La brune : « une vache plus rustique pour faire des taux »

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Oasis, une vache en 5ème lactation, 1ère de section à Chatillon-sur-Seine, offerte pour ses 20 ans à Rémi (à gauche), ici avec son père Emmanuel et Noémie (salariée) sont tous unanimes, « la Brune est une vache calme, curieuse, facile à travailler ». (©J.Pezon)

Loin des berceaux historiques de la race, la SCEA de Liévin-Lecoustre, dans le Pas-de-Calais, a fait le choix de la brune pour sa rusticité dans un système d’élevage pâturant et pour bénéficier des bonus laiterie sur la qualité des taux.

Des bonus laiterie avec une ration non OGM

En 2021, l’installation de leur fils Rémi valide l’évolution vers un troupeau mixte 50 % holsteins et 50 % brunes. L’obtention d’un droit à produire supplémentaire de 350 000 litres porte alors le troupeau de 80 à 110 vaches. D’une conduite d’élevage avec un troupeau holstein à plus de 10 000 litres de lait, l’exploitation va dans le même temps évoluer vers des pratiques plus économes et adhérer à la filière Via Lacta de sa coopérative Prospérité Fermière : c’est-à-dire la production de lait non OGM, avec une surface minimale au pâturage de 15 ares/vache, accessibles 170 jours/an, en contrepartie d’un prime de 15 €/1 000 litres. Par ailleurs, en plus des bonus interprofessionnels, le mode de paiement de la coopérative prévoit un bonus de 2 € entre 33 et 34 de TP, de 3 € entre 34 et 35 de TP…

Rétine, une jeune vache en première lactation achetée 4000 euros lors d’une vente aux enchères. (© J.Pezon)

Dans le cadre de ce cahier des charges, l’alimentation, lors de la phase d’hivernage en stabulation aire paillée, repose sur la ration semi-complète : 13 kg de maïs ensilage, 2,5 kg d’enrubannage, 2 kg de betterave fourragère, 1 kg de Rumiluz et 3 kg de tourteau de colza. Au Dac, la complémentation est assurée avec un concentré de production dosant 24 % de MAT en début de lactation au rythme de 1 kg d’aliment pour 3,5 litres de lait au-dessus de 30 litres. À noter que les brunes sont au même régime que les holsteins, avec la volonté de laisser à chaque primipare la possibilité d’exprimer son potentiel : leur ration couvre 10 kg de lait en plus que la production réelle (une génisse à 25 litres est nourrie comme une vache à 35 litres).

Gain de 30 €/1 000 l grâce à la qualité des taux

Autonome en fourrages, l’exploitation offre un accès à 30 ha de pâtures divisées en paddock de trois jours. Au printemps, cette surface de 30 ares/vache autorise la fermeture du silo de maïs pendant un mois et couvre trois quarts de la ration totale avec un complément d’enrubanné et de pulpe déshydratée à l’auge. La betterave fourragère, pâturée à partir du 15 août et jusqu’à la récolte, contribue à préserver les taux. « Le pic de lactation des brunes est beaucoup moins marqué, observe Emmanuel. Cela se traduit par des vaches qui restent en état, avec moins de problèmes métaboliques après vêlage et une meilleure persistance de lactation. En été, elles semblent aussi moins souffrir de la chaleur et sont toujours les premières à sortir. C’est un atout à ne pas négliger dans un contexte de hausse des températures. »

Les veaux sont élevés avec deux repas par jour au lait reconstitué avec des tétines Milkbar individuels. L’âge au premier vêlage est compris entre 27 et 30 mois, sans différence entre les races malgré des génisses Brunes plus légères à cet âge. Objectif : 24 à 27 mois. (© J.Pezon)

Dans ce système, le bilan génétique de la brune fait état d’une production de 7 402 litres de lait à 42,2 de TB et 34,9 de TP. Sur la paye de lait, c’est un complément de prix lié au TP de 18 € (15 € de bonus interprofessionnel + 3 € de bonus laiterie) et de 12 € sur le TB. « Le changement de race implique d’avoir un peu plus d’animaux, mais nous sommes pleinement satisfaits de cette mixité entre deux races, l’une faisant du lait et l’autre des taux. Nous allons continuer à axer la sélection holstein sur les taux. Pour les brunes, après avoir conservé toutes les femelles (50 % de primipares), nous allons pouvoir renforcer la sélection avec des taureaux complets. »

La fibre des concours au sein de l’association Ch’ti Brune

Le troupeau, calé autour de 120 vaches pour une production de 1 Ml, permettra aux éleveurs de ne plus inséminer (IPE) systématiquement avec des doses sexées les génisses holsteins et les premières IA brunes et d’avoir davantage recours au croisement viande. Sauf sur les brunes à concours, pour lesquelles Rémi s’est pris de passion avec déjà quelques lignes au palmarès, notamment un prix de réserve de championnat à Paris pour leur troisième participation avec une vache achetée en Côte-d’Or.

Les associés n’ont en effet pas hésité à investir sur quelques animaux en vue d’accélérer le progrès génétique et s’impliquent pleinement dans l’association régionale Ch’ti Brune, née il y a dix ans et qui compte aujourd’hui une trentaine d’adhérents. « Une première participation au régional d’Hazebrouck avec un prix de section a fait naître des envies de concours, avoue Rémi. Mais c’est surtout la convivialité, l’entraide et l’ambiance entre les éleveurs bruns qui rend ces événements si particuliers. »

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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