Un quart des chefs d'exploitation en France sont des femmes. L'installation des femmes en agriculture progresse. Il y a de plus en plus de porteuses de projets qui sollicitent le point accueil installation. Malheureusement, beaucoup ne finalisent pas leur parcours. Pourquoi ? Quels sont les freins à l'installation des femmes ? La chambre d'agriculture de Bretagne a mené une enquête sur le sujet.
L'accès au foncier et le manque de capital sont les principales raisons d'abandon des projet.
Les hommes et les femmes partagent les mêmes difficultés à l'installation, notamment sur l'accès au foncier et les coûts de reprise, mais les femmes sont particulièrement confrontées à d'autres freins :
- la discrimination (de genre notamment, mais aussi pour le type de projet),
- le manque de réseau (beaucoup d'installations de femmes se font en hors cadre familial),
- la situation familiale (charge des enfants et travail domestique),
- les formations et les diplômes,
- l'âge (comme elles s'installent en moyenne plus tard que les hommes, elles ont moins accès aux aides et aux prêts, et beaucoup abandonnent après avoir dépassé les 40 ans),
- et le type de projet (petites surfaces, projet pas viable et/ou conditions de travail difficiles).
Certains cédants préfèrent transmettre à un homme plutôt qu'à une femme.
« L'installation ne doit pas devenir un cauchemar »
« Si vous avez vraiment envie, si vous êtes motivée et si votre projet est bien ficelée, lancez-vous ! », incite Anne, agricultrice bretonne. « J'y suis arrivée et d'autres aussi. Qu'on soit une femme, ça ne change rien à l'installation. On n'a pas à se battre. » Anne est installée depuis le début d'année sur un élevage porcin. Pour elle, le plus compliqué dans le parcours a été l'administratif.
Les femmes abandonnent ou mettent en pause leur projet, presque deux fois plus que les hommes pour les raisons familiales.
Aujourd'hui, elle emploie une salariée et ensemble, elles ont réaménagé et allégé le travail pour être en adéquation avec leur vie de famille. Un critère partagé par Magali, salariée agricole sur deux exploitations et en projet d'installation en élevage laitier : « Je suis seule avec un enfant donc je suis claire avec mes employeurs, je peux faire 8h-18h et je compte bien adapter mon projet d'installation à ma vie de famille aussi. »
Et la situation familiale ne doit pas être perçue comme un inconvénient : un homme comme une femme doivent pouvoir concilier vie de famille et projet d'installation. L'association et le salariat aident à ce niveau. Magali témoigne : « Pour moi, c'est hors de question de m'installer seule. »
Les deux femmes l'affirment : « Quand on veut, on peut », mais pas à n'importe quel prix. « J'ai vu beaucoup de gens qui avaient tellement envie de s'installer qu'ils zappaient beaucoup de choses importantes comme un prix de reprise trop élevé, des heures à n'en plus finir, ou un salaire au ras des pâquerette, confie Magali. L'installation doit rester un rêve et ne pas devenir un cauchemar. Il ne faut pas dépasser la limite qui pourrait nous faire regretter quelques années plus tard ou galérer pendant 20 ans pour rembourser les prêts... »
« On n'est pas MacGyver, mais on arrive à se débrouiller »
Si ni l'une ni l'autre n'ont jamais mal vécu d'être une femme en agriculture, elles avouent faire face à quelques difficultés parfois : « On a moins de force qu'un homme, mais on trouve toujours des solutions pour y arriver. » Cela passe par du bricolage, une adaptation du matériel ou la délégation de certains travaux.
Toutes les deux font aussi « appel à un ami » parfois. Le mari d'Anne l'aide de temps en temps et Magali n'hésite pas à demander à des collègues du secteur. Mais au-delà de la force, les femmes ne sont pas moins techniques que les hommes pour le reste.
Ces témoignages sont issus du webinaire organisé par la chambre d'agriculture de Bretagne, retrouvez le replay ci-dessous :