MAMMITES : LA GESTION DE L'AIRE PAILLÉE ÉTAIT EN CAUSE

UN ÉLEVAGE D'UNE QUARANTAINE DE VACHES LAITIÈRES de race holstein est confronté depuis quelques mois à une augmentation du nombre de mammites cliniques. Les comptages cellulaires de tank sont toujours inférieurs à 200 000 cellules/ml. Les mammites observées ont les caractéristiques suivantes : mammites cliniques à tous stades de lactation ; atteinte de l'état général avec hyperthermie supérieure à 39,5°C ; récupération rapide d'une production laitière normale après le traitement ; bonne réponse au traitement uniquement si utilisation d'un anti-inflammatoire non stéroïdien, d'un antibiotique intramammaire et d'un antibiotique injectable accompagné parfois d'une perfusion. Le CMT est négatif quelques jours après l'épisode clinique.

Les comptages cellulaires de tank et les caractéristiques des mammites orientent vers une origine environnementale avec implication d'Escherichia coli ou de Streptococcus uberis. Après discussion, l'éleveur nous apporte un échantillon de lait de la dernière mammite. L'analyse bactériologique à la clinique met en évidence un streptocoque ubéris. Une visite dans la ferme permet de réaliser quelques constatations. Depuis l'augmentation de l'incidence des cas cliniques de mammites, l'éleveur réalise un épandage abondant de chaux vive sur le sol après chaque nettoyage de la stabulation et avant la mise en place de la nouvelle litière.

CURAGES ET ABANDON DE LA CHAUX VIVE POUR RÉGLER LE PROBLÈME

La litière est constituée de paille épandue à la pailleuse. La première litière mise en place après le nettoyage est épandue à environ 3 kg/m2 puis à 1,5 kg/m2 matin et soir les jours suivants. La surface de l'aire paillée par animal est d'environ 4 m2/vache. La litière actuelle a été entièrement renouvelée il y a huit jours et les relevés de températures à 10 cm de profondeur sont de 38,8°C, 41°C et supérieures à 43°C.

L'origine environnementale des mammites et les constats concernant la litière sont à mettre en relation avec les recommandations sur le couchage des vaches. En aire paillée, le curage de la litière doit avoir lieu dès que la température de celle-ci est supérieure à 36°C, à 10 cm de profondeur, car cela crée un milieu plus favorable au développement d'Escherichia coli et de Streptococcus uberis. Le paillage qui suit le nettoyage doit être d'environ 2 kg/m2 de paille. Une augmentation de ces quantités favorise le développement de ces pathogènes. La quantité de paille utilisée les jours suivants doit être d'environ 1 kg/m2 pour les mêmes raisons. L'utilisation de chaux vive en poudre est à proscrire du fait du dégagement de chaleur produit lorsqu'elle est en contact avec de l'eau ainsi que par son effet caustique sur la peau. À la suite de notre visite, l'éleveur a nettoyé son aire paillée à plusieurs reprises après avoir chaque fois pris la température à 10 cm de profondeur et avoir constaté des températures supérieures à 39°C. Il a aussi supprimé l'épandage de chaux vive et a légèrement diminué les quantités de paille utilisées.

Au bout de quatre nettoyages (soit une période de quatre semaines), la litière reste à des températures inférieures à 36°C en de nombreux points de mesure et ne continue à chauffer que dans quelques zones. L'incidence des mammites a très fortement diminué puisqu'aucun nouveau cas n'a été détecté au cours des deux mois qui ont suivi les actions correctrices. L'éleveur résume la situation par cette phrase : « Le godet de mon tracteur guérit mieux les mammites que n'importe quelle seringue intramammaire. »