Lancée en 2016, l’assurance prairies n’a pas encore fait beaucoup d’adeptes chez les éleveurs. Pourtant, la répétition des sécheresses impactantes pour la production d’herbe, la multiplication des conversions en production biologique et le retour en grâce du pâturage sont autant d’arguments en faveur de cet outil de gestion des risques climatiques.
[Interview] Gwénaël Simon (Groupama Loire-Bretagne) : « Les éleveurs n’ont pas encore une culture de la gestion des risques »
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Trois ans après le lancement de l’offre d’assurance des prairies, peu d’éleveurs ont franchi le pas de sécuriser leur production d’herbe avec une assurance privée. Aujourd’hui, nous avons 120 contrats signés, expliquait Gwénaël Simon, directeur Assurances de Groupama Loire-Bretagne, lors du dernier Space, à Rennes. Pas plus de 1 000 contrats, tous assureurs confondus, ont été souscrits par des éleveurs. »
« À ce jour, nous n’avons pas rencontré un franc succès auprès des éleveurs », résume l’assureur, qui avance plusieurs raisons à ce démarrage plutôt poussif de l’assurance prairies. « Début 2016, le volet réglementaire, notamment la mise en place du subventionnement des primes d’assurances, a été validé tardivement », repoussant la commercialisation de l’offre lors de la première année.
« L’assurance prairies est un contrat indiciel, rappelle aussi Gwénaël Simon. Il y a une sorte de virtualité à laquelle les éleveurs ne sont pas habitués. » Le dispositif d’assurance prairies utilise les données satellitaires pour mesurer la pousse d’herbe. « On détermine un indice sur les cinq dernières années. Pour l’année en cours, l’indice de biomasse est comparé à l’indice moyen, déterminant, le cas échéant, un niveau de perte d’herbe par rapport à la moyenne quinquennale. »
Plus globalement, l’assureur relève qu’il « n’y a pas encore de culture de la gestion des risques chez les éleveurs, même chez ceux qui assurent leur maïs ensilage. » « Quand on propose une nouvelle solution de gestion des risques, l’éleveur la voit d’abord comme une charge supplémentaire. »
« Le contexte économique fait que les éleveurs sont à la recherche de la moindre économie », concède l’assureur. « D’où une prise de risque supplémentaire de leur part. » Le coût de l'assurance - « entre 8 et 15 €/ha selon le secteur géographique et la valeur assurée » - reste un frein pour la plupart des éleveurs.
Des sécheresses plus fréquentes, des manques de fourrage plus importants
Ceci dit, l’approche des éleveurs sur les risques subis sur la production fourragère pourrait évoluer ces prochaines années. D’abord à cause du changement climatique et de la répétition des épisodes de sécheresse. Même si l’épisode de sec enregistré en 2018 est plutôt atypique, car ayant démarré en deuxième partie d’été, il est susceptible de se renouveler plus fréquemment.
Outre un climat incitant davantage à se couvrir contre ses aléas et ses effets négatifs sur la production agricole, l’évolution des pratiques d’élevage devrait être favorable à l’assurance prairies.
Le profil des éleveurs ayant d’ores et déjà souscrit un tel contrat d’assurance dépend notamment du ratio maïs-herbe de la ration. « Les souscripteurs ont généralement une ration davantage dépendante à l’herbe. Nous avons enregistré plus de contrats chez les éleveurs dont le troupeau est plus dépendant à l’herbe, et dans les secteurs AOP où la problématique du stockage est plus importante. » Or, les conversions croissantes à la production biologique et, plus généralement, le retour en grâce du pâturage, devraient engendrer un regain d’intérêt des éleveurs pour une assurance fourrage.
En 2017, Groupama a indemnisé « un éleveur sur dix ». Pour 2018, les taux de pertes, calculés au 30 octobre, seront connus début novembre.
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