CERTAINES ERREURS AU TARISSEMENT PEUVENT SE PAYER TRÈS CHER

PAR EDWIGE BORNOT, VÉTÉRINAIRE EN CÔTE D'OR
PAR EDWIGE BORNOT, VÉTÉRINAIRE EN CÔTE D'OR (©)

Une erreur grossière de ration au tarissement peut conduire à la catastrophe au moment du vêlage.

NÉGLIGER LA CONDUITE DU TARISSEMENT ET DE LA PRÉPARATION AU VÊLAGE, c'est hypothéquer la carrière des animaux. C'est aussi, dans le cas d'erreurs alimentaires grossières, risquer de mettre en danger la vie de la vache ou de son veau. En témoignent ces deux cas.

Le premier s'est déroulé dans un troupeau d'une centaine de laitières suivies par un confrère et la société NBVC. Après le changement de l'aliment utilisé d'ordinaire pour les taries, catastrophe chez les fraîches vêlées : une grande partie se couche et ne se relève plus. Les traditionnelles perfusions de calcium, mises en place pour ces cas apparemment évidents de fièvre de lait, n'y changent rien. Pas plus que des soins plus poussés. Aucune des huit taries à vêler n'y survit... Direction l'équarissage. Il arrive que les soins habituels ne fonctionnent pas lorsque les vaches souffrent de grosses lésions hépatiques après du parasitisme (douves) ou après une stéatose hépatique secondaire avec un amaigrissement important sur un animal trop gras. Ce n'est pas le cas ici, au vu du résultat de l'autopsie réalisée sur l'une des vaches mortes.

PAS DE RATION À BACA ÉLEVÉ SUR DES TARIES

La cause est ailleurs : une erreur grossière d'alimentation. Pas du fait de l'éleveur, mais du nouvel aliment de tarissement acheté avec lequel les problèmes ont commencé.

Curieusement, ce dernier contient du bicarbonate de soude et de la luzerne. La luzerne est en effet très riche en calcium et les rations de vaches taries riches en luzerne doivent être impérativement complétées par un minéral à Baca négatif (ex-chlorure de magnésium...) et absolument pas de bicarbonate. Surtout quand, comme dans cet élevage, la ration est déjà à Baca positif (foin-ensilage de maïs). Une ration riche en calcium et à Baca élevé ne permet pas au métabolisme de la vache de mobiliser le calcium nécessaire en post-vêlage pour répondre à la montée de lait... Petit rappel : pour assurer la richesse du lait en calcium, la vache utilise celui de la ration et surtout son calcium osseux grâce à l'action de la parathormone et de la vitamine D. Mais pour que l'organisme soit prêt le jour du vêlage, il est préférable d'avoir une ration avec un Baca négatif avant vêlage. La présence de bicarbonate en assez grande quantité empêche la mise en place de ces mécanismes de régulation. Il devient alors impossible de relever les vaches.

Le deuxième cas concerne des charolaises incapables de pousser au moment du vêlage avec, pour conséquence, la mort du veau. Une assistance systématique est alors nécessaire pour espérer sortir les veaux vivants alors qu'ils ne sont pas trop gros. Les années précédentes, d'ailleurs, les vaches vêlaient sans problème. À cela s'ajoute le fait que deux veaux nés juste à temps sont morts dans les deux minutes qui ont suivi.

UNE MINÉRALISATION INDISPENSABLE

Pour l'expliquer, deux hypothèses sont avancées : un problème de minéralisation des vaches en préparation au vêlage, avec un manque de magnésium et un Baca trop élevé, conduisant les vaches en quelque sorte en « subfièvre de lait », et donc ne pouvant plus pousser. Autre possibilité : une carence en sélénium entraînant des veaux mous à la naissance, voire mourants. Un profil métabolique avait effectivement révélé une carence l'année passée. N'ayant pas le temps d'attendre le résultat d'autres analyses pour modifier la conduite des vaches avant vêlage, dont un grand nombre va mettre bas, une décision est prise dans l'urgence : mettre en place une minéralisation avec un minéral spécial vache tarie et un peu de chlorure de magnésium ainsi qu'une supplémentation en sélénium. Résultats : les vêlages qui ont suivi se sont bien passés dès la semaine suivant la mise en place des changements alimentaires et jusqu'à aujourd'hui.

Il arrive que les perfusions de calcium soient inefficaces sur des vaches couchées. C'est ce qui s'est produit chez un éleveur, à cause d'un mauvais choix d'aliment de tarissement proposé par son fournisseur.

© STÉPHANE LEITENBERGER

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

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