
Souvent appelé "affaire Findus", le scandale de la viande de cheval révèle des pratiques commerciales de filiales de coopératives qui desservent les intérêts de leurs membres en les mettant en concurrence et en faisant ainsi pression sur les marges et sur les prix.
![]() Dans l'affaire actuelle, on constate avant tout que Spanghero, émanation de la coopérative Lur Berri, n’hésite pas à s’approvisionner à bas prix sur les marchés de viande aux dépens de ses adhérents éleveurs. (© Terre-net Média) |
Dans l’affaire des plats cuisinés estampillés à base de bœuf qui contenaient pourtant du cheval, le ministre délégué à la Consommation, Benoît Hamon, a expliqué lors d'une conférence de presse jeudi 14 février que « Spanghero s'est rendu coupable d'une ‘’tromperie économique’’ et sera poursuivi ».
« En conséquence, la filiale de Lur Berri se voit retirer immédiatement l'agrément sanitaire qui lui permet de traiter de la viande », a annoncé de son coté le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll. Et dès vendredi, « une brigade nationale de vétérinaires va être envoyée dans les locaux de l'entreprise située à Castelnaudary (Aude) pour poursuivre les investigations dont les résultats devraient être rendus dans une semaine pour décider d'un éventuel retrait d'agrément définitif », a ajouté le ministre.
Enfin, selon l’Afp, « les professionnels de l'industrie alimentaire (Ania) feront dès la semaine prochaine des propositions pour renforcer les contrôles existants » a déclaré jeudi son président, Jean-René Buisson.
Une fraude et non une crise sanitaire
Ainsi, les dispositions prises pour faire le ménage dans les pratiques de transformation et de commercialisation de viande bovine, en instaurant une batterie de tests d’Adn, feront la lumière sur l’ampleur de la fraude dont sont victimes les consommateurs depuis des mois. Car l’affaire Findus est bien une fraude et non pas une nouvelle crise sanitaire. Et c’est grâce aux règles de traçabilité en vigueur sur l’ensemble de la filière de transformation de la viande que le scandale a été révélé !
Mais pour les éleveurs de Lur Berri, il paraît évident que l’affaire dévoilée le week-end dernier concerne d’abord des marges et du revenu qu'ils estiments "volés" par une filiale de leur coopérative qui refuse de payer au prix du marché les bovins mis en vente.
Les filiales de coopératives se sont multipliées ces dernières années. Leurs stratégies commerciales, d’achat et de vente, étaient connues dans le secteur laitier. Mais depuis une semaine, l’affaire Findus révèle au grand public et aux éleveurs, l’étendue de pratiques courantes et similaires dans la filière "viande bovine".
Les sociétés commerciales ont bâti des circuits d’approvisionnement pour faire des profits rapides avec des marges commerciales prohibitives qui profitent à une multitude d’intermédiaires mais ni aux éleveurs, ni aux consommateurs ! Les lasagnes n’ont pas pour autant coûté moins chères !
Un manque d'éthique révélé
Ainsi, en ayant voulu "transformer" leur coopérative en un groupe multinational, certains responsables professionnels ont oublié les fondements de leur engagement dans la coopération.
Dans l'affaire actuelle, on constate avant tout que Spanghero, émanation de la coopérative Lur Berri, n’hésite pas à s’approvisionner à bas prix sur les marchés de viande aux dépens de ses adhérents éleveurs. Non vendus, les animaux français sont mis en concurrence avec des importations dont les cours sont tirés à la baisse.
Or on attend d'une filiale qu'elle ait d’abord un rôle d’aiguillon pour privilégier la commercialisation de la viande des adhérents de la coopérative à laquelle elle est liée.
Il n’en a rien été. Les « déconnectés » dénoncés par la Fnsea dans son communiqué du 12 février ne sont pas à Bruxelles ou à Paris mais à Castelnaudary, où se situe le siège de Spanghero ! Avec en jeu la question du revenu des éleveurs et leur survie ! Aussi, sans le retour d’un minimum d’éthique, la généralisation des tests d’Adn ne sera jamais un remède à la fraude.
Contactée par Terre-net Média, la coopérative Lur Berri semble évidemment dépassée par l’ampleur médiatique de l’affaire des lasagnes révélée le week-end dernier mais aussi par certaines des pratiques commerciales de ses partenaires qui lui ont échappées.
« Les activités de négoce de Spanghero portent sur moins de 3 % des activités de la filiale de la coopérative », défend le service de communication de la coopérative. « La filiale a d’abord été créée pour valoriser les avants des bovins produits par les adhérents Lur Berri. Il n’y a jamais eu la volonté de privilégier les importations de viande au détriment de la production locale. » Pas ces derniers mois, semble-t-il, et les profits réalisés par les importations de 750 tonnes de viande de cheval n'ont pas profité aux éleveurs audois !
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