Lamballe (France), 10 mars 2016 (AFP) - Drapeaux syndicaux sur l'épaule, malgré la pluie et le vent, des salariés de la Cooperl filtrent les camions aux entrées du n°1 français de la filière porcine, à Lamballe. Après deux semaines de grève d'une partie du personnel, la plus longue depuis la création de cette coopérative il y a 50 ans, l'heure est toujours au bras de fer entre direction et grévistes.
La direction de Cooperl Arc Atlantique a mis le feu aux poudres, début février, lors de la négociation annuelle obligatoire. « Elle nous a annoncé le gel des salaires, la diminution de la prime d'ancienneté et de celle du treizième mois », explique Marie-Jeanne Menier, déléguée syndicale CFDT, syndicat majoritaire dans l'entreprise. Soit, selon les syndicats, une perte moyenne de 500 euros par an pour un travail particulièrement éprouvant et des salaires qui flirtent avec le Smic, même après des années de présence au sein du groupe.
Celui-ci emploie plus de 5.000 personnes en France, dont quelque 2.000 à Lamballe (Côtes d'Armor), son siège historique. Justifiée par la « compétitivité » dans un contexte de crise de la filière porcine, l'annonce de la direction est intervenue après de gros efforts consentis par les salariés ces dernières années, dont des pauses désormais non rémunérées. Au total, une perte de pouvoir d'achat entre 2013 et 2015 chiffrée par l'intersyndicale à 735 euros par an pour chaque salarié, perte aggravée par les dernières décisions. Sans oublier « les cadences qui n'arrêtent pas d'augmenter : on est passés de 650 porcs/heure en abattage et découpe à 700 porcs/heure, parfois plus quand il y a des pics », note une salariée, sourire chaleureux et œil bleu malicieux. « La pression est partout », dit-elle, désignant de la tête un huissier, accompagné d'un membre de la direction, qui prend en photo les grévistes postés à l'extérieur de l'enceinte.
« Vous allez être virés »
A l'intérieur aussi, la pression, teintée de condescendance, est partout, acquiesce cette salariée qui préfère ne pas donner son nom. « Hier, les chefs sont venus nous voir. Ils nous ont demandé si l'on savait pourquoi il y avait grève. On leur a répondu : "pour défendre nos acquis". Ils nous prennent vraiment pour des abrutis... ».
Un autre, qui souhaite aussi garder l'anonymat, raconte les demandes insistantes de la hiérarchie pour nettoyer les postes de travail à la place des « laveurs » en grève. Avec des « menaces » telles que « vous allez être virés », cette grève, c'est aussi « le ras-le-bol de la terreur à l'intérieur », résume Marie-Jeanne Menier, qui y travaille depuis 27 ans.
Outre les cadences, le froid, les gestes répétitifs, « tout ça joue sur la santé des ouvriers », assure-t-elle. Selon le CHSCT (comité d'hygiène et de sécurité) du groupe, l'absentéisme des ouvriers de Lamballe en postes dédiés à la transformation des porcs « est de 174 heures par ouvrier » contre « 16 heures » en moyenne pour les cadres. Rien d'étonnant, note la déléguée syndicale : « une tendinite, c'est six mois d'arrêt, et une opération de l'épaule, il faut compter deux ans ». Or, les troubles musculo-squelettiques, des lésions articulaires dues au travail répétitif, sont particulièrement fréquents dans l'industrie agroalimentaire.
Jusqu'à présent, la direction campe sur ses positions : pas de reprise des discussions sans un arrêt des « débrayages » qu'elle estime suivis par « 10 à 15 % des effectifs selon les jours », ce qui perturbe l'activité.
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