MORTALITÉ DE VEAUX EN SÉRIE : LES CLÉS POUR L'ENDIGUER

EDWIGE BORNOT, VÉTÉRINAIRE EN CÔTE-D'OR
EDWIGE BORNOT, VÉTÉRINAIRE EN CÔTE-D'OR (©)

Pour stopper une hécatombe de veaux, il faut en identifier la cause, baisser la pression infectieuse et augmenter l'immunité.

COMME SOUVENT QUAND LA CONCENTRATION DES VÉLÂGES AUGMENTE, les diarrhées apparaissent chez les veaux. La contrainte est déjà lourde quand il faut soigner tous les veaux matin et soir. Cela devient vite déprimant quand ils finissent quasiment tous par mourir, comme vient de le vivre cet élevage d'une soixantaine de laitières.

En juillet, il a perdu un veau sur cinq nés, six sur neuf en août et neuf sur neuf en septembre. Dans ce genre de situation, la démarche à suivre est toujours la même.

- Il faut identifier la cause. Rien de plus simple : il suffit de faire des prélèvements de selles et, éventuellement, des autopsies et prélèvements d'organes (pour l'identification de bactéries à évolution septicémique). Puis il faut les envoyer au laboratoire. Pour pouvoir conclure, il faut réaliser plusieurs prélèvements dans un même cheptel (au moins trois si on isole la même chose sur les trois). Dans le cheptel en question, le colibacille CS31A et rotavirus ont été isolés et une autopsie a confirmé l'évolution septicémique de la bactérie.

- Il faut baisser la pression d'infection. Pour cela, il faut curer, laver et désinfecter les locaux de veaux ou les niches individuelles (et les changer de place si c'est possible). Mais aussi vacciner les mères qui sont souvent les excrétrices du pathogène en début d'épidémie. Cette vaccination permet alors une baisse de l'excrétion des pathogènes. La désinfection détruisant une grande partie de ces derniers présents dans l'environnement, il paraît alors intéressant de réensemencer le milieu avec des lactobacilles pour éviter qu'une flore pathogène s'y redéveloppe.

- Il faut augmenter l'immunité des veaux. Les règles sont aussi bien balisées. Il convient de s'assurer que la vache produit un bon colostrum et qu'il est bu en quantité suffisante. Il faut enfin être sûr que les anticorps sont passés dans le sang du veau et pour cela que le veau a bu peu de temps après sa naissance.

Pour avoir un bon colostrum, la mère doit être correctement vermifugée et ne pas être douvée. Elle doit avoir une ration équilibrée en fin de la gestation, sans carence protéique et ne doit pas commencer à maigrir sur la fin de gestation. Elle doit aussi être correctement vaccinée contre les pathogènes trouvés sur les veaux (ici colibacille CS31A et rotavirus, entraînant une vaccination Imocolibov et Rotavec). L'idéal est alors de tester le colostrum pour s'assurer de sa bonne qualité. Méthode facile à utiliser à la ferme, le pèse-colostrum peut donner une première indication. Un mauvais colostrum est effectivement mauvais au pèse-colostrum.

TESTER LE COLOSTRUM POUR S'ASSURER DE SA BONNE QUALITÉ

Mais il faut le savoir, un certain nombre de colostrums indiqués comme de bonne qualité avec cet appareil ne le sont pas forcément. Le test est plus fiable avec un réfractomètre. Le colostrum doit ensuite être administré en quantité suffisante (3 à 4 litres en période de crise) et dans les deux heures qui suivent la naissance. Là encore, on peut mesurer la qualité de ce transfert en effectuant des prises de sang sur les veaux entre deux et six jours d'âge, et en analysant le sérum dans un laboratoire ou avec un réfractomètre chez le vétérinaire.

Il est intéressant de constituer une banque de bon colostrum pour pouvoir complèter la prise colostrale quand une vache en manque ou a une mammite, ou qu'elle a un mauvais colostrum. Le colostrum peut être conservé une semaine au réfrigérateur et un an au congélateur. Il devra bien sûr être décongelé lentement (à 60°C maximum) pour ne pas détruire les anticorps.

La mise en place de tous ces conseils a permis de stopper les mortalités et l'évolution des diarrhées dans l'élevage touché. Pour autant, la vigilance y reste de mise.

L'immunité passe par un colostrum de qualité, issu de la mère vaccinée contre les pathogènes responsables de la mortalité des veaux.

© CHRISTIAN WATIER

Aperçu des marchés
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