Le croisement industriel a le vent en poupe chez les éleveurs laitiers soucieux d’améliorer leurs recettes. Car les veaux mâles holsteins se valorisent très mal. Et l’utilisation de doses sexées pour le renouvellement, parfois couplée au génotypage, a fait évoluer la gestion des accouplements sur les élevages. Les meilleures femelles sont inséminées avec des taureaux laitiers en vue de produire des génisses. Les autres sont conduites en croisement dans l’objectif de produire des veaux mâles bien valorisés.
Selon Auriva, 46 % des éleveurs laitiers ont eu recours au croisement industriel en 2019, contre 36 % en 2016.
Mais comment choisir le bon taureau de croisement ? Classiquement, les éleveurs cherchent d’abord à sécuriser le vêlage. Auriva va plus loin et vient de créer une marque de taureaux de croisement, Ypérios. Elle est disponible pour les races Inra 95 et Excellence Charolais (programme de sélection spécifique au croisement sur des vaches laitières) en doses conventionnelles et sexées.
L’entreprise conduit depuis quarante ans des programmes de sélection dédiés au croisement industriel. Elle propose des taureaux sélectionnés sur le poids et les conditions de naissance des veaux, leur vitalité, leur aptitude à boire, leur croissance ainsi que le poids et la conformation des carcasses. Les acteurs des filières d’insémination et viande ont été associés à ces développements.
Maximiser la rentabilité
En plus des index habituels, Ypérios apporte des indicateurs économiques dans le but d’aider les éleveurs à maximiser la rentabilité du croisement. Ces indicateurs, dénommés €uroval, ont été calculés à partir de la base de données d’Auriva. Elle enregistre depuis dix ans les informations de reproduction, les performances des veaux croisés en élevage ainsi que les performances bouchères. Ces données concernent différentes races de pères et de mères dans différentes régions. L’évaluation €uroval a été conduite en partenariat avec Allice.
Trois indicateurs concernent des postes particuliers : la fécondité, la durée de gestation et la viabilité des veaux entre 0 et 21 jours. S’y ajoutent deux indicateurs synthétiques : €nais (facilité de naissance + durée de gestation + fertilité + viabilité du veau) reflète le volet reproduction et naissance ; €val3s (€nais + conformation + poids) synthétise l’apport génétique total.
Les éleveurs pourront utiliser ces indicateurs en fonction de leurs propres objectifs. S’ils cherchent à améliorer leurs conditions de travail, ils favoriseront les taureaux les mieux classés sur la facilité de naissance et la vitalité des veaux. Pour gagner sur les performances techniques du troupeau laitier, ils choisiront la fécondité et la durée de gestation. Enfin, ils peuvent aussi privilégier les performances des veaux croisés. Dans les catalogues, les taureaux sont classés en fonction de ces trois profils.
Le prix des doses inchangé
Ces indicateurs peuvent être exprimés en euros ou en étoiles (une à quatre). Les deux échelles permettent de mieux hiérarchiser les taureaux. Chaque coopérative partenaire d’Auriva a fait son choix et la présentation d’€uroval varie donc selon les catalogues. « L’objectif est d’améliorer la lisibilité de nos offres pour les éleveurs », précise Élise Fargier-Fau, chez Auriva. Elle ajoute que le lancement de ces indicateurs n’a pas d’incidence sur le prix des doses.
Ypérios a été récompensé par un Inel d’or de L’Éleveur laitier, et par un Innov Space. La marque devrait poursuivre son développement en s’étendant à d’autres races, et sans doute d’abord à la blonde d’Aquitaine.
Pascale Le Cann
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