Du maïs semé en strip-till à 60 cm d’écartement

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Arnaud Vincent et son frère Maxime, associés en Gaec, développent les pratiques de l’agriculture de conservation depuis 2013. (© D. Lehé)

Le Gaec de la Trézenne, à Montrevault-sur-Évre (Maine-et-Loire), s’est équipé d’un ensemble de strip-till à 11 rangs. Améliorer les débits de chantiers et développer l’agriculture de conservation des sols, tels sont ses objectifs en utilisant ce semoir pour le maïs et le colza.

Le principe du strip-till consiste à travailler la terre uniquement sur la bande de semis de 10 à 15 cm sans toucher au sol dans l’interrang. C’est dans cette optique que le Gaec de la Trézenne, à Montevrault-sur-Èvre, en Maine-et-Loire, s’est équipé d’un Stripcat de marque Agrisem. Cette version semi-portée comprend 11 rangées d’éléments écartés de 60 cm. À l’arrière de ce porte-outil, les associés ont ajouté un semoir monograine Kverneland Optima.

Améliorer le taux de matière organique

« Sur l’exploitation, nous avons simplifié le travail du sol depuis une bonne dizaine d’années en adoptant les pratiques de l’agriculture de conservation, commente Arnaud Vincent, associé du Gaec avec son frère Maxime. L’objectif est d’éviter au maximum de retourner la terre. Nous installons aussi des couverts végétaux en hiver et en été pour favoriser la vie microbienne et la biodiversité dans nos parcelles. Jusqu’à présent, nous utilisions un cultivateur à dents pour réaliser un travail peu profond. Le semis était ensuite réalisé avec un combiné herse rotative et semoir monograine de 3 m. En strip-till, l’impact sur le sol est encore plus faible et, avec une largeur de 6,60 m, les débits de chantier sont améliorés. Je sème généralement à 7 km/h. C’est un bon compromis pour obtenir à la fois un travail du sol satisfaisant et une précision de semis. »

Le choix de cet équipement répondait à deux objectifs principaux : gagner du temps sur la main-d’œuvre – le Gaec est passé de trois à deux associés l’année passée – et changer de pratiques pour améliorer le taux de matière organique au niveau de l’horizon superficiel.

Pour se former aux rudiments de l’agriculture de conservation des sols (ACS), les deux frères ont adhéré à l’association locale Agriculture de conservation des Mauges. « Via les réunions régulières avec le groupe d’agriculteurs, nous avons rencontré une Cuma à proximité de chez nous qui utilisait déjà un semoir en strip-till depuis plusieurs années, explique l’éleveur. Ils nous ont apporté des références utiles pour définir notre équipement. Grâce aux formations et aux échanges, nos pratiques ont également évolué. »

Réduire le nombre d’interventions

Sur les 75 hectares de maïs dédiés à l’ensilage, environ une soixantaine est implantée derrière un méteil semé à l’automne précédent. Pour des questions d’agronomie, le Gaec a remplacé le mélange habituel composé de ray-grass italien et de trèfles par une nouvelle association comprenant du seigle, de la vesce et du trèfle.

Le ray-grass employé auparavant se révélait en effet trop difficile à détruire mécaniquement avant le semis du maïs. Plusieurs passages de déchaumeurs profonds étaient nécessaires, alors que l’objectif est justement de réduire le nombre d’interventions. De plus, à l’échelle de la rotation, le ray-grass italien a tendance à ressortir, notamment les années où la parcelle est cultivée en blé ou en orge. Cette plante présentant des résistances aux traitements chimiques, il devient de plus en plus difficile de trouver un programme de désherbage efficace pour les éliminer dans les céréales.

Du matériel polyvalent

Dans cette gamme d’outils de travail simplifié, les constructeurs proposent souvent du matériel polyvalent et adaptable selon le type de sol et les cultures de l’exploitation. Sur le châssis semi-porté du Stripcat, Arnaud et Maxime ont choisi un écartement de 60 cm afin d’utiliser le même équipement pour semer du maïs au printemps et du colza en fin d’été. L’essieu possède deux roues jumelées qui offrent une bonne portance, sans jamais rouler sur la bande de semis. L’ensemble se replie hydrauliquement afin de ne pas dépasser les 3 m de largeur lors du transport sur route. L’élément de travail se compose d’un disque ouvreur avec roue de jauge. Il est monté sur un parallélogramme avec une suspension pneumatique. La pression se règle directement depuis la cabine et peut atteindre 600 kg. Viennent ensuite deux chasse-débris qui éliminent les résidus de végétaux présents sur la bande de semis. Le travail du sol est assuré par une dent dont la profondeur d’action est réglable mécaniquement. Un disque butteur est associé à la dent et peut s’orienter dans toutes les directions selon le résultat recherché. L’élément se termine par une roue de rappui de type squelette.

Les éleveurs apprécient de pouvoir ajuster facilement la pression de chaque élément. Grâce à l’Isobus, le matériel se pilote directement sur le terminal de contrôle intégré à l’accoudoir du tracteur. Autre atout : le châssis dispose d’une plateforme prévue pour recevoir une cuve destinée à un produit de traitement ou à de l’engrais liquide.

Travail du sol et semis

L’ensemble comprend aussi une double trémie portée sur le relevage avant. Chaque compartiment a une capacité de 1 100 litres avec des systèmes de distribution et de transport pneumatique indépendants. Cette double cuve offre aussi une grande polyvalence, puisqu’elle peut contenir des semences. Chacun des deux produits est envoyé indépendamment de l’autre, soit vers une rampe liée à la cuve pour un semis à la volée, soit vers le strip-till, soit à l’arrière vers les disques enfouisseurs du semoir. Pour le maïs, Arnaud Vincent apporte, en même temps que le semis, 150 kg/ha d’urée et 200 kg/ha de sulfate de potassium. Les deux engrais sont incorporés ensemble au niveau du strip-till à 5 cm de profondeur, sur une ligne également décalée de 5 cm de l’axe du semis.

Le semoir monograine a été acheté à part. Ce modèle à dosage électrique modulable est équipé de micro-granulateurs avec deux descentes pour un placement des granulés sur le rang ou en décalé. La soufflerie est entraînée par l’hydraulique du tracteur Valtra Q 305 (300 ch) sur lequel est attelé l’ensemble. Chez certains agriculteurs, la technique du strip-till est parfois employée en deux étapes, avec un premier passage de l’outil seul pour travailler la bande de terre et permettre au sol de se réchauffer, puis un semis quelques jours ou quelques semaines plus tard. Opter pour ce type de chantier décomposé est intéressant dans le cas d’un semis précoce : la terre a ainsi le temps de se réchauffer et les graines lèvent ensuite plus rapidement. Au Gaec de la Trézenne, le travail du sol et l’implantation se font en simultané, car l’intervention a lieu après l’ensilage du méteil, donc plus tard en saison. À cette période, le climat est généralement plus favorable à la germination.

Le Gaec s’est associé à d’autres exploitants de la commune pour créer une méthanisation collective. L’objectif est d’apporter d’ici à l’année prochaine du digestat liquide sur les parcelles de méteil entre l’ensilage et le semis en strip-till. La Cuma locale dispose d’une tonne à lisier avec une rampe à disques enfouisseurs spécifiques qui ne bouleverse pas le sol. « Nous adaptons progressivement nos pratiques pour tendre de plus en plus vers l’agriculture de conservation, ajoute Arnaud Vincent. La polyvalence de cet outil est intéressante pour cela. »

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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