L’exploitation du Gaec du Midi est située à 1 000 mètres d’altitude, au pied du massif du Sancy, sur la commune de Saint-Genès-Champespe (Puy-de-Dôme). Chez les Guittard, l’élevage et la transformation laitière sont une affaire de famille depuis trois générations. C’est aussi une histoire de tour de main et de passion transmise pour la production et l’affinage à la ferme d’un fromage d’Auvergne emblématique : le Saint-Nectaire AOP fermier. La valorisation de 100 % du lait produit porte cette activité florissante qui s’appuie à la fois sur un savoir-faire ancestral et les nouvelles technologies.
« Lorsque je me suis installé, en 2008, mon mot d’ordre a toujours été la simplification des tâches et l’efficacité dans le travail, confie Nicolas Guittard, mais aussi la recherche de pérennité de l’exploitation ». Si ses parents avaient déjà travaillé à l’évolution de la structure des bâtiments en les rénovant et en aménageant une stabulation libre en 1983, l’optimisation de l’outil de travail ne s’est pas arrêtée là. »
Souci de butyriques avec l’ensilage d’herbe
Dès 2010, le Gaec du Midi a commencé à réfléchir à l’intégration d’un système de séchage en grange. Un investissement que Nicolas ne regrette pas. « Jusqu’en 1998, nous faisions de l’ensilage d’herbe qui représentait 2/3 de la ration hivernale de nos laitières. Mais des soucis de gonflement de fromages, dû aux butyriques, nous a fait passer au fourrage voie sèche, en commençant par les balles rondes », se rappelle l'éleveur.
Mais du fait de la précocité des récoltes en altitude, le fourrage peinait à sécher. Du coup, la valeur alimentaire des foins n’était pas satisfaisante. « J’avais découvert une installation de séchage en grange dans le Jura et chez un de mes oncles dans une ferme voisine, qui n’arrivait pas non plus à faire sécher sa récolte et qui a finalement sauté le pas. Ça m’a décidé ! »
Un foin de qualité à 18 % de MAT
Les travaux d’aménagement du séchage en grange ont débuté au printemps 2013 et se sont achevés un an plus tard, en majorité en auto-construction pour réduire les coûts. Nicolas prévoit que l’installation soit amortie en 15 ans.
« Nous y gagnons surtout en valeur alimentaire. Avec le séchage en grange, nous valorisons pleinement la diversité variétale de nos prairies naturelles qui peuvent compter jusqu’à 70 espèces différentes. En modifiant juste nos pratiques de récolte, nous avons gagné l’équivalent de 7 000 UFL et ce, sans avoir à repenser l’assolement. »
Photovoltaïque, forage et réintroduction du bocage en projet
Mais Nicolas a d’autres projets. Avec le séchage en grange au printemps et l’activité fromagère, qui consomme du froid dès que les températures sont plus douces, la consommation d’électricité est importante : 20 000 à 22 000€ chaque année. Une facture salée que le Gaec du Midi espère voir réduire de façon conséquente à partir de 2024. En effet, l’installation de panneaux photovoltaïques sur une partie du toit de la grange où le foin est mis à sécher est à l’étude. L’idée ? Couvrir 700m² de toiture pour produire 130 kWc, avec autoconsommation et revente du surplus.
Par ailleurs, côté consommation d’eau, le Gaec du Midi est en train de finaliser la construction d’un réseau d’eau depuis le forage d’un puits pour alimenter les abreuvoirs installés en prairies.
« Aujourd’hui, notre facture d’eau s’élève à 4 000 € par an. Nous prévoyons un investissement de 25 000 € qui devrait être rentabilisé rapidement puisque les tarifs de l’eau de ville risquent d’être revus à la hausse », conclut-il. Nicolas travaille enfin à la réintroduction de 800 m de linéaires de haies sur un îlot de prairie de 24 hectares, dont les frais d’implantation sont soutenus à 60 % par le département via le programme Mission Haies. Cet aménagement bocager devrait permettre de faire office de coupe-vent pour protéger les prairies du vent du nord, offrir un abri aux animaux et favoriser la diversité naturelle pour lutter contre les campagnols terrestres.