
Les symptômes de bronchite vermineuse apparaissent d'ordinaire en fin d'été. Pas cette année...
SURPRISE QUAND, FIN JUIN, UN CLIENT NOUS APPELLE POUR TROIS VACHES CHAROLAISES qui ont de très grosses difficultés à respirer. Leur examen montre qu'elles sont en effet en détresse respiratoire sévère et commencent à cyanoser (muqueuses violettes à la suite d'un défaut d'oxygénation des tissus). Deux d'entre elles meurent rapidement d'asphyxie. L'autopsie réalisée dans la foulée révèle des lésions d'emphysème pulmonaire (bulles d'air dans le poumon) très importantes et la présence de très nombreux dictyocaules (des vers de 2 cm) à l'ouverture des bronches. Il s'agit d'un parasite pulmonaire bien connu, mais pas à cette époque de l'année.
La dictyocaulose est une maladie qui se caractérise par des quintes de toux, surtout quand les animaux se déplacent au pré. Elle touche les jeunes en première et deuxième années de pâture, mais aussi les adultes. Sont particulièrement exposées les vaches laitières pâturant sur une petite surface considérée comme une aire de parcours, où les larves peuvent se concentrer.
Dans nos régions, on rencontre habituellement des symptômes de bronchite vermineuse à partir de fin août et de septembre. Des symptômes et de la mortalité aussi tôt en saison sont exceptionnels.
UNE INFESTATION MASSIVE LIÉE À UN CONCOURS DE CIRCONSTANCES
Des causes favorisantes ont malheureusement conduit à une infestation massive. Habituellement, les larves L5 séjournent dans le parenchyme pulmonaire l'hiver en hypobiose, ce qui permet au parasite de survivre. Il attend le printemps pour reprendre son cycle si l'animal n'a pas été traité avec des produits actifs contre les larves. Le pâturage est alors recontaminé à la sortie des animaux et les cycles parasitaires se succèdent d'autant plus vite que l'année est douce et pluvieuse pour arriver finalement à de grosses charges parasitaires en fin d'été, conduisant à l'apparition de symptômes.
Malheureusement, cette année, l'hiver a été doux et pluvieux et les pâtures sont restées très chargées en parasites. De plus, les mois de mai et de juin ont été très secs, ce qui n'est pas propice au développement parasitaire, mais favorise un pâturage bas par manque d'herbe, et donc la contamination des animaux qui ingèrent ainsi plus de larves L3.
Des prairies encore chargées en parasites à la sortie de l'hiver, des animaux non traités, un surpâturage à cause du déficit d'herbe en fin de printemps : toutes les conditions étaient réunies ici pour provoquer une infestation massive des animaux sans qu'ils aient le temps de s'immuniser. C'est ce qui a conduit à ce cas clinique hors normes ! Dans une telle situation, il convient d'agir vite pour éviter l'accumulation de formes graves de bronchites vermineuses. On doit déjà retirer les animaux de la pâture fortement contaminée quand cela est possible. Ceci suffira pour assurer la guérison des bêtes peu gravement touchées. Sinon, il faut traiter les bêtes atteintes avec du lévamisole ou des ivermectines. Celles présentant de graves signes pulmonaires pourront bénéficier d'un traitement antibiotique et anti-inflammatoire pour éviter les complications en bronchopneumonie infectieuse.
Puisque l'hiver doux et pluvieux n'a pas été favorable à une décontamination des prés, il faudra être vigilant, surtout si l'été est pluvieux car le risque d'apparition de maladies parasitaires (pas seulement pulmonaires) sera plus important.
Les vaches laitères qui pâturent sur une petite surface considérée comme une aire d'exercice sont particulièrement exposées à la dictyocaulose. © PHILIPPE MONTIGNY/FILIMAGES
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