L’organisation des producteurs de lait, branche laitière de la Coordination rurale, organise son 11e congrès jeudi 17 mai à Laval. Un rendez-vous « entièrement consacré à la problématique de la rémunération des éleveurs ». Le syndicat compte bien rappeler sa déception sur toutes les problématiques censées être réglées par le projet de loi EGA.
Web-agri : Le projet de loi issu des Etats généraux de l’alimentation est censé « inverser la construction des prix agricoles » selon le vœu d’Emmanuel Macron. Que pensez-vous de la version du texte qui sera débattue à l’Assemblée nationale à partir de mardi 22 mai ?
Véronique Le Floc’h : Le texte actuel ne nous satisfait pas du tout. Il n’apporte rien de plus que ce que prévoit le cadre législatif actuel en matière de relations commerciales.
Le texte ne règle pas non plus les différences de pratiques entre opérateurs privés et coopératives. Il ne donne pas davantage de possibilités aux organisations de producteurs.
Web-agri : Que souhaitez-vous voir inscrit dans le projet de loi ?
Véronique Le Floc’h : Il n’y a pas besoin de calculs alambiqués pour la définition des prix. Dans tous les cas, l’aboutissement à des prix en dessous des coûts de production n’est pas concevable. Il faut que le texte permette la prise en compte effective des coûts de production des producteurs et aboutisse donc à un prix payé producteur d’au moins 400 €/1 000 l.
Cette logique n’est pas dissociable de celle d’une régulation des volumes de production, que nous défendons depuis tant d’années, via le PRM, programme de responsabilisation du marché, élaboré par l’EMB.
Web-agri : Comment améliorer l’efficacité des organisations de producteurs ?
V. Le Floc’h : Pour notre congrès, nous avons convié les représentants de nombreuses organisations de producteurs : FMB Grand Ouest, l’OP Lactalis Grand Ouest, FMB Normandie, l’OP Lait Bio Seine-et-Loire, Biolait et Sunlait. Pour l’OPL, les OP doivent être transversales mais non commerciales. Pourquoi non commerciales ? Parce que les OP sont actuellement beaucoup trop nombreuses. En étant commerciales, elles exposeraient de nombreux producteurs en cas, par exemple, de non-renouvellement de contrats avec les industriels. Pour améliorer leur efficacité, il faudrait les regrouper au sein d’une associations d’OP dans chaque bassin de production avec une délégation de la gestion du volume et de la fixation du prix. Le tout pourrait être organisé sur des périodes de six mois. La filière dispose depuis longtemps de tous les indicateurs pour le faire.
Web-agri : Quid du cas particulier des coopératives, assimilées par définition à des OP, mais dont vous dénoncez régulièrement les stratégies ?
V. Le Floc’h : Il faudrait que les coopératives, en particulier les coopératives polyvalentes, soient contraintes de modifier leurs statuts pour qu’elles créent des OP internes qui puissent adhérer à une AOP, afin de bien séparer les décisions relevant de la stratégie générale de la coopérative, et les décisions relevant de la gestion volumes-prix. Le Conseil d’administration de la coop doit être constitué de producteurs. L’OP interne doit être représentée par d’autres producteurs.
Web-agri : Vous avez aussi convié à votre congrès des représentants de plusieurs initiatives de commercialisation « équitable ». Quel regard portez-vous sur ces démarches ?
V. Le Floc’h : Dans toutes ces démarches, il faut bien en distinguer deux types. Il y a d’abord les démarches initiées par les producteurs eux-mêmes, « En direct des éleveurs » ou « Faire France » par exemple, au sein desquels les éleveurs s’engagent personnellement dans la commercialisation de leur lait. Depuis ces initiatives pionnières, d’autres démarches se développent, comme « C’est qui le patron ? » ou « Les éleveurs vous disent merci », à l’initiative d’autres acteurs. Toutes ces projets collectifs de commercialisation sont la preuve que l’ensemble du lait peut être rémunéré à une valeur plus juste pour les éleveurs. Ces démarches pourraient très bien être développées pour les autres produits laitiers que le lait liquide.
On peut toutefois regretter que « Faire France », l’une des premières démarches mises en place, n’ait pas eu le même relais médiatique et le même soutien politique qu’une démarche comme « C’est qui le patron ? » qui, rappelons-le, enrichit d’abord un communicant.
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