En Suède, des vaches solides dans un environnement rude

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Les éleveurs ont souvent recours à une automatisation de l’alimentation via un caisson sur rails. Cela limite fortement la largeur de la table d’alimentation et permet des fréquences de distribution élevées, favorables à l’ingestion pour tous les animaux. (© P.Le Cann)

Enfermées presque toute l’année, les vaches laitières suédoises affichent néanmoins des niveaux de production élevés et un bon état sanitaire. La sélection pratiquée par Viking Genetics, axée sur les caractères de santé, l’explique sans doute.

En Suède, la géographie et le climat dictent leurs lois aux éleveurs laitiers. Fin juin, il fait encore grand jour à 23 heures dans le sud du pays et le soleil pointe dès 4 heures. Plus au nord, la nuit est encore plus courte mais, en hiver, la lumière n’est présente que durant quelques heures. Si la longueur du jour permet une forte pousse de l’herbe à la belle saison, les éleveurs n’ont guère plus de trois mois pour constituer des stocks. Au sud, ils parviennent à faire pousser des céréales et du maïs, mais les régions plus septentrionales n’accueillent que des prairies et surtout, des forêts et des lacs.

Dans ces conditions, les vaches passent l’essentiel de leur temps à l’intérieur, dans des bâtiments clos où l’espace est restreint pour limiter les coûts de construction. La plupart des éleveurs ont installé des logettes équipées de matelas sur lesquels ils épandent de la sciure de bois, un matériau très disponible dans le pays. Les couloirs d’exercice plutôt étroits donnent une impression de forte concentration des animaux.

Traditionnellement, les éleveurs suédois ont souvent plusieurs races dans leurs troupeaux. Le croisement de type Procross s’y développe. Si les éleveurs connaissaient bien les qualités de la holstein et de la Viking red, la montbéliarde était inconnue. Viking Genetics a organisé des voyages en France pour qu’ils la découvrent. ( © P.Le Cann)

Des niveaux de production supérieurs à 11 000 kg

Pour limiter le nombre de places tout en conservant un niveau de livraison conséquent, les éleveurs recherchent une productivité laitière élevée. En moyenne, les holsteins produisent 11 037 kg de lait à 41,6 de TB et 35,4 de TA. Ces performances s’obtiennent avec des rations incluant souvent plus de 15 kg de concentrés.

Les surfaces des aires d’exercice semblent faibles par rapport aux standards français, surtout pour des vaches qui ne sortent pas huit mois par an. Malgré tout, elles affichent des membres en bonne santé. Pour les bâtiments neufs, il existe désormais des surfaces minimales à respecter par animal. ( © P.Le Cann)

Certains éleveurs ont abandonné la traite trois fois par jour du fait de difficultés pour trouver des salariés. La traite robotisée se développe et concerne aujourd’hui la moitié des vaches. Sensibles au bien-être animal, les Scandinaves imposent désormais des surfaces minimales par animal dans les bâtiments neufs. L’accès à l’extérieur est obligatoire pendant douze heures par jour de mai à septembre dans le sud du pays, un peu moins au nord. Malgré cette pause, les vaches, et notamment leurs membres, sont soumises à rude épreuve pendant une bonne partie de l’année. Et, pourtant, dans quatre élevages visités fin juin (1), toutes montraient des pattes saines, sans boiterie visible. Les éleveurs ont souligné qu’ils pratiquent un parage systématique, en général deux fois par an.

Réorganisation des services

Cette bonne résistance des animaux provient aussi sans doute de la génétique scandinave et d’une conduite rigoureuse des troupeaux. En effet, en 2008, la coopérative de sélection de Suède a fusionné avec ses voisines du Danemark et de la Finlande pour créer Viking Genetics. En 2011, les coopératives suédoises impliquées dans la sélection, le contrôle de performance, la recherche ou le conseil en élevage ont également fusionné et donné naissance à Vaxa. Ces réorganisations ont eu plusieurs conséquences pour les éleveurs suédois qui adhèrent au contrôle laitier à 80 %. Ils ont accès à des conseils de haut niveau adaptés à leurs conditions d’élevage. Les quatre éleveurs rencontrés travaillent tous avec un nutritionniste de Vaxa et c’est lui qui calcule la ration. La productivité laitière est bien au rendez-vous.

De mai à septembre dans le Sud (un peu moins dans le Nord), les vaches doivent pouvoir sortir chaque jour durant douze heures, et ingérer au moins 6 kg de MS d’herbe. Les éleveurs maintiennent généralement la ration durant cette période et valorisent donc très peu de pâturage. Ils se contentent d’ouvrir les portes pour laisser le choix aux animaux. ( © P.Le Cann)

Par ailleurs, le regroupement des structures d’élevage permet un partage des informations au service de la sélection génétique. Or, dès les années 1980, les coopératives historiques ont commencé à enregistrer des données sur la santé des animaux, en particulier concernant les membres et les mammites. Le nombre de postes concernés a augmenté avec le temps, incluant la fertilité, les maladies métaboliques, la facilité de vêlage, etc.

Cela a permis une sélection efficace sur ces critères peu héritables depuis très longtemps. Viking Genetics dispose donc d’une avance, qu’il s’agisse de la race holstein ou de la pie rouge. L’index de synthèse NTM (Nordic Total Merit) se compose de la production et la longévité (42 %), la santé et la reproduction (42 %) et la conformation. L’entreprise travaille aujourd’hui sur l’efficacité alimentaire (voir L’Éleveur laitier n° 327, février 2023, p. 58) et sur le caractère sans cornes.

Les mâles de races Viking Red disposent d’un bon potentiel de croissance. Leur viande est appréciée dans le pays. ( © P.Le Cann)

La Viking Red est issue de croisements

La race Viking Red est issue du croisement des races pie rouge danoise, finlandaise et suédoise. Elle bénéficie ainsi de l’hétérosis propre au croisement et d’un taux de consanguinité faible par rapport à d’autres races laitières. Elle est reconnue pour sa productivité laitière, sa fertilité et sa facilité de vêlage. Il s’agit de la deuxième race laitière dans les troupeaux suédois. Sa production atteint en moyenne 9 528 kg de lait à 44,5 de TB et 37,1 de TA. Ces qualités ont valu à la Viking Red d’être retenue dans le programme de croisement Procross, aux côtés de la holstein et de la montbéliarde. Largement étudié aux États-Unis, ce croisement trois voies permet de faire naître des vaches qui affichent un taux de réussite à la première insémination supérieur de 10 points à celui des holsteins américaines vivant dans les mêmes conditions (voir L’Éleveur laitier n° 285-286, septembre 2019, p. 44). L’écart se monte à 147 jours de carrière supplémentaires avec 26 % de frais vétérinaires en moins et une valorisation à la réforme accrue de 16 %. Le croisement progresse en Suède et à l’export, la Viking Red étant principalement utilisée pour le programme Procross.

(1) Lors d’un voyage de presse organisé en Suède par Viking Genetics, Vaxa et Procross les 26 et 27 juin 2023.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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