« La Chine a fait son entrée sur le commerce international de la viande en 2010 et ses importations de porc ont été multipliées par trois depuis », a expliqué l'économiste Jean-Paul Simier, spécialiste des marchés de la viande, qui s'exprimait au débat Terre 2017, organisé par le quotidien Ouest-France.
« Il y a une faim de viande en Chine, où on veut manger de la viande comme on veut rouler en voiture », a-t-il observé. Le géant asiatique, qui consomme 53 kilos de viande par habitant et par an contre près de 80 kilos en Europe, est aussi le premier importateur mondial de viande de mouton, le deuxième de bœuf et le cinquième de volaille. « Qui l'eût cru il y a 5 ans ? », s'est interrogé Jean-Paul Simier.
Alors que les consommateurs européens se posent la question du bien-fondé de leur consommation de viande, en particulier de ses conséquences pour la santé et l'environnement, les pays émergents « s'invitent au grand festin de la viande », a souligné l'économiste. « C'est un phénomène d'inertie du marché. La viande est un produit de bien-être et le débat très occidental "Faut-il ou non consommer moins de viande ?" aura assez peu d'incidence sur l'évolution de la production et de la consommation au niveau mondial », a-t-il prédit.
A terme, les pays émergents devraient continuer à tirer la production mondiale de viande, qui s'établit aujourd'hui à 320 millions de tonnes par an, principalement de porc (37 %) et de volaille (30 %), contre 67 millions de tonnes en 1957.
Selon la FAO, l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, la production s'élèvera à 460 millions de tonnes en 2050, majoritairement tirée par la croissance démographique mondiale. Pour répondre à ses besoins, la Chine développe de plus en plus les grands élevages au détriment des petits. « Depuis un an, 220.000 petits élevages ont disparu en Chine pour des raisons environnementales », a expliqué Philippe Gréau, consultant en élevages porcins en Chine. « La production chinoise est très atomisée mais on va voir apparaître des monstres avec 1 à 2 millions de truies avec des nouvelles constructions qui sont très supérieures technologiquement à ce qui se fait en Europe », note-t-il.
350 vaches, 3 traites par jour et 12 salariés : une ferme laitière grand format où il fait bon vivre
Angus, Charolais, Blanc Bleu : quelle race préférer pour le croisement laitier ?
Un taureau limousin vendu 22 500 € aux enchères de Lanaud
Économie, travail, environnement : « S’installer en lait 100 % herbe, mon triplé gagnant »
Décapitalisation : profiter de l’hémorragie pour faire naître un élevage durable ?
Forte tension sur les engrais azotés : les prix flambent en Europe
L’huile de palme est à manier avec précaution
Les systèmes robot de traite redeviennent plus compétitifs que les salles de traite
« Je vends mes broutards 20 à 25 centimes plus chers grâce aux marchés aux bestiaux »
Viande bovine : des prix au plus haut, mais qui pour élever les vaches demain ?