cheptels de la race, à Argenton-Notre-Dame, en Mayenne. « Je trouve que la Rouge des Prés est une race docile, facile à élever, qui se contente de fourrages grossiers avec peu de complémentation tout en gardant d’excellentes qualités bouchères. En l’espace de trente ans, la sélection a fait beaucoup d’efforts pour limiter le gène culard et améliorer la facilité de vêlage. Aujourd’hui, sur 80 mises-bas par an, je ne fais pas plus de deux césariennes », assure le jeune éleveur mayennais. En effet, les animaux se sont affinés ces dernières années, même si d’irréductibles éleveurs passionnés cherchent toujours les animaux les plus lourds, généralement porteurs du gène culard, notamment dans le secteur d’Evron, où le festival de la viande rassemble début septembre les amateurs de bêtes très bien finies.

Jusqu’à 600 kilos de carcasse

La Rouge des Prés est sans conteste la race française la plus imposante par son poids et sa stature, à l’image de Fêtard, de l’élevage Jaffré (41), qui a été sacré au salon de l’agriculture 2016 taureau le plus lourd du monde, du haut de ses 1 950 kg ! Les concours voient généralement défiler des vaches de plus d’une tonne sur la balance. David Cadet est d’ailleurs l’heureux propriétaire de la vache Epatente qui, avec ses 1 226 kilos, a remporté quatre fois d’affilée le championnat à Paris. En moyenne, les vaches de réforme permettent de commercialiser 460 kg de carcasse et certaines parviennent même à dépasser les 600 kg de carcasse.

Ces kilos offrent une plus-value appréciée pour cette race qui sait bien valoriser l’herbe pâturée et les foins de qualité moyenne. La majorité des éleveurs sont naisseurs-engraisseurs et finissent leurs animaux au pré ou à l’auge. En système extensif, les bœufs permettent de valoriser les prairies humides des bords de Loire. « La Rouge des Prés est reconnue pour sa grosse capacité d’ingestion qui lui permet des périodes de finition en seulement trois mois d’engraissement. Les mères sont également capables de perdre de l’état en début de lactation et de reprendre rapidement du poids, avec peu d’impact sur la fertilité », note Ghislain Aminot, également technicien de la race.

Miser sur l’ancrage territorial

7e race allaitante française, la Rouge des Prés comptabilise un cheptel d’environ 40 000 vaches reproductrices, réunies à 90 % en région Pays-de-la-Loire. La création de l’AOP Maine-Anjou a permis de stabiliser l’érosion des effectifs. Pour Ghislain Aminot, « aujourd’hui dans l’Ouest, la menace pour la race vient surtout du labour des prairies. C’est à nous de nous prendre en main, pour trouver de la valeur ajoutée à restituer aux éleveurs en restant maîtres de la filière de A à Z. C’est pourquoi nous développons la commercialisation de viande Maine-Anjou en vente directe. Le choix de la race est de s’orienter vers un produit de qualité ancré dans son territoire. » Avec l’aide de l’Inra, l’OS s’est lancé dans le programme de recherche « Quafima » (Qualité filière Maine-Anjou) pour sélectionner la qualité de la viande à partir d’un test génomique grâce aux données de tendreté, de persillé et de flaveur en abattoir. Ces premiers tests génomiques devraient arriver d’ici deux à trois ans dans différentes races.

D’ailleurs, les leveurs sélectionneurs sont habitués du typage génomique puisque tous leurs reproducteurs sont testés sur la présence du gène culard. « On ne cherche pas forcément à éradiquer le gêne culard de la race, mais plutôt à le gérer intelligemment, souvent en l’utilisant une génération sur deux pour obtenir des animaux hétérozygotes. Et on évite de mettre un taureau porteur sur génisses », explique Ghislain Aminot. Les taureaux rouges des prés s’exportent pour une utilisation en pure ou en croisement, notamment dans le Nord et en Belgique sur Blanc bleu belge pour apporter de la taille en conservant l’hypertrophie musculaire des culards.

Vous pourrez admirer les 70 plus beaux animaux rouges des prés lors du concours national qui aura lieu le mardi 13 septembre au Space 2016.

Vache rouge des prés Maine-Anjou
Il est fréquent que les vaches rouges des prés dépassent une tonne de poids vif, même nourries uniquement avec de l'herbe et des fourrages grossiers. (©Terre-net Média)

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