
La toxicité du houx est méconnue. Elle va d'une simple diarrhée jusqu'à la mort de l'animal dans les cas les plus graves.
CE DONT SOUFFRE UN ANIMAL EST PARFOIS DIFFICILE À DÉCOUVRIR au premier abord. Le cas qui suit en est une bonne illustration. Une génisse holstein de 15 mois est retrouvée à l'écart des autres en pâture, au mois de juin. L'examen général montre qu'elle est faible, qu'elle a des difficultés à se tenir debout, un déficit d'état corporel et un arrière-train souillé par une diarrhée abondante. À l'examen clinique, sa température est normale, elle est légèrement déshydratée, son rumen fonctionne, mais est peu rempli, les bouses sont très liquides, mais sans sang visible.
Dans le reste du lot, l'état des génisses est hétérogène : certaines sont en bon état, d'autres sont plus maigres et présentent aussi une légère diarrhée.
L'éleveur nous révèle que depuis plusieurs années, il scinde son lot de génisses en deux groupes, chacun allant sur une parcelle différente. Chaque année, les animaux qui vont dans la pâture qui nous concerne rentrent à l'étable avec une grande variabilité de leur état corporel et toujours avec un épisode de diarrhée observé en saison. Jusqu'alors, l'éleveur a toujours attribué ces diarrhées à du parasitisme. A priori, il s'agit d'une pathologie collective, chronique, d'intensité plus ou moins élevée, allant du simple amaigrissement à une diarrhée abondante entraînant un affaiblissement important.
PERFUSION LONGUE DURÉE, PANSEMENTS DIGESTIFS, ANTISPASMODIQUES
Des analyses de bouses sont donc effectuées sur cinq génisses. Elles se révèlent négatives, que ce soit pour la coccidiose ou pour les strongles. Pendant ce temps, un traitement de soutien est mis en place pour la génisse malade qui est alors incapable de se tenir debout et ne mange plus : elle est mise sous perfusion longue durée (un cathéter est fixé et un parc d'hospitalisation aménagé à la ferme), reçoit des antispasmodiques et des pansements digestifs. Le lendemain, des signes d'hypokaliémie (manque de potassium par fuite dans la diarrhée) sont mis en évidence. Une supplémentation en potassium est instaurée sous forme de bolus.
Après quatre jours de traitement, la diarrhée a disparu et elle commence à se réalimenter couchée. Elle se relèvera par la suite et retrouvera un état d'engraissement normal. Les causes infectieuses ne correspondant pas à ce type d'évolution et le parasitisme ayant été éliminé par les analyses, reste l'hypothèse d'une intoxication végétale. Nous faisons donc une visite de la pâture incriminée. La seule espèce potentiellement digne d'intérêt pousse dans l'une des haies qui entourent la parcelle. Très fournie, elle forme une voûte, servant d'abri aux animaux, où se situe un grand houx dont toutes les jeunes pousses ont été consommées. L'éleveur nous fait remarquer que ce houx est consommé chaque année par les animaux.
La toxicité du houx est peu connue : les feuilles contiennent de l'ilicine, de l'ilixanthine et des tanins, et les baies, des substances émétiques et purgatives. Il provoque aussi des blessures digestives. Le centre antipoison vétérinaire de Lyon (CNITV) fait état de diarrhée importante (associée ou non à des coliques) pouvant aboutir pour l'animal à une incapacité à se tenir debout, voire à la mort à la suite d'un affaiblissement et d'un amaigrissement très importants.
Dans notre cas, afin d'éviter que certains animaux ne s'intoxiquent de nouveau, l'arbre a été coupé, mais la haie a été conservée.
La consommation des jeunes pousses du houx présent dans les haies autour des pâtures est susceptible d'entraîner une intoxication. © CEDRIC FAIMALI/GFA
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