LE ROBOT NE REMPLACE PAS LE COUP D'OEIL DE L'ÉLEVEUR

CLAUDE JOLY, VÉTÉRINAIRE DANS LE PAS-DE-CALAIS
CLAUDE JOLY, VÉTÉRINAIRE DANS LE PAS-DE-CALAIS (©)

Une mammite aiguë détectée trop tard rappelle que l'observation reste de mise quel que soit le niveau d'automatisation.

L'HISTOIRE COMMENCE PAR L'APPEL CLASSIQUE DU MATIN : « Venez vite, je viens de trouver une vache par terre ! » À mon arrivée, elle est couchée sur le ventre dans l'aire d'attente du robot de traite. Je commence l'examen clinique et l'éleveur décrit les faits : « Il s'agit d'une vache vêlée depuis cinq mois, non gestante, sans problème, mais qui est pourtant apparue en alerte ce matin sur le logiciel du robot pour retard de traite. »

Le bilan clinique révèle une hypothermie, une diarrhée importante, et des signes d'érosion sur la face antérieure des boulets des pattes postérieures, qui traduisent des tentatives infructueuses pour se relever. Avant cette alerte indiquant l'absence de passage au robot, le logiciel n'avait émis aucun signal concernant cet animal. Sur l'aspect mammites notamment, il n'y a pas eu de modification de la conductivité du lait. Plusieurs hypothèses apparaissent : un chevauchement qui a mal tourné ? Une maladie métabolique ou une tétanie, avec un possible retour en chaleur ? Une diarrhée aiguë ?

À défaut d'hypothèse, je fais une prise de sang et je mets en place un traitement symptomatique : des anti-inflammatoires pour soulager les blessures et soutenir l'organisme, des antibiotiques pour limiter l'évolution d'une diarrhée infectieuse, et une perfusion d'un soluté tiédi de calcium et de magnésium. Puis je demande de mettre la vache sur un sol non glissant et de me rappeler l'après-midi si elle ne s'est pas relevée. Ce qui s'avère être le cas. Mais avant de revoir l'animal, j'analyse le sang qui révèle une hypocalcémie, éliminant la piste de la tétanie et justifiant la perfusion.

LA RÉACTIVITÉ CONFORTE L'EFFICACITÉ DU TRAITEMENT

À mon arrivée sur l'exploitation, la vache est couchée dans une pâture en sortie de stabulation dans une position qui laisse apparaître un pis dissymétrique. Bien que l'éleveur m'indique que seuls trois quartiers sont fonctionnels et que jamais le robot n'a détecté de conductivité anormale, je découvre sur un quartier un lait mammiteux de couleur jaune ! Tout s'éclaircit : la vache a fait une mammite aiguë toxinogène, qui a entraîné tous les symptômes : diarrhée, hypocalcémie, état de choc, difficulté pour se relever et glissade. Pourtant, l'hypothèse d'une mammite avait été éliminée lors du premier examen en se fiant au robot. Ce fut une erreur ! Le robot n'a pas détecté assez vite cette mammite. L'état général s'est rapidement dégradé, jusqu'à l'absence de passage à la traite qui a déclenché l'alerte. Si on examine le timing, ce cas de figure est tout à fait plausible : dès que la mammite apparaît, elle entraîne une baisse, voire un arrêt de la fréquentation du robot. Et comme la vache ne se fait plus traire, la modification de la conductivité du lait n'est pas détectée et il faut attendre le lendemain matin l'émission d'une alerte. En traite classique, l'examen du pis et le comportement de l'animal auraient permis d'intervenir plus tôt, ce qui améliore le pronostic face à ce type de mammite. Ceci ne remet pas en cause l'intérêt des données fournies par le robot, mais rappelle que la consultation des alertes doit se faire au moins deux fois par jour et que l'observation reste irremplaçable. Pour finir, j'ai administré à la vache une perfusion pour détoxiquer l'organisme et un traitement antibiotique adapté. Malgré une calcémie redevenue normale, elle ne s'est relevée qu'après quelques jours à cause des lésions musculo-squelettiques provoquées par les glissades.

Face à une mammite toxinogène qui a rapidement déclenché des symptômes en cascade, la vigilance de l'éleveur offre une réactivité qui améliore l'efficacité du traitement.

© SEBASTIEN CHAMPION

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