
L'alimentation représente 1/4 des charges du coût de production du lait, c'est donc une variable majeure dans le revenu des éleveurs. Calculer sa marge sur coût alimentaire permet d'obtenir une vision juste et précise des dépenses mais surtout de la rentabilité de l'atelier laitier. Il est alors plus fiable de calculer sa marge à la vache qu'aux 1 000 litres.
« En élevage laitier, l'efficacité économique est largement tributaire de l'efficacité technique. L'éleveur visant la rentabilité doit maîtriser l'alimentation de son troupeau car elle contrôle l'expression du potentiel génétique, et conditionne la productivité, la reproductivité et la santé animale. » Claire Leroy, experte en conseil technico-économique chez Oxygen (Seenorest), fait le point sur la marge sur coût alimentaire.
Marge sur coût alimentaire, de quoi parle-t-on ?
La marge sur coût alimentaire (MSCA) représente ce qu’il reste du produit lait une fois le coût alimentaire des vaches laitières soustrait. Elle tient uniquement compte des vaches productives. Le coût des vaches taries et du renouvellement n’est pas comptabilisé. La méthode est aussi sensible au stade de lactation, pourcentage de vaches taries etc.
La marge à la vache ou à la place est le plus pertinent car aujourd’hui, le volume de lait produit n’est quasiment plus un facteur limitant. L’unité €/1 000 litres n’a du sens que si la production laitière est fixe et identique d’une année sur l’autre. En culture, on calcule une marge à l’hectare et non au quintal vendu.
Une bonne production laitière peut compenser un coût alimentaire élevé
Concrètement, voici un exemple de deux éleveurs avec des pratiques alimentaires différentes :
Les élevages A et B ont des taux identiques, 39 g/litre de TB et 32 g/litre de TP avec un prix du lait de 330 €/1 000 litres. Cependant, l’éleveur A produit 30 litres de lait avec une ration simple et « économique » alors que l’éleveur B produit 34 litres de lait avec une ration plus concentrée.
Premier constat, lorsque la production laitière augmente, le coût alimentaire en €/1000 l et €/VL augmente : 104 €/1000 l ou 3,11/VL/j pour l'éleveur A contre 107 €/1000 l ou 3,67 €/1000 l pour l'éleveur B.
|
Élevage A |
Élevage B |
Lait par vache produit (litres) |
30 |
34 |
Prix de base du lait (€/1 000 litres) |
330 |
330 |
Prix moyen du lait (€/1 000 litres) |
333 |
333 |
Produit lait (€/vache laitière/j) |
9,99 |
11,32 |
Coût de la ration (€/1 000 litres) |
104 |
107 |
Coût de la ration (€/vache laitière) |
3,11 |
3,67 |
Marge sur coût alimentaire (€/1 000 litres) |
229 |
226 |
Marge sur coût alimentaire (€/vache laitière) |
6,55 |
7,67 |
Deuxième constat, la marge sur coût alimentaire en €/1 000 litres baisse lorsque le coût alimentaire augmente. Autrement dit, la marge aux 1 000 litres est moins bonne pour l’éleveur B.
Cependant, si l’on prend le résultat vache par vache, la marge sur coût alimentaire est de 1,12 €/VL/j supérieure pour l’éleveur B. Cela représente pour un troupeau de 60 vaches 67 €/j, soit 2050 €/mois ou 24 500 €/an. L’augmentation de 0,56 €/VL/j du coût de ration pour l’élevage B est compensé par une production laitière supérieure, donc un meilleur produit lait de 1,33 €/VL/j.
Objectif : maîtriser les charges et maximiser les produits
La MSCA est un outil de suivi facile et rapide à compléter qui représente un baromètre d’efficacité technico-économique de l’élevage. Elle contribue au financement des charges de structure, ou des frais d’élevage, et elle est donc corrélée à la trésorerie de l’exploitation. Son calcul permet aux éleveurs de se comparer mois par mois, d’une année sur l’autre, et permet d’identifier rapidement les marges de progression de l’élevage. Sur Oxygen dans le Pas de Calais (62), depuis quelques mois, près de 600 marges ont été calculées, et présente une moyenne départementale à 6,51 €/VL.
Nous remarquons par exemple qu’en période hivernale, la marge sur coût alimentaire est meilleure dans les élevages en décembre-janvier (6,21 €/VL/j) qu’en octobre-novembre (6,06 €/VL/j). Cela s’explique par une meilleure efficacité de la ration (maïs davantage fermenté sur la période), d’où une meilleure productivité laitière.
De nombreuses pistes existent pour améliorer sa marge. Cela passe par la maîtrise des charges (optimiser les achats, limiter les pertes au silo, avoir des fourrages de qualité...) et la maximisation des produits.

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