URO-VAGIN LA CHIRURGIE POUR AMÉLIORER LA FERTILITÉ

DANS CET ÉLEVAGE LAITIER DU TARN, nous effectuons la traditionnelle visite de reproduction mensuelle par échographie. Une vache laitière est inspectée en post-partum pour vérifier l'involution utérine et détecter l'éventuelle présence d'une endométrite. Une anomalie est détectée : une quantité anormale d'urine est visible sur le plancher du vagin et une inflammation généralisée du vagin et du col de l'utérus est présente.

Un écoulement avec de petits flocons de pus est visible à l'entrée du col, signant une endométrite clinique de premier degré. Le périnée et la vulve sont également basculés vers l'avant. L'ensemble de ces observations nous oriente vers une pathologie de la reproduction bien connue : l'uro-vagin. Cette pathologie se caractérise par un mauvais écoulement de l'urine qui, au lieu d'être évacuée vers l'extérieur lors de la miction, a tendance à être refoulée et à stagner dans le vagin et au niveau du col de l'utérus. Inflammation et infection résultent de ce mauvais écoulement de l'urine.

Cette vache a peu de chances de devenir gestante après insémination, car l'uro-vagin entretient l'endométrite et l'urine est spermicide.

D'après les statistiques réalisées sur de grands échantillons, ce type de vache avec un uro-vagin marqué a 9,5 fois plus de risques que la vache moyenne d'être réformée pour cause d'infertilité. L'éleveur nous explique que cette prim'holstein a de très bonnes origines et qu'il est donc important de lui donner le maximum de chances de concevoir. Nous décidons donc de réaliser un barrage vaginal, technique chirurgicale permettant de bloquer les reflux d'urine vers le vagin et le col. Cette méthode utilisée comme traitement de l'uro-vagin marqué permet de multiplier les chances de gestation par 5,2.

UNE VACHE SUR DIX SERAIT ATTEINTE

L'animal est placé en contention, tranquillisé, et la région péri-anale est anesthésiée à l'aide d'une injection épidurale. La vulve et le vagin sont nettoyés avec un savon iodé, et une sonde urinaire est positionnée dans le canal qui relie la vessie au méat urinaire pour localiser celui-ci. Une suture en bourse entre le vagin et le méat urinaire est réalisée en prenant toute la périphérie de la muqueuse vaginale. La tension sur les fils permet alors de relever la muqueuse du plancher vaginal qui fait donc barrage entre le méat urinaire et le vagin. L'urine est donc bloquée par ce barrage et au lieu de refluer vers le vagin, elle est évacuée vers le milieu extérieur. La suture est serrée fortement en laissant un espace d'environ 1 cm au centre, qui permettra de faire passer le pistolet lors de la prochaine insémination. Nous laissons passer une chaleur sur cette vache, puis l'animal est remis à la reproduction.

Les facteurs de prédisposition à l'uro-vagin chez la vache laitière sont multiples. Une note d'état d'engraissement en dessous de 2,75, un vêlage difficile, le relâchement de la sangle abdominale avec l'âge et les endométrites participent à l'apparition de cette pathologie. Une étude récente menée en Belgique, sur 344 vaches et génisses prim'holsteins, a montré que plus d'une vache sur dix présentait un uro-vagin marqué après soixante jours post-partum. Cette pathologie est donc sous-diagnostiquée et son impact économique négligé. L'impact sur les performances de reproduction est important : l'animal a presque 10 fois plus de risques d'être réformé pour cause d'infertilité et les endométrites sont multipliées par 4. L'intervalle entre le vêlage et l'insémination fécondante atteint 370 jours en moyenne, si la vache n'a pas été réformée avant et si elle fi nit par être gestante. D'un point de vue économique, avec une perte d'environ 30 € par cycle de 21 jours, cela représente plus de 400 € sur un seul animal. Cette perte est évidemment alourdie en cas de réforme.