Le 20 avril dernier, à l'occasion de la 31e édition du Prix national de la dynamique agricole de la Banque Populaire, six agriculteurs ont été récompensés pour « leur initiative, créativité, savoir-faire, capacité d’adaptation et engagement », dont deux prix "Coup de cœur du jury" (composé de 25 représentants issus d'organisations professionnelles agricoles, du ministère de l’agriculture, de la presse spécialisée, etc.). Cette années, près de 100 dossiers ont été déposés par les agences régionales et 30 candidats ont été présélectionnés.
Parmi les six lauréats : quatre élevages de vaches laitières, le Gaec Steiner dans la 1ère catégorie (création d’entreprise), la SCEA des Martellières dans la 2e (performance technique), le Gaec Fléchât dans la 4e (performance entrepreneuriale), la 3e mettant, elle, en avant la valorisation et l'innovation. « La 4e catégorie vient d'être créée afin d’encourager le dynamisme et l'esprit d'entreprise », indique le groupe bancaire dans un communiqué. Le Gaec des Brimbelles, quant à lui, est l'un des deux "Coup de cœur du jury".
Le Gaec Steiner (Haut-Rhin)
Accompagnant son père Nicolas "dans les vaches" depuis l'enfance, Margot est maintenant en Gaec avec lui. Après plusieurs stages en transformation laitière fermière, elle a plein d'idées en tête : transformer le lait de l'exploitation bien sûr mais aussi faire du séchage en grange « afin d'améliorer la qualité des fourrages produits pour l'alimentation des 40 vaches et 30 génisses ».
10 % de la production est aujourd'hui transformée en yaourts et crèmes desserts, en vente directe dans une quinzaine de magasins, des hôpitaux et sur deux marchés. La jeune femme apprécie particulièrement « l’ambiance et l’agitation » qui y règnent et de « rencontrer les clients ».
La SCEA des Martellières (Orne)
En société avec ses parents puis son frère, et quelque temps en individuel, Thierry Boisgontier s'est associé en 2018 avec Richard Lévêque, l'un des ses salariés agricoles voulant s'installer en élevage laitier. Le premier s'occupe de la production cidricole (85 000 bouteilles par an de cidre, pommeau, jus et Calvados de pomme, vinaigre de cidre, poiré et Calvados de poire AOC, dont un tiers est commercialisé sur l'exploitation, 40 % en grandes surfaces, le reste chez des cavistes, dans des restaurants et des bars) et des 150 hectares de grandes cultures (blé, maïs, colza), conduites en agriculture biologique.
Le second des 105 vaches produisant plus d’un million de litres de lait par an. Sept salariés agricoles travaillent à leurs côtés. Ainsi, Thierry et Richard estiment être arrivés à « un bon équilibre entre investissement, travail et temps libre » et « tiennent avant tout à le préserver ».
Le Gaec Fléchât (Puy-de-Dôme)
Six associés et dix salariés se partagent entre l'élevage bovin, la fabrication et l'affinage de Saint-Nectaire bio et le magasin de l'exploitation, ouvert sept jours sur sept, où sont aussi vendus les fromages d'autres producteurs locaux et où s'approvisionnent, outre des particuliers, des affineurs, des grossistes et des restaurateurs.
Le Gaec, qui tient à « maîtriser le produit de A à Z », applique « l’exigence industrielle au service d’une production fermière » et souhaite installer un restaurant à la ferme pour « aller jusqu’à l’assiette ». Le goût d'entreprendre est donc bien présent, les exploitants ayant en plus investi dans un méthaniseur pour « valoriser les effluents des 180 vaches ». Autre priorité : la transmission, d'une « agriculture viable, adaptée à son époque et à ses ressources ».
Gaec des Brimbelles (Meurthe et Moselle)
Non issus du milieu agricole, Fabienne et Francis Claudepierre ont pu en 1986 reprendre une exploitation laitière de 35 vaches et 40 hectares, qu'ils ont ensuite développée. En 2000, ils décident de « s’orienter vers une agriculture plus autonome et plus respectueuse de l’environnement », via « un passage en bio et la méthanisation », dont Francis a été « l’un des pionniers en France ». D'une puissance initiale de 21 kW, l'unité fournit désormais 450 kW et chauffe une douzaine de maisons et le groupe scolaire.
Et cette dernière a permis la création d'une fromagerie en vue de l'installation dans l'élevage de leur fils Mathieu, ingénieur en agroalimentaire : à la retraite de son père en 2016, il a rejoint sa mère dans le Gaec. Les tommes fabriquées partent en « blanc » chez un affineur. Depuis quelques mois, Mathieu s'est lancé dans la fabrication et vente à la ferme de Munster « pour profiter de l’AOP ». « Le troupeau s’est agrandi, la production laitière est passée de 400 000 à 700 000 litres et le chiffre d’affaires a été multiplié par 5 en cinq ans. Une dizaine d'emploi ont été créés. »