La crise causée par le coronavirus a bouleversé les débouchés des produits laitiers et de la viande bovine, mais a aussi été une période de modification profonde du comportement d’achat des français. Près de deux mois depuis la fin du confinement, Grazyna Marcinkowska, chargée d’études à FranceAgriMer, constate que les tendances d’avant la crise sont loin d'avoir disparues.
À partir du mois de mai, avec le déconfinement progressif, « la situation a commencé à revenir à la normale », a expliqué Grazyna Marcinkowska, chargée d’études à FranceAgriMer, à l'occasion d'une conférence de presse le 10 juillet 2020.
Si les ménages se sont recentrés sur l’essentiel pendant le confinement, les tendances de fond, datant d’avant la Covid-19, n’ont pas disparu : elles se sont même renforcées. Les préoccupations des Français pour les produits « bons pour la santé et pour la protection de l’environnement, mais avant tout made in France et locaux, pour lesquels il y a vraiment un consensus, se sont consolidées pendant la crise ».
Les consommateurs affichent leur volonté de renforcer leurs achats responsables et solidaires, assurant une juste rémunération aux producteurs. 92 % des Français déclarent ainsi privilégier les produits d’origine France, d’après Kantar, tandis que 82 % souhaitent continuer à acheter des produits locaux après la crise, selon l’Ifop.
Un impact précoce du coronavirus sur les filières lait et viande
Les effets du coronavirus n'ont pas tardé à se faire ressentir dans les filières lait et viande bovine : dès le mois de février, les exports français ont été mis en difficulté par le confinement en Chine. Les industries agroalimentaires françaises ont de leur côté réduit leur demande, ce qui a fait chuter les importations dans l’Hexagone.
Le confinement en France à la mi-mars et la fermeture de la restauration hors domicile commerciale et de la restauration collective en grande partie (écoles, entreprises) a bouleversé les débouchés des productions françaises (41 % des volumes de produits laitiers y sont destinés, 61 % pour la viande bovine). Ce qui a provoqué une hausse des achats des ménages et « profité pleinement à la grande distribution, avec des hausses très spectaculaires du chiffre d’affaires », a expliqué Grazyna Marcinkowska, chargée d’études à FranceAgriMer. Sur les trois mois de la crise sanitaire, de mars à mai, les achats globaux de viandes et de produits laitiers des ménages pour leur consommation à domicile ont progressé, et certains produits ressortent grands gagnants.
Des habitudes de consommation bouleversées
Avec le confinement, les consommateurs se sont recentrés sur l’essentiel et le fait maison : les produits de base et de « fond de placard » ont été fortement plébiscités. « Que ce soit les conserves, les surgelés ou le lait conditionné, ces produits n’étaient pas forcément en dynamique positive ces dernières années. Mais le confinement a permis leur essor ». Même chose pour les produits de base servant d'ingrédients en cuisine ou en pâtisserie. Les achats de farine, d’huile, de sucre, de beurre et d’œufs ont fortement augmenté.
Toutefois, même pendant la période de crise, les habitudes ont varié. En début de confinement, des produits de base comme les viandes surgelées et le lait longue conservation ont été fortement achetés, pour constituer des stocks. Au milieu du confinement, en avril, ce sont plutôt les produits comme le steak haché frais, le beurre, la crème, les fromages et l’ultra-frais qui ont eu un grand succès, avec le retour au fait maison.
Mais quel que soit le produit, la fréquence d’achat a baissé et le panier global a augmenté, les Français évitant de sortir. « Quand on parle des situations d’évitement ou de changement de comportements d’achats c’est aussi le changement dans le choix de circuit dans lesquels on s’approvisionne », explique l'experte. « La répartition a été modifiée en faveur des petits formats généralistes (supermarchés et magasins de proximité) et du on line (drive et les livraisons à domicile), qui permettent d’éviter les contacts. » Elle note d’ailleurs une baisse spectaculaire de la part des achats alimentaires réalisés dans les hypermarchés. « Ils ont vraiment été pénalisés par le confinement, jugés trop fréquentés : les Français ont essayé de les éviter et le trafic a fortement baissé. »
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