« La France laitière réussira avec ses producteurs, pas contre eux »

Avec des « si », on mettrait Paris en bouteille. Jean-Pierre Carlier, consultant « indépendant », a exprimé un point de vue dans un courrier paru dans la revue L'Éleveur laitier n° 217, d'octobre 2013.

Monsieur Carlier imagine se débarrasser des producteurs non performants et transférer leurs volumes chez les « compétitifs » qui seraient aujourd'hui 30 %, ce qui tombe bien puisque c'est à peu près le nombre d'éleveurs qu'il suffirait de conserver en 2023... Multiplier par trois les volumes chez ces producteurs équivaut à rejoindre le modèle danois dont Jean-Pierre Carlier a omis de nous décrire les performances : un million de litres dans des exploitations en faillite malgré un prix du lait payé, en moyenne, 30 € au-dessus du nôtre !

Les exploitations rentables en France, au contraire du modèle danois, sont des ateliers de taille familiale, ayant saturé leurs moyens de production, amorti leurs investissements et sur des systèmes pâturants à coûts alimentaires réduits. Ces données sont disponibles auprès des centres de gestion comptables. Nous avons des adresses à fournir si besoin. Les données CER-France du premier trimestre 2013 sont éloquentes : le quart inférieur des producteurs a un revenu négatif de 1 400 € ! Seuls les producteurs du quart supérieur à faible endettement s'en tirent. Le coût de revient de la moyenne des élevages spécialisés en lait (charges opérationnelles, de structure, avec frais financiers et revenu de l'éleveur) atteint les 395 €/1 000 l. Même en retirant les 40 à 50 € de prime Pac versés (en moyenne), le coût de production est situé vers 350 € !

Aller en direction du modèle danois en ne payant que 260 €/1 000 l relève d'une lubie de « consultant-insultant » pour les producteurs de lait. Jean-Pierre Carlier peut venir produire du lait à 260 € s'il le veut, il ne restera pas longtemps en place !

Comment envisage-t-il de « saigner » les producteurs, de réduire leur nombre ? Une pression supplémentaire sur les prix pour augmenter le taux de suicides ? Interdire l'installation des jeunes ? Ne prêter qu'aux puissants groupes pour mettre des salariés sous-payés dans les exploitations ? Nous souhaitons en savoir un peu plus sur sa stratégie.

Nous, signataires de ce courrier, investisseurs, installant nos enfants sur nos exploitations, réclamons de la décence, de l'objectivité dans les articles. Ces insidieuses et incessantes allusions aux systèmes laitiers aux antipodes de la performance économique nous irritent au plus haut point. Ces « économistes » de tous poils, soi-disant indépendants, n'ont qu'à venir vivre le quotidien des éleveurs. Il y a des stages qui remettraient bien des idées en place !

Tant que nous aurons la liberté de parole, c'est-à-dire tant que nous serons sous les 100 % d'endettement, que nous ne serons pas intégrés par les contrats ou les règlements intérieurs des coopératives, nous dénoncerons les dérives organisées du système et les communications de prétendus experts qui ne s'embarrassent guère du point de vue des éleveurs. Nous énonçons, au contraire, des solutions pragmatiques pour maintenir des exploitations rentables, favoriser l'installation des jeunes et préserver la valeur ajoutée au niveau de la production, gage d'investissements futurs par :

- des organisations de producteurs horizontales, toutes laiteries confondues, par bassin laitier et regroupées au niveau européen,

- un prix du lait fixé à 50 % par des indicateurs de coûts de production,

- un véritable effort sur l'installation des jeunes, investissant en confiance dans leur propre avenir.

Nos solutions permettront d'éviter le cataclysme actuel des filières des porcs et des volailles.L'intégration a tout désintégré ! La France laitière ne réussira qu'avec ses producteurs. Tout développement doit avoir du sens. À force de l'oublier, c'est vers un mur qu'on se dirige.Non, Monsieur Carlier, les producteurs ne veulent pas que « produire ». Ils veulent avant tout « vendre » et, visiblement, vous avez beaucoup de mal à saisir la différence !

CHRISTIAN HASCOËT, MEMBRE DE L'APLI 29, THIERRY DUQUESNE, ADHÉRENT FDSEA 29

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Thomas Pitrel dans sa prairie de ray-grass

« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

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