À l’occasion de l’assemblée générale de la FNPL du 9 avril 2025, son président, Yohann Barbe, éleveur dans les Vosges, a fait le point sur l’actualité de la filière en présence de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard. L’urgence, tout d’abord, pour les éleveurs lâchés par Lactalis, à la suite de la décision unilatérale de l’industriel de rompre les relations contractuelles à un moment où la France pourrait manquer de lait : « Ce dossier avance dans le bon sens », assure-t-il. À l’exception des éleveurs bio, pour lesquels trouver un nouvel acheteur qui valorise le lait dans la filière s’avère plus compliqué.
Et pourquoi pas 600 €/1 000 litres ?
Autre sujet brûlant, la revalorisation de la matière grasse, après une année 2024 où le prix du lait payé aux producteurs a stagné, pour s’établir en moyenne à 488 €/1 000 litres. « L’intérêt des Criel à travailler ce dossier est un signe positif, car on ne peut pas voir le prix du beurre s’envoler sans en avoir un retour de valeur dans nos fermes », a expliqué Yohann Barbe. Certes, la marge dégagée par les exploitations laitières s’est améliorée de 6 %. Mais la FNPL ne veut pas croire que le prix du lait en France ait atteint un plafond et entend profiter de l’embellie des marchés. Alors que partout en Europe le prix du lait progresse, le président de la FNPL et son conseil d’administration n’hésitent pas à évoquer l’objectif d’aller chercher un prix de 600 € ! « C’est faisable, si tous les partenaires de l’interprofession s’engagent à partager la valeur de la filière », s'est exclamé Yohann Barbe.
À l’issue de négociations commerciales particulièrement compliquées cette année, Yohann Barbe exhorte donc la ministre et les services de l’État à aller contrôler le paiement de la MPA (matière première agricole) et son retour dans les exploitations, conformément aux règles de la loi Égalim. En effet, à la veille de son assemblée générale, la FNPL s’alarmait dans un communiqué du risque de détricotage d’Égalim, alors qu’il est prévu un débat parlementaire sur une nouvelle version du texte, dite Égalim 4, et notamment de la suppression pure et simple du Comité de règlement des différends commerciaux agricoles (CRDCA).
Fin de l’apport total et promotion d’OP transversales
Selon le syndicat, un texte Égalim 4 qui répondrait aux attentes des OP doit commencer par la mise en place d’une date butoir concernant la négociation « amont », entre producteurs et transformateurs, pour que ces derniers n’entament pas les négociations avec la distribution sans accord préalable sur les conditions générales de vente (CGV) et en particulier sur le montant de cette MPA. La FNPL demande à élargir ces règles aux coopératives qui, à l’instar des privés, devront ainsi tenir compte des indicateurs de coûts de production, pour davantage de transparence.
Afin de redonner un second souffle et plus de souplesse aux OP, le président de la FNPL demande la fin de l’apport total, y compris pour les coopératives, et entend promouvoir la constitution de structures transversales, multi-acheteuses. Un moyen pour les producteurs de se réapproprier leur avenir.
Résurgence de la fièvre aphteuse en Europe de l’Est
La présence de la ministre a été l’occasion d’évoquer d’autres sujets de préoccupation : déblocage de l’assurance prairie ; relèvement des seuils ICPE ; facilitation de l’accès au crédit bancaire et au foncier pour les jeunes candidats à l’installation, notamment pour les femmes, à l’heure où les installations ne compensent que 40 % des départs ; sans oublier bien sûr l’urgence sanitaire, face à la problématique des maladies émergentes. Dernière en date, la FCO-1 venue d’Espagne, et surtout la résurgence de cas de fièvre aphteuse en Europe de l’Est. Sur ce sujet, l’ensemble des participants invités à prendre part à une table ronde se sont accordés sur le rôle essentiel de la vaccination : « Vacciner est un acte de protection collective », a insisté Jean-Louis Hunault, président du SIMV (Syndicat de l’industrie du médicament et diagnostic vétérinaires), non sans rappeler l’impératif de mieux anticiper les besoins, sachant qu’il faut un délai d’un an pour fabriquer les vaccins après leur mise au point.
La nécessité de mieux anticiper collectivement la propagation des maladies émergentes, c’est tout l’enjeu des assises du sanitaire initiées par la ministre qui aboutiront fin 2025. Dans l’attente, Annie Genevard a annoncé la commande de 7 millions de vaccins contre la FCO-8 et le lancement d’un marché public de commande de vaccins contre la FCO-1. Les doses seront mises à disposition gratuitement fin mai, début juin, via les vétérinaires sanitaires d’élevage. « Nous examinerons par ailleurs toutes les demandes d’indemnisation des pertes transmises par le FMSE, que l’État prendra en charge à hauteur de 60 % », a déclaré la ministre.
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