PARAMPHISTOME : L' ARSENAL THÉRAPEUTIQUE SE RESTREINT

LE LANCEMENT DE LA SAISON DE PÂTURAGE SONNE le retour des problèmes parasitaires, douves et paramphistomes en tête. Le cas que j'ai traité cet automne est là pour le rappeler. Appelé en urgence pour une génisse montbéliarde de 18 mois, je la trouve très mal en point, rentrée en urgence du pré. Elle est en bon état d'engraissement, sa croissance est satisfaisante. Elle présente un état de choc catastrophique, ballonnée, oeil creux, diarrhée légère, en décubitus latéral abandonné et une température plutôt sous les 37°C. Malgré un traitement symptomatique et déchoquant, l'animal meurt le lendemain.

L'autopsie est réalisée à la ferme et n'est pas très concluante. Pas de traces d'infection ou d'inflammation violente, pas de toxique (glands ou feuilles suspectes). Je note la présence de quelques paramphistomes dans le rumen.

Quinze jours plus tard, l'éleveur rappelle. Deux génisses du même lot ont la diarrhée. L'éleveur les rentre et les met au foin. L'examen clinique est assez pauvre. Température et rumination normales, rien à la fouille ou à l'auscultation, diarrhée légère. Les deux génisses sont en bon état général.

L'éleveur et moi-même faisons le tour d'une pâture bien entretenue, sans chêne aux alentours, sans fougère ni bordure de forêt. L'éleveur met ses génisses depuis des années sur cette prairie sans aucun problème. Elles disposent de foin de bonne qualité. Rien à signaler donc, hormis un traitement antiparasitaire à l'Ivermectine deux mois plus tôt.

« UNE COPROLOGIE POUR DÉTECTER LA PRÉSENCE ÉVENTUELLE D'ŒUFS »

Une semaine plus tard, les deux génisses ne vont pas mieux. L'une d'elles est vraiment en état critique. Le reste du lot a le poil piqué et commence à avoir des bouses plus liquides. Nous décidons d'euthanasier la génisse la plus mal en point et l'envoyons au laboratoire LVD 42 pour autopsie. Celle-ci révèle une forte infestation parasitaire multiple : de très nombreux paramphistomes dans le réseau et le rumen. L'intestin grêle est empli de larves paramphistomes et quelques trichures dans le cæcum. De plus, les noeuds lymphatiques présentent une couleur verdâtre à la coupe. Une coprologie est réalisée sur les autres animaux du lot et met en évidence des oeufs de paramphistomes et quelques oeufs de strongles digestifs.

Peu souvent incriminés par la médecine clinique, les paramphistomes peuvent être dangereux et entraîner la mortalité en cas d'infestation massive, surtout sur des pâtures utilisées toute l'année sans rotation. Il nous montre aussi que traiter les strongles uniquement sur les jeunes peut s'avérer insuffisant et qu'il est important d'avoir dans notre arsenal thérapeutique un traitement contre les paramphistomes.

« TRAITER LES VACHES EN LACTATION DEVIENT IMPOSSIBLE »

Or, en élevage laitier, il n'est possible de traiter douve et paramphistome qu'avec une seule molécule, l'oxyclonaside, par voie orale. Son emploi se complique. Jusqu'à la fin 2013, pour les vaches en lactation, il n'était pas conditionné à un délai d'attente. Ce n'est plus le cas. Depuis le 1er janvier 2014, il faut respecter 4,5 jours d'attente, soit neuf traites à la posologie « douve » et 7 jours à la posologie « paramphistome » en double dose (hors AMM). En d'autres termes, le traitement des vaches laitières lorsqu'elles sont en production est devenu impossible. En effet, la période optimale de traitement est 15 jours à 3 semaines après leur rentrée en étable, moment où les vaches ne sont pas forcément taries.

La seule possibilité pour traiter une vache en lactation sera-t-elle lorsqu'elle sera soignée pour une mammite hivernale, par exemple ? Le paramphistome a peut-être de belles années devant lui.

La prévention peut malgré tout être agronomique. Le développement du cycle des douves et des paramphistomes nécessite des zones humides qui hébergent les hôtes intermédiaires. Leur gestion est un moyen de prévention contre ces parasites : parcage des points d'eau marécageux, aménagements des points d'abreuvement, prairie temporaire pour assainir la parcelle.