Les frais d'élevage, en moyenne autour de 58 euros/1 000 litres, regroupent le coût de renouvellement, les frais vétérinaires (actes et médicaments), de reproduction (insémination), d'élevage divers (hygiène de traite, adhésions groupements...), ainsi que le prix de revient ou d'achat de la paille ou de la litière. Au-delà de l'amélioration du coût alimentaire, qui reste un poste prépondérant dans le pilotage économique au quotidien de l'exploitation, la maîtrise des frais d'élevage mérite d'être approfondie. Jusqu'où peut-on réduire les frais d'élevage sans pénaliser les résultats techniques de l'exploitation ? Quels sont les leviers d'actions possibles à retenir en priorité ?
La situation de départ
- M. Lepré produit 465 000 l, avec 66 prim'holsteins, en moyenne à 7 045 l/VL.
- L'âge au premier vêlage est de 29 mois.
- Le taux de réforme boucherie est de 32 %.
- M. Lepré souhaite analyser ses frais d'élevage et les réduire de manière raisonnée pour plus d'efficacité et de rentabilité.
« Trop de vermifuges et des vêlages tardifs »
« La ventilation des frais d'élevage montre la part prépondérante du coût de renouvellement et des frais vétérinaires. Néanmoins, M. Lepré achète son produit de posttrempage à son cabinet vétérinaire, ce qui augmente artificiellement cette part et diminue en conséquence les frais d'élevage divers.
L'analyse détaillée des frais vétérinaires met en lumière un usage important des vermifuges et de traitements réalisés sur les génisses mais avec peu de frais d'actes vétérinaires.
Le coût de renouvellement est élevé, en lien notamment avec des vêlages tardifs (29 mois). Un audit de la santé de l'élevage a permis de réaliser une analyse technique plus détaillée. Elle montre une utilisation excessive et inappropriée des traitements antiparasitaires (vaches et génisses). À l'inverse, des problèmes importants sont présents sur la phase d'élevage des génisses : diarrhées néonatales (0-15 jours) et atteintes respiratoires sur la phase 3-6 mois (postsevrage).
Au-delà des frais vétérinaires engendrés, ils se traduisent par une mortalité précoce des veaux et une réduction des gains de croissance sur les génisses (observée par des mesures de tours de poitrine). Ce dernier point conduit à un retard à la mise à la reproduction des génisses et donc à une augmentation de l'âge au vêlage.
Dans un premier temps, M. Lepré décide de réduire l'utilisation des vermifuges en restant à un usage raisonné (utilisation d'un logiciel de prévision des risques pour les génisses ; évaluation de l'intérêt d'un traitement sur les vaches), et de mettre en place des mesures de maîtrise des cas de maladies sur le postsevrage. »
« Prendre des mesures de conduite simples et peu coûteuses »
M. Lepré va cibler l'essentiel en arrêtant ce qui n'apporte pas de plus-value technique et économique, et avec des mesures de conduite peu coûteuses.
- L'arrêt du traitement vermifuge systématique sur les vaches, selon le protocole proposé par le vétérinaire, ne devrait pas avoir d'impact majeur dans la mesure où l'éleveur reste vigilant sur les vaches à risque, notamment en période de vêlage des primipares.
- Sur les génisses, la révision du protocole de la vermifugation permettra de mieux adapter les traitements aux risques de l'élevage, d'autant plus que ces risques sont réduits ici du fait d'une rotation régulière sur plus de quatre parcelles. La maîtrise parasitaire se révèle nécessaire avec une application de vermifuge rémanent simple en cours de première année de pâture. L'observation des animaux et l'évaluation des croissances (tours de poitrine) mettront en évidence un possible impact parasitaire afin de traiter de manière ciblée.
- Concernant les problèmes sur les génisses avant six mois , M. Lepré a pris des mesures préventives. Pour les diarrhées, il sera vigilant sur la qualité et la précocité du colostrum apporté, sur l'hygiène et la désinfection, pour limiter la transmission de germes entre veaux et sur les règles de distribution du lait.
- Pour les atteintes respiratoires, avec des investissements modérés, M. Lepré a visé trois points : limitation des mélanges d'âges dans les lots, amélioration du renouvellement d'air, pose de planches inclinables au-dessus des cases collectives à l'arrière pour le confort thermique.
Par ailleurs, moyennant un recours plus important à l'avis de son vétérinaire, il ne systématise plus l'emploi d'antibiotiques injectables sur un lot atteint. Au-delà de ces améliorations apportées sur les frais vétérinaires, M. Lepré réduira son taux de réforme à la boucherie pour atteindre les 25 %, soit un gain de 7 % (- 6 €/1 000 l), grâce à la vente de génisses pleines ou de vaches en lait.
- L'objectif est de limiter la mortalité et les retards de croissance sur les phases d'élevage de la génisse. En gagnant trois mois sur l'âge au vêlage, le coût de renouvellement est amélioré (gain de 120 €/génisse vêlée). Le recours aux traitements est fortement diminué, même s'il s'accompagne de visites supplémentaires se traduisant par un impact positif sur les frais vétérinaires. Ces actions collectives permettent de limiter la mortalité des veaux.
Selon l'évolution des situations sur l'élevage des génisses, d'autres mesures pourront être envisagées (mise en place de niches individuelles, puis collectives, à l'extérieur du bâtiment, vaccination...).
« La maîtrise des frais d'élevage passe par une analyse de la situation et une orientation des choix avec l'éleveur. Les mesures ayant un impact conséquent sur les performances techniques sont à préserver. D'autres peuvent ne pas apporter de plus-value et être abandonnées, ou être considérées comme une sécurité par l'éleveur. S'il les conserve, il doit en connaître et en assumer le coût. Certains investissements gagnent à être mis en place pour corriger une situation dégradée et en tirer un bénéfice. L'exemple de M. Lepré en est la bonne illustration. La difficulté dans le domaine de la santé est d'évaluer la situation et surtout les gains potentiels liés à l'investissement de l'éleveur et à son implication dans le suivi de ses animaux. Au-delà du plan d'actions initial, il est important de réévaluer la situation à trois et six mois pour faire évoluer au besoin les mesures mises en place. »
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