Ma laiterie Bongrain m'envoie les prévisions de prix pour février et je lis 411 €. Grand sourire ! Après janvier à 408 €, enfin, les prix décollent. Ma joie fut de courte durée quand je lus qu'en raison d'un report conjoncturel, 20 €/t seront prélevés en février et mars, et redistribués en août, septembre et octobre. On nous prend vraiment pour des imbéciles. Et triplement, en plus.
D'abord, parce que même à 411 €, nous sommes moins payés que dans le nord de l'Europe. Ensuite, parce que les laiteries ne nous jugent pas capables de gérer notre propre trésorerie alors que c'est au printemps que nous implantons les maïs. Et enfin, parce que nous allons leur faire un prêt à taux zéro sur six mois, ce qui correspond pour ma laiterie à une avance de plus d'un million d'euros.
Lactalis a lancé le pavé dans la mare le premier et les autres suivent. On n'a pas fait mieux pour tester la réactivité des organisations de producteurs. Si elles sont contre, elles devraient le dire à haute voix et protester avec véhémence. Si elles acquiescent, elles montrent là leur incapacité à peser sur les marchés. Ensuite, c'est la preuve que les laiteries ont déjà entériné une forte baisse sur le deuxième semestre, qui sera masquée par la restitution du prélèvement.
Au moment où les négociations sont plus que tendues entre les industriels et la grande distribution, c'est irresponsable de laisser entendre aux acheteurs que le prix au producteur devient la variable d'ajustement. Et si demain, mon fabricant d'aliments me disait : « Ce mois-ci, j'augmente mes tarifs de 20 € et je te les redonnerai cet automne », je le mettrais directement à la porte !
Au lieu de se mobiliser, les producteurs préfèrent rester dans leurs étables pour essayer de produire les rallonges.
« En Bretagne, la pluie ne mouille que les cons » (proverbe). En Europe, le lait n'arrose pas tous les producteurs de la même façon.
UN PRODUCTEUR BRETON
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