A tous ceux qui se réjouissaient de la fin des quotas (et aux autres) et par là même, de l'entrée dans une ère libérale où l'esprit d'entreprise allait permettre de développer nos entreprises, lisez bien le contrat que votre laiterie vous a envoyé. Dans le cadre de la LMA, Bruno Le Maire avait délégué la rédaction des contrats aux industriels laitiers et ils en ont bien profité. Pour ma part, je livre à Bongrain CLE et à la lecture des dix-huit pages, il me semble que j'ai beaucoup de devoirs et peu de droits. Pas la peine d'être juriste pour comprendre que derrière les phrases sibyllines se cachent des “pièges à cons”. Jugez plutôt :
“Pendant la période de quotas, en cas de suppression des pénalités pour dépassement par le ministère, la laiterie se réserve le droit d'appliquer les siennes calculées selon le même principe.”. Ce qui veut dire que le contrat se superpose aux orientations du ministère et que la pénalité ne servira plus aux restructurations et au rachat de quotas, mais ira directement dans la tirelire des actionnaires. “L'objectif de livraison trimestriel à partir de 2016 est fixé ainsi : premier trimestre, livraison entre 22 % et 27 % du volume annuel ; deuxième trimestre inférieure à 28 % ; troisième trimestre supérieure à 22 % ; quatrième trimestre entre 22 % et 27 %. Toute livraison en plus ou volume manquant par rapport à ces objectifs sera payée ou pénalisée à hauteur de 50 % du prix de base.”
Vu la régularité de la production, finis les systèmes herbes et les vêlages groupés. Au moment où les consommateurs demandent des produits sans organismes génétiquement modifiés (OGM), où les politiques parlent d'aménagement du territoire et les économistes de produire moins cher, place au maïs-soja. De plus, le prix proposé est tout simplement scandaleux. Et pourquoi pas un bonus à ceux qui acceptent de jouer le jeu ?
Les cas de non-collecte pour causes majeures sont très vaguement abordés mais, par exemple, la flotte de camions étant optimisée au maximum, en cas de neige, le lait perdu sera pour notre pomme.
“En cas de départ à la retraite ou de cessation d'activité, le repreneur est tenu d'honorer le contrat en cours…”
Je vous laisse imaginer la discussion si vous ou votre repreneur n'êtes pas dans les petits papiers de la laiterie.
Je passe les nombreux articles qui méritent tous d'être débattus pour aborder le contrat Lactalis où il est interdit de ne pas livrer son lait, donc de faire grève.
À tous ceux qui se plaignaient de la rigidité de l'ancien système, là on nous demande de signer un contrat encore plus restrictif. Et en plus, il nous tiendra par les “...”, pardon par les prix. C'est tout simplement inacceptable.
Les organisations de producteurs par laiteries n'auront que très peu de pouvoir et seront manipulées par les communicants et économistes de ces holdings. Très vite, les coopératives s'aligneront sur le moins-disant. Machiavel disait : “La forteresse des tyrans se construit sur l'inertie des peuples.”
Au-delà des clivages syndicaux, il est grand temps de se bouger car parions que si un tiers des producteurs signent en individuel, un tiers dans les Ocep et un tiers à l'Apli, les laiteries continueront de tirer les marrons du feu.
UN ÉLEVEUR BRETON
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