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Étude Cap'lait en région BFCEn Franche-Comté : 0,18 €/l pour s'installer en lait standard

L'installation se réfléchit sur le long terme : le prix du lait impacte peu le nombre et le coût des projets. (©Pixabay)
L'installation se réfléchit sur le long terme : le prix du lait impacte peu le nombre et le coût des projets. (©Pixabay)

Profil des jeunes éleveurs, types de transmission (familiale ou non, anticipée ou non), montant des reprises : le programme Cap'lait passe à la loupe, dans la région, l'installation en bovins lait de plaine.

Dans le cadre du programme régional Cap'lait, la chambre d'agriculture de Bourgogne-Franche-Comté a réalisé un état des lieux des installations en bovin lait standard, dit "lait de plaine" (hors signes de qualité), dans la région depuis 10 ans, à partir des données de la Draaf (Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt), du dernier recensement agricole de 2020 et des services installation des chambres départementales, sur la base des DJA (dotations jeune agriculteur) validées en CDOA (commission départementale d'orientation de l'agriculture).

Davantage de femmes, de HCF, de bio

Le profil des jeunes éleveurs en bovin lait standard (voir tableau ci-dessous) est similaire à celui observé dans de nombreuses régions françaises. Ces derniers s'installent de plus en plus hors cadre familial (+ 12 points). À noter : le nombre de HCF est légèrement plus élevé qu'ailleurs en France, mais reste malgré tout à un niveau modeste (25 %), bien inférieur à celui pour toutes les exploitations (45 %, + 20 %).

« Or le renouvellement des générations d'éleveurs ne pourra pas se faire uniquement avec les enfants d'exploitants, pointe Marie-Christine Pioche, conseillère au service économique de la chambre d'agriculture de Haute-Saône. Le point positif : ces HCF constituent un vivier intéressant pour remplacer les départs massifs à la retraite. D'où l'importance de bien accompagner ce public aux besoins spécifiques, et de se donner les moyens de répondre à cet enjeu. »

Comme sur d'autres territoires, les installations laitières se féminisent, notamment en tant que cheffes d'exploitation (+ 10 points entre avant et après 2010). La part des femmes demeurent cependant limitée, davantage que toutes filières confondues : 17 % contre 28 %.

Plus jeunes et mieux formés

De même : le niveau de formation augmente − on est passé de 50 à 80 % de bacheliers et plus en 10 ans − et les conversions bio aussi (+ 7 %), même si elles plafonnent en raison des difficultés actuelles que connaît ce mode de production (idem par rapport à l'agriculture en général pour ces deux paramètres).

Une spécificité toutefois : les installés sont plus jeunes que dans l'ensemble de l'agriculture, de quatre à cinq ans en moyenne et le taux de renouvellement en bovins laitiers est meilleur que dans les autres secteurs.

Lait standard
Installation < 2010
Lait standard
Installation > 2010
Toutes exploitations
Installation < 2010
Toutes exploitations
Installation > 2010
Femmes cheffes d'exploitation7 %17 %13 %28 %
Chefs d'exploitation HCF13 %25 %25 %45 %
Âge moyen du chef d'exploitation50,2 ans34,4 ans53,9 ans39,9 ans
Chefs d'exploitation ≥ 55 ans35 %8 %48 %15 %
Chefs d'exploitation avec diplômes ≥ Bac53 %77 %51 %78 %
Chefs d'exploitation en bio12 %19 %10 %18 %

Source : Cap'lait, d'après les données de la Draaf et du RGA 2020.

La pyramide des âges des producteurs laitiers de Bourgogne-Franche-Comté montre que l'important déséquilibre entre sexes au niveau des chefs d'exploitation, constaté à l'installation, existe pour toutes les tranches définies (ratio de 1 femme pour 3 ou 4 hommes), un peu moins chez les plus âgés certes s'agissant certainement de transferts entre époux. À l'image de ceux qui s'installent, les éleveurs laitiers sont globalement plus jeunes que les agriculteurs en général.

pyramide des ages des eleveurs laitiers en bourgogne franche comte
(©Cap'lait)

Un tiers des successions non fixées

« Peu de carrières se prolongent au-delà de 65 ans pour des questions de pénibilité sans doute, fait remarquer Marie-Christine Pioche. Ce n'est pas un scoop, beaucoup ont néanmoins entre 50 et 60 ans et devront bientôt transmettre leur ferme. Or un tiers des successions à court terme ne sont pas encore fixées et un quart prévoit un report de leur départ en retraite. Ce qui illustre un manque d'anticipation patent. »

Notons, au passage, que 30 % des reprises déjà calées sont familiales et seuls 11 % sont envisagées avec un tiers. Un chiffre qui doit progresser puisque les repreneurs HCF et Nima (non issus du milieu agricole) sont essentiels à la relève. Un travail doit être mené pour faciliter leur intégration, insiste une nouvelle fois la spécialiste. 

Il faut faciliter l'intégration des repreneurs hors cadre familial.
Celle-ci indique que 400 installations aidées ont été enregistrées ces 10 dernières années dans la région. Ayant augmenté jusqu'en 2015, elles ont ensuite baissé, suite à l'arrêt des quotas surtout, et parce qu'on était en fin de programmation Pac pour la DJA. Avant de remonter et de diminuer à nouveau, en 2019, au terme de la programmation suivante.

En 2021, 42 jeunes éleveurs se sont installés en production laitière standard : 95 % en société (Gaec), 26 % en hors cadre familial et 21 % en agriculture biologique, et à 46 % en Haute-Saône. Viennent après les départements de Saône-et-Loire (15 %), du Doubs (13 %) et de Côte-d'Or (12 %). Dans le bas du classement : l'Yonne (5 %), le Territoire de Belfort et le Jura (4 %), puis la Nièvre (1 %).

Quels montants de reprise ?

En Franche-Comté par exemple, avec 227 installations sur la période, la médiane se situe à 0,18 €/l. « Le plus souvent, ce sont des installations agricoles en société, donc des rachats de parts sociales », détaille Marie-Christine Pioche qui évoque, par ailleurs, « une forte disparité selon les systèmes − spécialisés lait vs polyculture-élevage − et le contexte d'installation : société ou non, familiale/HCF ». En revanche, malgré une plus grande dispersion pour les transmissions hors cadre familial en élevage laitier, pas de différence significative entre les successions en famille ou non concernant la médiane : 0,18 versus 0,17.

Ni de lien direct entre la valeur des exploitations laitières à reprendre et la conjoncture, c'est-à-dire le prix du lait. Une observation que l'experte explique facilement : « Entre la réflexion, les démarches préparatoires et la concrétisation, un projet d'installation agricole dure un an voire davantage. » Du fait de ce décalage, l'augmentation du prix du lait en 2022 n'a, pour le moment, entraîné de hausse ni des installations ni des coûts de reprise des fermes. « D'autant que, face à la volatilité croissante des prix, les divers organismes sécurisent au maximum les dossiers sur le long terme », ajoute-t-elle.

En Bourgogne, les montants de cession d'élevage laitier ont été analysés sur les quatre années du plan d'entreprise, en intégrant les investissements prévus : bâtiments, matériel, système fourrager, etc. Sur 140 installations, on voit de gros écarts en fonction des exploitations, « en particulier parce que les degrés d'intensification sont très variés, la polyculture-élevage venant diluer le litrage à l'hectare ». Même s'il a fortement grimpé, le prix des matériaux ne semble pas avoir d'impact sur les sommes investies.

En moyenne, on se situe à 2 200 €/ha de SAU pour une production laitière moyenne autour des 3 100 l/ha. Les reprises sont plus coûteuses dans le Jura et en Côte-d'Or : médiane à 0,98 et 0,92 €/l respectivement. Suivis de la Saône-et-Loire, à 0,79 €/l. Dans la Nièvre et l'Yonne, elles reviennent nettement moins cher : médiane à 0,39 et 0,35 €/l.

Source : webinaire Cap'lait "S'installer en lait de plaine, ça en vaut la peine", diffusé sur Youtube. Financé par la Région Bourgogne-Franche-Comté, Cap'lait a pour objectif de fournir des analyses technico-économiques, en vue d'établir des références pour le conseil au sein de la filière lait standard régionale. Il associe différents organismes : les chambres d'agriculture, Conseil Elevage, le CER France, l'Institut Agro Dijon, le service statistiques de la Draaf.

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