Distribution : concilier coût de mécanisation et temps de travail

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Au-delà du coût annuel et des aspects techniques, le choix du matériel de distribution doit surtout répondre aux questions organisationnelles de l’exploitation. (©Cedric FAIMALI/GFA)

La stratégie de distribution de l’alimentation a un impact sur les coûts de mécanisation et le temps de travail des éleveurs. Lors d’un renouvellement de matériel, il est essentiel de se poser les bonnes questions avant d’investir.

L’alimentation des animaux est une activité stratégique en élevage laitier. C’est une tâche indispensable pour garantir les performances zootechniques des animaux, qui demande un temps de travail non négligeable. En moyenne, en ration hivernale, on estime à une heure par jour le temps nécessaire à la préparation et à la distribution de la ration des vaches traites. L’alimentation des autres lots d’animaux (génisses, taries, etc.) réclame quasiment autant de temps (cf. Inosys Bovin Lait Bretagne, « Temps d’astreinte en élevage laitier », 2019).

Un marché dominé par les mélangeuses tractées

Néanmoins, ces moyennes masquent une forte variabilité liée au type d’équipement, et surtout à l’organisation de la distribution (circuit, nombre de rations, fréquence, etc.). En matière d’équipements, le marché est largement dominé par les mélangeuses tractées (bols à vis verticales principalement). Selon les modèles, il faut aujourd’hui compter entre 45 000 et 55 000 € pour une mélangeuse neuve de 15 m3. En y associant les coûts d’entretien et de traction, la distribution pèse lourd dans les charges de mécanisation des élevages laitiers. Alors que les mélangeuses sont peu à peu remplacées par des automotrices, voire des robots d’alimentation dans les grosses structures, des solutions plus simples comme les godets désileurs retrouvent un intérêt auprès de quelques éleveurs.

Situation initiale

  • Le Gaec Alauge et l’EARL Gaudet sont deux fermes voisines.
  • De taille et fonctionnement très différents, les deux structures sont confrontées à la même problématique : leur outil de distribution doit être renouvelé.
  • Après avoir reçu plusieurs devis, ils décident de comparer leurs simulations économiques de coût de distribution.

LE COMMENTAIRE D'AUBIN LEBRUN

« Viser moins de 35 €/1 000 litres avec la main-d’œuvre »

« Pour l’EARL Gaudet, le choix s’oriente vers le godet désileur sur le télescopique. En effet, le tracteur de 90 ch de l’ancienne désileuse manque de puissance pour une mélangeuse et les éleveurs ne souhaitent pas monopoliser leur 120 ch pour la distribution. De plus, le système fourrager se prête bien au godet. Au printemps, les vaches reçoivent de l’ensilage de maïs seul à l’auge et elles pâturent. La ration hivernale comprend seulement deux types de fourrages (maïs et ensilage d’herbe). Même s’il faut ajouter un peu de coût de distribution pour le foin, cette stratégie du godet désileur permet d’économiser 15 €/1 000 litres par rapport à la stratégie de la mélangeuse.

Au Gaec Alauge, le choix n’est pas tranché. Les coûts de distribution sont sensiblement les mêmes entre la mélangeuse et l’automotrice. Les éleveurs souhaitent poursuivre leur réflexion en simulant l’impact économique et sur le travail d’un robot d’alimentation. Un premier chiffrage du coût annuel s’élève à 37 000 € (22 000 € d’amortissement, 7 500 € de contrat de maintenance et frais de réparation, 2 500 € d’électricité, 5 000 € de téléscopique et désile-cube). Le robot permettrait une économie d’environ 400 heures de travail si on prend en compte le temps nécessaire à la repousse de l’alimentation avec une distribution par jour en mélangeuse. »

LA CONCLUSION DE L’EXPERT

« Choisir un équipement adapté à son contexte d’exploitation »

« Au-delà du coût annuel et des aspects techniques, le choix du matériel de distribution doit surtout répondre aux questions organisationnelles de l’exploitation. Combien de temps disponible pour gérer l’alimentation, y compris le week-end ? Quelle facilité de prise en main de l’outil en cas de remplacement ? Faut-il faire beaucoup de déplacements ? Quels tracteurs utiliser pour la distribution ? Faut-il prévoir un outil pour pailler également ? Chaque contexte d’exploitation est différent et nécessite donc un outil adapté à sa situation. Avant de réfléchir à un nouvel équipement, il est parfois plus pertinent d’investir pour améliorer les conditions d’accès et la reprise des aliments si l’on veut optimiser le temps de travail.

Lorsqu’elles existent, les solutions de mutualisation de la distribution (copropriété, Cuma de distribution) sont de véritables leviers pour optimiser coût et temps de travail. Main-d’œuvre comprise, le coût de distribution en Cuma est majoritairement compris entre 12 et 20 €/1 000 litres. » 

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,55 €/kg net +0,02
Vaches, charolaises, R= France 7,34 €/kg net =
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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