LA PERFUSION LENTE A SAUVÉ DEUX VEAUX DIARRHÉIQUES

Installé sur un épais lit de paille, le veau est immobilisé et un petit licol lui maintient la tête dans le prolongement de l'encolure pour ne pas couder la tubulure ou le cathéter.
Installé sur un épais lit de paille, le veau est immobilisé et un petit licol lui maintient la tête dans le prolongement de l'encolure pour ne pas couder la tubulure ou le cathéter. (©)

Une perfusion de six à huit heures permet d'administrer de grands volumes de solutés sans complications ou surveillance.

A DEUX REPRISES EN SEPTEMBRE, JE SUIS APPELÉ DANS LE MÊME ÉLEVAGE LAITIER pour soigner d'une diarrhée deux veaux femelles. À chaque fois, j'apprends que ces deux veaux prim'holsteins nés à terme, âgés de 8 à 10 jours, présentent cette diarrhée depuis un ou deux jours. L'éleveur affirme qu'ils ont bien bu le colostrum de leurs mères. Celles-ci ne sont pas vaccinées avec un produit apportant une immunité colostrale vis-à-vis des diarrhées néonatales. Pour ces deux veaux, il a instauré le même traitement : antibiotique injectable et réhydratation par voie orale avec un produit du commerce.

À l'examen clinique, j'observe que les veaux sont allongés sur le côté et incapables de se lever. L'abattement est sévère, les extrémités des membres sont froides, les yeux sont très enfoncés dans leurs orbites, le pli de peau est très persistant. On relève aussi une absence de réflexe de succion, des muqueuses sèches et une diarrhée. La température rectale est de 34 °C pour l'un et de 35 °C pour l'autre. Ces animaux sont en état de choc. Le pronostic est très réservé, mais l'éleveur a appelé pour tenter un traitement. Pour autant, il ne souhaite pas faire d'analyses complémentaires pour chercher l'origine de ces diarrhées. Un traitement est mis en place, à savoir une perfusion dite « lente ».

CINQ LITRES DE SOLUTÉ

Pour réaliser cette perfusion, j'utilise un cathéter et une poche de 5 litres de soluté de perfusion. Le cathéter est mis en place dans une veine jugulaire, puis relié à la tubulure de perfusion. Le tout est fixé à la peau à l'aide de deux ou trois points de suture. La poche est fixée à un mètre au-dessus de la tête du veau. Les veaux sont ensuite installés sur un épais lit de paille propre, puis leurs membres sont liés entre eux afin d'éviter tout déplacement. Un petit licol permet aussi de mettre la tête dans le prolongement de l'encolure afin de ne pas couder la tubulure ou le cathéter. Puis les veaux sont entièrement recouverts d'une épaisse couche de paille, sauf au niveau de la tête et de l'encolure. Le débit de perfusion est réglé pour permettre une consommation complète de la perfusion en six à huit heures. Aucun antibiotique par voie orale n'est administré et l'éleveur poursuivra son antibiothérapie injectable ainsi que la réhydratation orale si les veaux retrouvent leurs réflexes de succion (1 litre de réhydratant du commerce matin et soir et 1 litre de lait chaud à midi).

LES AVANTAGES DE CE MODE DE PERFUSION

Dès le lendemain, ces deux veaux sont de nouveau capables de se lever, n'ont plus les yeux enfoncés dans leurs orbites, boivent les liquides qui leur sont proposés et ont une température rectale normale (38,7 °C pour le veau qui était à 34 °C la veille).

Les avantages de la perfusion « lente » sont nombreux : apport de grands volumes de solutés de perfusion en rapport avec les besoins de ces veaux (un veau de 40 kg très déshydraté a besoin d'environ 5 l, sans compter les besoins journaliers et les pertes futures) ; durée de perfusion de quelques heures, ce qui évite les complications des perfusions conventionnelles (chocs cardiovasculaires, oedème pulmonaire) ; le cathéter n'a pas besoin de surveillance.

Ce traitement montre aussi que l'antibiotique n'est pas le premier traitement à mettre en place face aux diarrhées néonatales. La réhydratation est avec certitude l'intervention prioritaire sur les animaux diarrhéiques. Un appel précoce du vétérinaire et une réhydratation adaptée sont les clés de la réussite dans ces cas extrêmes.

FLORIAN SPIESER, VÉTÉRINAIRE (MEURTHE-M.)

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
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