« Il faut que ça marche ! » Seule en Europe, la France commencera lundi à vacciner des canetons contre la grippe aviaire dans l'espoir d'éviter un nouveau « raz de marée » de cette maladie virale qui a conduit à l'euthanasie de dizaines de millions de volailles ces dernières années.
« On a déjà reçu des vaccins dans nos cabinets. On pourra vacciner dès lundi », a déclaré à l'AFP le vétérinaire Jocelyn Marguerie, dans les Deux-Sèvres.
« La pression du virus reste forte mais la vaccination devrait permettre de rester sur des cas ponctuels et d'éviter le raz de marée » dans les élevages, ajoute le président de la commission aviaire de l'association de vétérinaires pratiquant en élevage SNGTV.
Face à la répétition des crises d'influenza aviaire, communément appelée grippe aviaire, la France a décidé de rendre obligatoire la vaccination préventive dans les élevages de plus de 250 canards (hors reproducteurs) à partir du 1er octobre.
Ces palmipèdes - élevés pour le foie gras ou la viande - sont ciblés car très sensibles au virus. Ils l'excrètent dans l'environnement avant même de présenter des symptômes, ce qui favorise la propagation.
La grippe aviaire, qui sévit plus largement en Amérique, en Europe, en Asie et en Afrique, a touché la France de 2015 à 2017 puis quasiment en continu depuis fin 2020. Aucun foyer n'a été recensé dans les élevages français depuis juillet mais des cas ont été repérés chez des goélands et des fous de Bassan en Bretagne et dans le nord.
« Sérénité »
Quand un cas se déclare, les volailles sont abattues, des euthanasies préventives sont décidées dans les élevages à proximité, la production est durablement perturbée et les pertes économiques s'accumulent. C'est ce cycle que le gouvernement espère enrayer avec le vaccin.
La profession a estimé à une soixantaine de millions le nombre de canards à vacciner d'ici l'été 2024, à raison de deux doses par palmipède. Quatre-vingt millions de doses ont été commandées dans un premier temps au laboratoire Boehringer Ingelheim. Un nouvel appel d'offres devra être lancé.
La première dose est injectée chez des canetons de 10 jours. Les premiers vaccinés seront pleinement immunisés en décembre, sachant que l'épizootie est susceptible de frapper avant.
« Il aurait fallu vacciner dès juin » pour se prémunir au maximum, observe une éleveuse du sud des Landes. Favorable au vaccin, elle préfère rester anonyme car des clients « appellent pour dire qu'ils ne veulent pas de canard vacciné ».
Dans le même département, Thierry Dezès va vacciner ses 5 000 canetons à partir du 5 octobre. « Ma véto référente va venir une fois nous montrer et après normalement je devrai me débrouiller tout seul » pour les piqûres avec l'aide de prestataires qui attraperont les petits palmipèdes.
« J'ai été concerné quatre fois par des abattages depuis 2016. J'espère qu'on va retrouver quelque chose d'indemne. Il faut que ça marche ! » Avec moins de canards à foie gras à vendre, Frédéric Pitoux s'est séparé de son salarié et a trouvé un travail en complément à l'extérieur de sa ferme dans le Gers. « Je ne m'en sortais plus », confie l'éleveur à l'AFP.
Il reste perplexe à l'égard de la vaccination : « Il faudra voir comment c'est mis en oeuvre et comment ce sera géré si un cas apparaît. » En principe, la vaccination présentera un avantage « énorme », explique Marie-Pierre Pé, directrice de l'interprofession du foie gras Cifog : si un foyer de grippe aviaire est découvert, les élevages de canards - vaccinés - à proximité ne devront plus être vidés, c'est-à-dire que les palmipèdes encore sains ne seront plus euthanasiés. « Nous espérons pouvoir retrouver des conditions de sérénité pour produire », résume Mme Pé.
Les professionnels de la volaille surveillent la réaction des marchés à l'export, souvent méfiants à l'égard d'un pays qui vaccine au motif que le virus pourrait continuer à circuler à bas bruit. Un responsable du ministère japonais de l'agriculture a indiqué à l'AFP que Tokyo suspendrait les importations des produits avicoles français quand la vaccination débutera.
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