UN MANQUE DE PAILLE PROVOQUE L'EXPRESSION DE LA COCCIDIOSE

SÉGOLÈNE RODIER, VÉTÉRINAIRE(1) EN MAYENNE
SÉGOLÈNE RODIER, VÉTÉRINAIRE(1) EN MAYENNE (©)

Un simple défaut de rationnement des veaux peut parfois suffire à remettre en cause l'équilibre microbien.

TOUT COMMENCE PAR L'APPEL D'UNE ÉLEVEUSE POUR UN VEAU SEVRÉ QUI MAIGRIT, « mais il n'est pas malade, il mange bien », me précise-t-elle. En effet, à l'examen clinique, pas de fièvre, ni de diarrhée en apparence. Mais son oeil un peu enfoncé nous indique qu'il est déshydraté. Le rumen est creux, le veau amaigri. Ses fesses sont sales et après un rapide coup d'oeil, celles de ses congénères aussi. Pourtant, ils ont une ration sèche avec des granulés et de la paille. Pas de foin dont la teneur variable en azote peut provoquer quelques ramollissements des bouses. L'idée de la coccidiose fait son chemin mais pas pour l'éleveuse : « Ce n'est pas possible, je n'en ai jamais », assure-t-elle.

L'analyse des bouses rendra son verdict : le nombre d'oeufs par gramme est suffisant pour incriminer la coccidiose.

Comment l'expliquer, puisque l'éleveuse affirme n'être jamais touchée et n'avoir rien changé à ses pratiques ?

UN PARASITE PRÉSENT DANS L'ENVIRONNEMENT

Pour rappel, la coccidiose est une maladie due à la prolifération de parasites de l'intestin, les coccidies. Presque tous les veaux hébergent ces parasites, mais la maladie ne s'exprime que dans certains élevages : ce sont les conditions d'élevage qui font que la maladie se développe. Ici, l'évaluation du risque passe par quelques questions simples :

- Est-ce qu'il y a bien 3 m2 par veau ?

Oui, on est dans les clous.

- Quel granulé est distribué ?

Ici, ça a toujours été le même.

- Quelle est la disponibilité en paille ?

Les stocks étant justes, les veaux n'en ont plus à volonté depuis mai.

Or, moins de paille au râtelier favorise une légère acidose et une tendance à manger la paille de la litière, souillée par les bouses, ce qui rend le terrain favorable à l'expression clinique de la coccidiose. Les veaux malades excrètent une grande quantité de coccidies, qui contribuent à faire pencher la balance du côté de la maladie pour les autres animaux du lot. Pour gérer la crise, le traitement passe par l'administration de toltrazuril au veau le plus atteint et de réhydratant pour stabiliser le bilan en eau et en électrolytes. Mais vous l'aurez compris, ce veau n'est que la partie émergée de l'iceberg : il faut aussi traiter ses congénères avant qu'ils ne développent cliniquement la maladie. À cet effet, le toltrazuril sert à limiter l'excrétion des coccidies en cassant leur cycle de réplication dans l'intestin.

Mais la vraie question est de savoir comment faire pour revenir à la situation d'équilibre initiale, c'est-à-dire ne plus avoir besoin de traiter ?

Il est d'abord convenu de traiter ce jour tous les animaux, puis de nettoyer les cases : curage, lavage au jet à haute pression (idéalement à l'eau chaude) et application d'un produit désinfectant efficace contre les ookistes. Un prélèvement sur les veaux nés après l'épisode, lorsqu'ils auront un mois (les veaux n'excrétant des coccidies qu'à partir de trois semaines), permettra d'évaluer si on a réussi à baisser suffisamment la pression d'infection. Ainsi, les veaux pourront s'immuniser par un contact sans excès avec les coccidies, comme avant !

(1) Membre du cabinet Vetformance.

À l'examen clinique, le veau est amaigri, il a l'oeil un peu enfoncé, la tête basse, le rumen creux (entre les côtes et la hanche) et les fesses souillées.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
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Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
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