
Des jumeaux, un engraissement marqué et une situation de stress ont eu raison d'une vache à huit mois de gestation.
L'HISTOIRE COMMENCE DE FAÇON CLASSIQUE par un appel concernant une vache holstein restée à terre. Mais sur place, le cas s'avère compliqué car la patiente est une multipare (cinq vêlages à son actif) qui n'a pas encore vêlé (gestante de huit mois environ). Elle a été achetée quelques jours auparavant et présente un état d'engraissement trop marqué (note d'état 5/5). Son introduction dans le cheptel semble s'être bien passée mais ce soir-là, elle est incapable de se relever de l'aire paillée malgré ses efforts. L'examen clinique révèle que la température comme le rythme cardiaque et pulmonaire sont normaux, mais le rumen est atone (la panse ne fonctionne plus). Par ailleurs, le col de l'utérus est bien fermé et la palpation transrectale confirme la présence d'au moins un veau. Une prise de sang est réalisée afin de doser les corps cétoniques : le taux est de 2,1 mmol/l au lieu de 1 maximum. L'animal est donc en acétonémie (ou cétose). Ce résultat peut surprendre car l'acétonémie est, chez la vache, une pathologie du post-partum qui se manifeste le plus souvent dans les six semaines qui suivent la mise bas, au moment où les besoins énergétiques sont les plus forts.
L'AMPLEUR DU DÉFICIT ÉNERGÉTIQUE S'AVÈRE FATALE
L'hypothèse envisagée est celle d'une toxémie de gestation, plus connue chez la brebis gestante de jumeaux ou de triplés, et occasionnellement décrite chez la vache allaitante. C'est une « acétonémie avant vêlage » et pour laquelle notre patiente cumule plusieurs facteurs de risques :
- une gestation avancée, probablement gémellaire, entraîne une hausse des besoins énergétiques et une diminution de la capacité d'ingestion ;
- le stress lié au transport et au changement de stabulation qui génère également une augmentation des besoins énergétiques ;
- une maladie sous-jacente, car il s'agit d'un animal acheté âgé dont on ne connaît pas l'historique médical.
Dans un premier temps, un traitement est appliqué pour essayer de relancer le métabolisme énergétique de la vache, sans sacrifier le(s) veau(x).
Dès le lendemain, notre patiente se tient debout, vient manger à l'auge et rumine. Mais quinze jours plus tard, elle chute sur l'aire d'attente de la salle de traite et, à nouveau, ne parvient plus à se relever. Elle mourra deux jours plus tard sans avoir pu se remettre sur ses pattes, malgré les traitements mis en oeuvre.
Prévenu de l'issue fatale, rendez-vous est pris pour une autopsie qui a permis de confirmer l'hypothèse : une gestation gémellaire (un mâle et une femelle de beau gabarit arrivés à environ huit mois et demi de gestation) et une stéatose du foie (organe chargé de graisse) témoignant d'une mobilisation importante des réserves graisseuses ou lipomobilisation pour essayer de compenser le déficit énergétique. De plus, trois abcès assez volumineux sont présents entre le foie et le réseau, formant un trajet fistuleux qui correspond vraisemblablement au passage d'un corps étranger qui n'a pu être retrouvé.
En résumé, les besoins énergétiques de notre patiente ont fortement augmenté sans pouvoir être satisfaits du fait du changement d'étable, du volume occupé par les deux veaux et de la présence d'abcès hépatiques.
En fin de gestation, la forte baisse des capacités d'ingestion, liée à la présence de jumeaux et à un engraissement trop marqué, n'a pas permis à la vache de couvrir ses besoins énergétiques. © CLAUDIUS THIRIET
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Maïs fourrage : « Un silo mal tassé monte rapidement à 15 % de freinte »
Le marché du lait Spot s’agite avec la rentrée
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
Facturation électronique : ce qui va changer pour vous dès 2026
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
L’Iddri suggère de briser « l’ambivalence » des chambres d’agriculture en matière de transition agroécologique