Fourrage. En Bretagne, l’EARL Dolo utilise un séchoir accolé au méthaniseur. Trèfles et graminées, cultivés en mélanges, sont séchés à la ferme et occupent une place prépondérante dans la ration.
«En misant sur l’herbe, nous créons de la valeur ajoutée sur notre exploitation, explique Philippe Dolo, éleveur laitier, installé dans les Côtes-d’Armor avec son frère Pierre-Louis et son cousin Damien Le Fèvre. Au centre de la Bretagne, le rendement du maïs est limité : les sols limoneux-sableux ont une faible réserve utile, la pluie n’arrive pas toujours au bon moment et les températures sont peu élevées en été. C’est pourquoi nous cultivons désormais des mélanges suisses, qui sont composés de trèfles et de graminées, plus adaptés à nos terres. »
Sept hectares ont été semés en 2012, avec de bons résultats. Les trois associés ont depuis implanté différents mélanges suisses pour arriver aujourd’hui à 130 ha de prairies. L’exploitation a bénéficié d’un accompagnement avec une MAE 28 (1). En 2016, l’EARL a construit un méthaniseur puis, l’année suivante, un séchoir à fourrage avec quatre cases de 200 m² et une griffe à 6 m de hauteur. Le quai en pente monte à 2,50 mètres de hauteur et génère un précieux gain de temps lors des manœuvres. La capacité de stockage est de 600 tonnes de fourrage. La superficie totale du bâtiment est de 3200 m², dont 400 m² de séchage à plat utilisés pour des céréales ou des plaquettes de bois, et une autre partie destinée au stockage.
« Méthanisation, séchoir et surfaces en herbe forment un projet global »
« La méthanisation, le séchoir et l’implantation de surfaces en herbes forment un projet global et cohérent, souligne Philippe Dolo. Dans le séchoir, l’air entrant se réchauffe en circulant entre le toit et une cloison en bois OSB. Les journées ensoleillées, cela suffit pour sécher le foin. La nuit, ou par temps couvert, nous récupérons la chaleur de la méthanisation pour réchauffer l’air. »
Le foin est fauché, puis fané une ou deux fois. La coupe se fait entre 8 et 12 cm de hauteur, toujours précocement pour avoir un produit de qualité. Les associés récoltent ainsi jusqu’à cinq coupes par an.
Après l’andainage, le foin est ramassé entre 50 et 70 % de matière sèche à l’autochargeuse, puis déchargé sur le quai. La griffe confectionne des couches sur un mètre au maximum. Le séchage dure entre deux et quatre jours selon la météo. Quand le fourrage est sec, l’éleveur peut ajouter une épaisseur supplémentaire. Le groupe de déshumidification récupère entre 300 et 400 litres d’eau à l’heure. Cette eau, qui est chargée en oligoéléments, abreuve les animaux, notamment les veaux.
La griffe est utilisée quotidiennement pour reprendre le foin et le déposer dans la remorque distributrice. Une partie du fourrage est conditionnée en bottes rectangulaires grâce à une presse installée à poste fixe sur le quai. Ces bottes sont destinées à la vente. Après plus d’une année de recul, Philippe Dolo n’a pas encore d’éléments économiques précis sur la rentabilité du système, mais il est confiant.
« À terme, remplacer tout l’ensilage par du foin »
« L’herbe possède de multiples atouts, rappelle-t-il. Le côté fibreux et piquant de la luzerne stimule la rumination. Nous ajoutons 500 grammes de miscanthus pour réduire le risque d’acidose. D’un point de vue nutritionnel, le foin est naturellement riche en oméga 3 et en oméga 6 : plus besoin d’acheter des compléments spécifiques. Dans la rotation, la prairie apporte de la matière organique aux sols. Cela profite aux cultures suivantes. Nous travaillons sans labour et avons fortement baissé l’usage de glyphosate. Avec l’herbe, l’utilisation de produits phytosanitaires a diminué, et nous n’achetons plus d’engrais minéraux puisque nous épandons 15 m3 par hectare de digestat après chaque coupe. Nous employons encore de l’ensilage d’herbe et du maïs épi ensilé. À terme, nous souhaiterions remplacer tout l’ensilage par du foin. Nous garderions du maïs épi pour apporter de l’énergie à la ration de notre troupeau, mais en le séchant également pour le conserver. La production de lait diminuerait, mais si nous pouvions valoriser notre production dans une filière de type lait de foin, cela serait l’aboutissement de notre démarche. »
(1) Mesure agro-environnementale impliquant plusieurs adaptations dont le passage à moins de 28 % de la part du maïs dans la surface fourragère principale.
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