Après vingt mois de reflux, la production laitière semble amorcer une reprise. Un « sursaut fragile » qui survient dans un contexte de forte décapitalisation du cheptel laitier, et qui s’explique par des marges un peu plus encourageantes ces dernières semaines.
« Feu de paille ou inversion de tendance ? » Dans les dernières Tendances lait/viande de l’Institut de l’élevage, Gérard You, chef du service conjoncture laitière, évoque ainsi la possible reprise de la production laitière française.
Au mois de septembre, elle a amorcé sa hausse saisonnière deux semaines plus tôt que d’habitude et d’après les enquêtes hebdomadaires de FranceAgriMer, serait repassée au-dessus de son niveau de l’an dernier pendant la seconde quinzaine de septembre. « Dans ce cas, elle pourrait, cet automne, dépasser le bas niveau de l’an dernier ».
Cette reprise, « encore fragile », met un terme à 20 mois de baisse de la production laitière. Selon les estimations de l’Institut de l’élevage, la collecte nationale a reculé de 0,9 % sur les 9 premiers mois de 2022, par rapport à la même période en 2021.
La production herbagère a de son côté été « insignifiante durant l’été dans la plupart des régions françaises » et la production de maïs fourrager « très médiocre ».
Des signaux des marchés plus encourageants
Alors, pourquoi cette reprise de production ? « Le prix du lait est visiblement redevenu incitatif », poursuit Gérard You. Pendant l’été, il a continué sa lente progression amorcée au printemps 2021 et s’établissant à + 20 % sur un an. Et s’il a marqué le pas en août, le prix du lait devrait reprendre son ascension à l’automne, « grâce notamment à l’accord entre Lactalis et l’Unell pour une hausse de 36 €/1 000 l entre le troisième et le quatrième trimestre ».
En parallèle, le prix des charges s’est globalement stabilisé cet été, « petit répit après 24 mois de hausse ininterrompue », dû au « fléchissement provisoire du prix de l’énergie et des lubrifiants » et à une « stabilisation du prix des aliments achetés ».
Si bien que la marge laitière a poursuivi son redressement. « La marge Milc est remontée à 127 €/1 000 l en août, son plus haut niveau depuis l’automne 2017 ». Sur un an, elle a progressé de 29 €/1 000 l, soulignent les Tendances : « la hausse du prix du lait (+ 72 €) est presque intégralement gommée par celle des charges (+ 66 €), mais le bond des prix du coproduit viande (+ 23 €/1 000 l) permet à l’indice de dépasser nettement son niveau de 2021 à pareille époque ».
Des hausses de prix difficilement répercutées en rayons
Malgré cette embellie, la hausse de prix reste limitée par rapport aux autres pays membres de l’UE : le prix du lait a grimpé de 200 € et 58 % sur un an en Allemagne, pour s’établir à 557 €/1 000 l en août. En Irlande, il a même dépassé les 600 €/1 000 l en septembre.
« En France, les transformateurs laitiers passent toujours plus difficilement qu’en Allemagne des hausses de tarifs à la grande distribution, souligne aussi Gérard You. Ils ne répercutent que partiellement les hausses de charges des éleveurs et celles des commodités laitières, sans parler des hausses de leurs coûts de fabrication : énergie, emballages… ».
Il ajoute : « Les lois Egalim paraissent peu efficaces pour atténuer un tant soit peu le pouvoir de marché des distributeurs, qui ont relancé la guerre des prix et des promotions cet automne pour maintenir leurs positions commerciales ».
Les prix sortie usine vendus aux GMS n’auraient ainsi progressé que de 13 % par rapport à 2021 d’un été à l’autre, contre une hausse de 26 % pour les produits vendus à l’export et de 53 % pour ceux destinés aux industries agro-alimentaires (essentiellement des ingrédients).
Les Tendances lait/viande de l’Institut de l’élevage indiquent aussi un recul de la production laitière bio au mois d’août, accompagné d’une hausse du taux de déclassement, face à une demande intérieure toujours en berne. Et sur le marché des produits laitiers, elles notent un maintien des prix élevés du beurre.
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