Progrès. L’an passé, l’inauguration de la nouvelle méthode d’indexation Single Step avait mis en lumière 150 taureaux à mille kilos de lait et plus. Cette année, ils sont 140.
L’an passé, l’Institut de l’élevage (Idele) n’avait pas calculé le changement de base mobile annuel car il inaugurait la nouvelle méthode d’indexation dite Single Step (en français : une seule étape). L’année 2023 est au retour à la normale avec une bonne surprise pour la sélection normande en production laitière. La nouvelle base d’indexation intègre un progrès de 87 kg en lait contre seulement 23 kg en 2021. Les matières grasse et protéique font une avancée de 4,2 et 3,5 points contre 1,4 et 1,3. Les taux, quant à eux, progressent de moitié à deux tiers (+ 0,03 de TB et + 0,04 de TP). La holstein fait moins bien en lait. Sa base mobile absorbe une amélioration de 56 kg, soit 11 points de plus qu’en 2021. En revanche, le gain des taux est supérieur : il double. « L’ancienne méthode érodait artificiellement les index. Nous retrouvons des niveaux de progrès génétique que l’on attendait de la sélection génomique, c’est-à-dire plutôt hauts et équilibrés en lait et taux », commente Jean-Christophe Boittin, de Synetics (Innoval). Ce constat se vérifie sur le terrain. Lorsqu’un troupeau holstein est alimenté au plus près de ses besoins, ses taux rivalisent avec ceux d’un troupeau normand mais avec un niveau de production supérieur. En conjoncture favorable en lait et viande comme l’an passé, un écart de rentabilité peut se creuser au profit du premier.

Conserver l’avantage de la normande sur les taux
Néanmoins, en moyenne, la normande conserve son avantage sur les taux. Dans l’Orne, les contrôles de performance 2022 d’Elvup indiquent un écart de 0,9 g de TB au profit de la normande, mais qui s’est réduit. Il était de 1,2 g en 2021. En TP, l’écart est stable : 1,8 g, toujours au profit de la normande. « La holstein nous challenge, reconnaît Jean-Christophe Boittin. À nous de travailler encore plus sur la productivité, mais aussi sur la différenciation qualitative au travers de filières spécifiques. » La volonté de l’organisme de sélection normand de créer la filière Bœuf traditionnel de race normande sous signe de spécialité traditionnelle garantie (STG) en est un exemple.


N’oublions pas non plus que tout n’est pas rose chez la holstein. Sa mésaventure sur la reproduction doit inspirer les éleveurs normands. Son choix passé de grands animaux a mis en évidence une incidence négative entre, d’une part, l’amélioration du potentiel laitier et l’augmentation de la taille et, d’autre part, des animaux qui se reproduisent moins bien.
De la taille, mais pas trop
« Aujourd’hui, la normande se reproduit mieux que la holstein mais des garde-fous ont tout de même été introduits dans le nouvel Isu pour ne pas tomber dans ce piège », confirme Matthieu Chambrial, d’Origen Normande. Il faut d’autant plus rester vigilant que, comme l’an passésous l’effet de Single Step, les taureaux à potentiel laitier élevé prennent une large place dans l’indexation 2023/1. Elle en compte 67 à au moins 1 200 kg de lait mis en service et 140 à au moins 1 000 kg. Au niveau des schémas de sélection, cette vigilance passe entre autres par un juste pointage de l’état corporel, déterminant en début de lactation pour un retour facile en gestation de la laitière. « Les pointeurs sont régulièrement formés sur ce critère délicat à évaluer. » Dans les tableaux des 8 et 23 taureaux qui émergent de notre sélection sur les profils « production » et « complet », nous avons donc volontairement fait figurer l’index taille. Nous avons mieux noté les reproducteurs de plus de 1 000 kilos de lait dont la taille ne dépasse pas + 1 d’index. À ce jeu, en profil laitier, ressort par exemple Roquefort pointé à 169 points d’Isu. Neutre en taille, il améliore le lait de 1 278 kg et allie un index de reproduction de + 1,4 à un état corporel de + 0,7. Il est un fils de Nacarat (Jylland, famille de Vitriol) sur Losangeles (Holen Noz, famille d’Ulozon). Bien qu’utilisé l’an passé, il reste disponible. En profil complet, ce sont Palace (Nirvana, famille Banania) et Sniper (Ouijoli, famille Saintyorre) qui se dégagent. Origen Normande propose Sniper sur les filles au courant de sang Ulozon, ou sur celles de Phoenix, Nintendo, Napoly, Laora, Loky ou encore Gaiac.

Stratego, le leader Isu de l’indexation 2023/1 tire également son épingle du jeu. Il combine un index lait de 1 669 kg, une taille et un état corporel neutres et un index « repro » légèrement négatif (-0,2). Il sera intéressant de suivre l’évolution de ces index. Son père Papel (famille Uperise) affiche aussi un -0,2 en reproduction mais son grand-père maternel Natanga (famille Uperise) un +0,2. Origen Normande attire également l’attention sur la corrélation négative entre la vitesse de traite et la santé de la mamelle (STMA).

Attention à ne pas dégrader la vitesse de traite
« Sélectionner sur la résistance aux cellules se traduit par des sphincters qui se ferment plus vite et donc une traite moins rapide », décrypte Matthieu Chambrial. Pour le responsable de sélection, au regard des améliorations déjà obtenues en cellules, mieux vaut éviter les taureaux négatifs en vitesse de traite et s’autoriser des index cellules moins élevés que jusqu’à présent. « Vu l’attention que portent les éleveurs à leur troupeau, feront-ils une différence de résultats s’ils choisissent des STMA de 1,5 à 2, plutôt que de 2,5 à 3 ? Je ne pense pas. »
Parmi les 13 taureaux qui émergent de la sélection de L’Éleveur laitier sur le profil fonctionnel, 8 cumulent la vitesse de traite et les cellules positives : Speaker, Stakanov, Poitou, Rivoli, Sirius, Sanmartin, Sniper et Ringman. Ils ont su s’affranchir de leur point commun : le courant de sang Saintyorre via Eville (Manchester et Montfort) ou Eolonne (Ouijoli) qui affichent négatives les cellules ou la traite.
Quant à la variabilité génétique, il faut y veiller plus que jamais. La moyenne de la parenté à la population femelle des 46 taureaux présentés dans les trois tableaux de cet article est de 6,6 %. Cela signifie qu’ils sont, en moyenne, cousins germains avec elle. Les travaux en cours sur la variabilité génétique des allèles chromosomiques devraient a minima ralentir l’augmentation de la parenté moyenne.
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