Tandis que les prix agricoles augmentaient dès 2021 sous l'effet de la hausse des charges (énergie, engrais...), la grande distribution a comprimé ses marges pour éviter une chute de la consommation. Trois ans plus tard, les prix agricoles refluent dans quasiment toutes les productions, à l’exception des fruits et légumes, de la viande ovine (FCO) et vitelline, et de la matière première pomme de terre, mais les prix alimentaires continuent à augmenter légèrement tandis que la distribution reconstitue ses marges nettes, résume ce 14e rapport.
Globalement, en 2024, les prix alimentaires ont crû de 1,3 %, soit moins que l'inflation générale de 2 % et loin des 7 % et 12 % relevés en 2022 et 2023, niveaux inédits depuis 1985.
« C'est une situation de sortie de période inflationniste avec des variations qui sont assez grandes entre les différentes filières, les différents produits », a souligné devant la presse Sophie Devienne, présidente de cet observatoire sous la tutelle des ministères de l'Agriculture et de l'Economie.
Concernant la grande distribution, le rapport note que les marges sont plus importantes sur des « produits d'appel », moins sensibles aux effets prix, tels que le jambon ou les produits laitiers, compensant de moindres marges (voire négatives) sur les rayons boucherie, marée ou boulangerie avec vente directe aux consommateurs.
Réagissant à ce rapport, la Fédération française des industries charcutières (Fict) a déploré que la filière soit « la vache à lait de la grande distribution », alors que « 30% des entreprises (du secteur) sont déjà en déficit ».
Un manque de transparence de l’industrie laitière
La présidente de l'OFPM, qui étudie aussi la marge des industries agro-alimentaires, a regretté mercredi l'absence « de transparence d'une grande partie de l'industrie laitière ». L’Observatoire n’a en effet recueilli que huit réponses aux questionnaires envoyés aux entreprises de transformation laitière, ce qui représente 18 % de la collecte. L’OFPM s’est donc appuyé sur les données de l’Observatoire financier du Crédit agricole.
Malgré cela, « ce qu'on peut observer c'est que l'industrie laitière a, sauf dans le secteur des ingrédients, reconstitué ses marges, après une baisse somme toute relativement modérée », a-t-elle ajouté.
« Encore une fois les industriels laitiers brillent par leur absence dans les chiffres publiés », a réagi la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), appelant les parlementaires à interpeller les transformateurs : « au niveau des éleveurs, il est urgent de connaître ce qu'il en est de la valorisation de leur production de lait. (...) Il est important d'objectiver les coûts, les prix et les marges de chaque maillon ».
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