BOITERIES PENSER AU PARAGE AVANT D'ENVISAGER LA PIQÛRE

BRUNO GIBOUDEAU, VÉTÉRINAIRE DANS LE JURA
BRUNO GIBOUDEAU, VÉTÉRINAIRE DANS LE JURA (©)

Faire le pari d'un traitement antibiotique en première intention, et comme seule solution, est un raccourci abusif.

L'ARRIVÉE D'ANTIBIOTIQUES À DÉLAI D'ATTENTE TRÈS COURT, voire nul pour le lait, a modifié les bonnes pratiques pour traiter les boiteries. Combien de fois entend-on aujourd'hui ce « ma vache boite, j'ai fait une injection » ? Or, les boiteries sont rarement des infections primaires et certainement pas pour les lésions de la boîte cornée.

Il existe deux grandes familles de lésions externes sur le sabot. Les premières concernent la corne, sous la sole (hématome, ulcère, bourgeonnement appelé cerise ou encore blessure par coupure ou piqûre), entre la sole et la muraille (les décollements avec leurs stries, signature de la disjonction à venir), ou encore sur la muraille (les seimes, fissures verticales sur les parois externes ou cachées sur les murailles entre les sabots). Les secondes sont celles affectant les autres parties molles, entre les sabots : le panaris interdigité, la Mortellaro sur le talon (très douloureuse et avec peu de traces) et les lésions de fourchets (creusements circulaires entre la corne et la peau des talons).

Toutes les lésions concernant la corne doivent être localisées et gérées avec, en premier principe, la suppression de l'appui sur la zone concernée et sûrement pas avec une piqûre. La reconstruction de la boîte cornée ne peut se faire que par la repousse de corne saine par le fond de la sole ou par le bourrelet coronaire au-dessus du sabot, sans cisaillement entre les zones périphériques de la lésion, donc sans appui. La mise en place d'une talonnette est souvent requise et salutaire.

Pour les atteintes des parties molles, le dégagement large et sans rebord du sillon interdigité est nécessaire avant tout.

POUR LE FOURCHET, GÉRER LA PRESSION DES BOUSES SUR LE SABOT

Dans un deuxième temps seulement, et après le nettoyage ou le parage de la zone pour le fourchet (bien ouvrir les fissures), une application locale d'antiseptique ou un antibiotique spécifique peut être de mise. Si on y réfléchit, le pied est conçu de façon étanche et résistante pour supporter le poids d'une vache sur un terrain souple et bactériologiquement très riche.

Les bactéries du fourchet ou du panaris étaient déjà présentes sur le sol avant la boiterie. Ce sont bien les conditions d'appui du sabot (maintien de bouses entre les sabots ou au talon, lésions d'appui ou fissures de la corne) ou les conditions du sol (bouses collantes, sol des couloirs en humidité permanente) qui causent l'accélération d'une boiterie douloureuse ou infectieuse.

LES ANTIBIOTIQUES C'EST PAS AUTOMATIQUE

Faire le pari d'un traitement antibiotique en première intention, et comme seule solution, est donc un raccourci abusif. D'autant que la plus grande réserve est de mise sur l'usage des antibiotiques en élevage par crainte de rapide réduction à néant de l'activité des nouvelles molécules. Pour le fourchet et la Mortellaro, la gestion de la pression des bouses sur les sabots (nombre d'animaux et importance de la souillure des pattes) permet de couper les allures épidémiques de ces affections. Une baisse d'immunité peut aussi favoriser des déclenchements d'infections. Cuivre, zinc et magnésium doivent être surveillés. Restent les panaris de sortie de parc lorsque l'alternance de sécheresse et d'humidité produit de la boue sèche entre les sabots, qui vient irriter le sillon interdigité. Dans ce cas, un rapide changement de passage du troupeau et un contrôle de l'écartement des sillons interdigités sont plus efficaces que des injections. Chacun peut aussi devancer la boiterie en travaillant sur l'aisance du déplacement, le port et la mobilité de la tête à la marche. Les vaches le méritent bien.

Toutes les lésions concernant la corne doivent être localisées et gérées avec, en premier principe, la suppression de l'appui de la zone concernée.

© J.-M.V.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

Tapez un ou plusieurs mots-clés...