
L'aliment à base de triticale contaminé par des mycotoxines était la vraie cause de ces vaches à l'engrais suspectées d'acidose.
LORS D'UNE CÉSARIENNE, UN ÉLEVEUR NOUS PARLE D'UN PROBLÈME sur un lot de vaches à l'engrais : les douze charolaises ne profitent pas et « marchent sur des oeufs ». Évident, me semble-t-il, elles souffrent d'acidose avec une ration riche en concentrés. Mais après examen des animaux, rien n'est clair : pas de diarrhée, pas de perte d'appétit (ou fluctuant), une consommation de paille satisfaisante, une transition alimentaire bien faite, des pH urinaires normaux et des animaux avec des glycémies moyennes, des muqueuses plutôt pâles, une pousse d'onglons normale. Les vaches marchent comme si elles étaient fourbues. L'une d'elles ne peut même pas rester une heure prise aux cornadis, elle se couche. Bref, les charolaises ne profitent pas comme elles devraient.
UN POINT COMMUN ENTRE DEUX CAS : DU TRITICALE FERMIER CONSOMMÉ
La même semaine, un voisin signale un autre problème. Ses charolaises vêlent depuis dix jours sans une goutte de lait, alors qu'il n'y a pas eu de souci sur les quarante premières.Le lait ne vient qu'au bout de quelques jours, et pas toujours. Les conséquences sont dramatiques en milieu de campagne de vêlage, car des veaux sans colostrum à la naissance tombent, en général, malades en milieu d'hiver, et contaminent le bâtiment et leurs congénères.
Seul point commun entre ces deux cas cliniques, tous les animaux consomment du triticale cultivé à la ferme. Sur le premier troupeau, la ration est composée de paille à volonté et de 10 kg de concentrés (mi-triticale, mi-concentré azoté du commerce), distribuée en deux fois, comme les autres années. Le triticale apparaît sain, pratiquement sans trace d'ergot de seigle. Le second troupeau est conduit avec du foin, du triticale (qui paraît sain), du tourteau et un minéral.
3 MG/KG DE MYCOTOXINES DE L'ERGOT, DES LÉSIONS IRRÉVERSIBLES
Un cas d'agalaxie sur des brebis en 2012, publié dans la presse vétérinaire et dont l'origine était l'ingestion de céréales très contaminées par des mycotoxines de l'ergot de seigle, nous conduit à faire arrêter la distribution de triticale dans le deuxième troupeau pour le remplacer par l'ensilage de maïs à disposition. Le résultat est flagrant : retour du colostrum sur les nouvelles vêlantes. En revanche , le changement de ration dans le premier troupeau ne donne rien.
Malgré tout, les mycotoxines de l'ergot en quantité importante pouvant créer des troubles vasculaires au niveau des extrémités, il est décidé d'explorer cette piste. Résultat de l'analyse du concentré envoyé au laboratoire : près de 3 mg/kg de mycotoxines de l'ergot. La cause est trouvée, mais il est trop tard. Les lésions sont irréversibles. Les vaches ne récupéreront pas.
Comment expliquer ici que le reste du troupeau ingère ce triticale sans symptômes ? Les animaux à l'engrais ont des rations poussées, riches en concentrés et le pH ruminal est souvent à la limite de l'acidose. Le rumen perd alors une partie de ses capacités de détoxification des mycotoxines, là où des animaux moins poussés arrivent à détoxifier sans symptômes.
Les animaux à l'engrais conduits avec des rations poussées, riches en concentrés à la limite de l'acidose, sont particulièrement exposés à une contamination de leur aliment par des mycotoxines. © PHILIPPE MONTIGNY/FILIMAGES
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