« À mon époux qui jette l'éponge »

“ Aujourd'hui, tu m'as annoncé ton choix : arrêter ce métier que tu avais choisi voilà plus de vingt ans. « Cette formidable aventure humaine et familiale », comme le disait, il y a quelques années, notre président de coopérative… Le même qui, aujourd'hui, nous parle de « combattre pour survivre ». Ce mot a tout son sens : pas vivre, mais survivre. Est-ce donc cela le métier d'entrepreneur ? Car oui, comme tel, nous avons osé investir et prendre des risques financiers. Nous avons travaillé sans compter, fiers et heureux de ce métier que nous faisions à deux, en sacrifiant parfois le temps consacré aux enfants.

Un appel du banquier a achevé ce qui restait de ta motivation, après une année 2009 terrible. Ce même banquier qui vit correctement sur tous les frais de tenue de compte, les frais pour mouvements irréguliers quand nous dépassons la ligne de découvert autorisé. Ce même banquier qui, du matin au soir, ne fait qu'un seul métier : te dénigrer quand dans ta journée, tu es passé du tracteur à la plomberie qui fuit, à la maçonnerie à finir, à la menuiserie parce qu'une porte est en mauvais état, au soin des animaux, à la paperasse accumulée faute de temps, aux contrôles de l'administration de plus en plus tatillonne et décalée de la réalité économique…

Qu'as-tu fait de mal ? Rien…

À partir de décisions politiques, prises par des gens incultes sur la réalité économique d'une exploitation, c'est juste la spirale infernale des productions agricoles qui n'arrivent plus à rémunérer correctement ceux qui les produisent. Chez nous, pas de suréquipement, pas d'investissement outrancier. Juste le minimum vital pour que l'exploitation fonctionne correctement et dans les clous de la réglementation environnementale (avec 65 €/1 000 l d'annuités).

À ton niveau, que pouvais-tu faire ? Rien… La faiblesse des agriculteurs réside dans leur concurrence permanente. Avec une dérégulation des volumes, c'est ce vers quoi nous allons encore plus, avec l'artifice des OP (organisations de producteurs), chacune pensant être la meilleure en capacité de production et de résistance. Aucune volonté et capacité à se fédérer à une échelle pertinente, à se responsabiliser… Pire que des gamins. Toujours une parole de notre ancien président : « Le premier ennemi du paysan reste le paysan. »

Quelle bêtise faut-il pour en arriver là ! Comment se fait-il que nos responsables, tous autant qu'ils sont, ne soient pas capables de se mettre autour d'une table, et de bâtir ensemble un avenir pour leurs producteurs ? Comment peuvent- ils encore rester enfermés dans l'archaïsme d'un syndicalisme désuet, basé sur des valeurs qui n'ont plus cours. Le producteur que tu es a compris pourtant quelques principes de bon sens pour un fonctionnement normal du marché :

- s'organiser à l'échelle du marché ;

- ne pas produire plus que le marché est capable d'absorber, afin de maintenir un prix rémunérateur ;

- créer des indicateurs de marché adéquats pour adapter la production.

Sauf qu'aujourd'hui, l'Union européenne ne te permet pas d'appliquer ces préalables. »

L'EPOUSE D'UN PRODUCTEUR BRETON

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Thomas Pitrel dans sa prairie de ray-grass

« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

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