Par souci d’efficacité et d’économie, il fabrique ses équipements

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Au Gaec L'Avenir des Hirondelles, dans la Sarthe, Alexandre Blin a réalisé lui-même plusieurs équipements, qu’il emploie sur sa ferme au quotidien.
Au Gaec L'Avenir des Hirondelles, dans la Sarthe, Alexandre Blin a réalisé lui-même plusieurs équipements, qu’il emploie sur sa ferme au quotidien. (©D. Lehé)

Bricoleur et maîtrisant bien la soudure, Alexandre Blin, éleveur dans la Sarthe, a réalisé plusieurs équipements pour son exploitation. Parmi eux, une cuve anti-incendie pour le pressage et un moule pour fabriquer des T en béton.

« Avec les très fortes chaleurs subies depuis plusieurs étés, les départs de feu sur les presses deviennent de plus en plus fréquents, constate Alexandre Blin, éleveur à Crannes-en-Champagne, dans la Sarthe. Si nous n’intervenons pas très vite pour stopper l’incendie, le round baller est souvent détruit et parfois, le tracteur également. Avoir un extincteur dans la cabine est une bonne précaution, mais, sur un feu intense, cela ne suffit pas. Comme je ne trouvais rien dans le commerce qui me convenait, j’ai décidé, en 2019, de fabriquer ma propre citerne avec une pompe et une lance intégrée. Le tout est attelé sur le relevage avant du tracteur. »

La cuve incendie de 600 l est attelée systématiquement à chaque chantier de pressage sur le tracteur. (© D. Lehé)

Un ancien pulvérisateur porté revisité

Avant d’être agriculteur, Alexandre a suivi une formation de soudeur et a travaillé cinq ans comme chaudronnier chez un constructeur proche de chez lui. Il maîtrise donc parfaitement la préparation, la découpe et l’assemblage des métaux. Pour réaliser sa cuve, il est parti d’un ancien pulvérisateur porté de 600 litres.

La pompe d’origine du pulvérisateur a été conservée. Elle est désormais entraînée hydrauliquement par un moteur récupéré sur une ancienne désileuse. (© D. Lehé)

Le châssis a été renforcé et l’agriculteur a conservé la pompe d’origine qu’il a installée sur un support spécifique. Son entraînement est désormais assuré par un moteur hydraulique récupéré sur une ancienne désileuse. « La principale difficulté fut de connecter la pompe avec le moteur car aucun embout existant ne correspondait, raconte-t-il. J’en ai finalement fabriqué un sur-mesure à l’aide d’un tour. » Le moteur hydraulique est alimenté par un distributeur à simple effet avec retour libre. L’ensemble est complété par la pose d’un support pivotant avec 30 m de tuyau de 25 mm de diamètre intérieur : un enrouleur de récupération de type RIA (robinet d’incendie armé) servant autrefois dans un bâtiment. La vanne en bout du tuyau a également été conservée. Pour finaliser le tout, l’éleveur a fixé deux feux à Led à l’avant du châssis, connectés au tracteur par une prise à 7 plots standards. Cet équipement permet de travailler plus sereinement la nuit.

L’agriculteur a prévu deux feux à leds à l’avant du châssis afin de pouvoir travailler la nuit dans de bonnes conditions. (© D. Lehé)

« Quand la pompe tourne, le jet est projeté à une douzaine de mètres. Cela suffit pour être en sécurité, précise Alexandre. Si je ferme la vanne, l’eau retourne aussitôt en cuve via un by-pass en sortie de pompe. Jusqu’à présent, je n‘ai jamais eu besoin de m’en servir pour éteindre un feu, mais je l’utilise parfois pour nettoyer du matériel au champ ou enlever de la boue sur la route. C’est finalement très pratique d’avoir ça sous la main. » Pour ce matériel, l’éleveur estime avoir dépensé environ 600 € en fournitures, principalement pour l’achat du pulvérisateur d’occasion et de l’enrouleur RIA.

L’enrouleur pivotant anti-incendie acheté d’occasion est fixé sur le châssis. Il supporte 30 m de réserve de tuyau, en 25 mm de diamètre intérieur. (© D. Lehé)

Il a aussi passé 25 heures à l’atelier pour la découpe, la soudure et la peinture. Ces dernières années, quelques constructeurs ont développé leur propre modèle de cuve anti-incendie. En comparaison, elles se négocient entre 3 000 et 6 000 € selon la capacité et les options choisies.

Un moule pour les T en béton

Autre réalisation d’Alexandre Blin : un moule pour réaliser des T en béton, utilisés pour construire les murs d’un futur silo. Un projet qu’il a débuté fin 2021 à partir de plans dessinés à la main sur papier. « Il fallait calculer les bons angles et découper chaque pièce en conséquence, précise-t-il. Pour les tubes, j’utilise une scie circulaire à poste fixe. Quant aux tôles de 5 mm d’épaisseur, j’ai recours à un chalumeau plasma qui me permet de réaliser des coupes bien propres. Les tôles sont ensuite pliées chez un chaudronnier. » Le moule ainsi réalisé est parfaitement étanche. Une face latérale est montée sur charnière avec des vis de fermeture à serrer. Ouvrir le moule est en effet indispensable pour décoffrer l’élément et le sortir. Seule la tranche correspondante à un côté du T n’est pas fermée. Elle est positionnée sur le dessus pour le remplissage.

L’éleveur réalise un élément par jour qu’il stocke en attendant de construire son silo. Chaque T mesure 1,25 m de largeur par 2,05 m de hauteur. Le pied est large de 1 m. À ce jour il en possède une quarantaine. (© A. Blin)

Alexandre utilise sa bétonnière et emploie un mélange de sable et de graviers qu’il dose avec du ciment à hauteur de 350 kg/m3. Le béton est ensuite déposé dans le godet du télescopique avant d’être transféré dans le moule.

Deux pièces de treillis à béton sont pliées et soudées entre elles pour former l’architecture du T. (© A. Blin)

Pour faciliter l’opération, un entonnoir, également réalisé sur mesure, est posé sur l’ouverture. L’intérieur du moule est entièrement enduit d’huile de coffrage au préalable pour éviter que le béton n’adhère aux tôles. Au fur et à mesure du remplissage, le béton est malaxé avec un vibreur électrique qui fait ressortir toutes les bulles d’air. La finition obtenue est ainsi parfaite au moment de l’ouverture.

Ce moule a été entièrement conçu et soudé à la ferme. Il faut prévoir 400 l de béton par élément. Le remplissage se fait avec le godet. (© A. Blin)

Chaque T nécessite 400 l de béton et la préparation d’un élément dure environ trois heures. « Un temps qui pourrait être réduit en utilisant un godet malaxeur de béton », souligne l’éleveur. Le T sèche ensuite jusqu’au lendemain avant d’être décoffré. Le moule est alors nettoyé et peut être aussitôt réutilisé pour une nouvelle fabrication.

Les tôles intérieures ont été enduites d’huile de coffrage au préalable et le béton est vibré durant le remplissage. En été, il faut attendre une vingtaine d’heures de séchage avant de démouler. (© A. Blin)

Alexandre Blin privilégie les journées ensoleillées pour réaliser ces T. Quand le temps est humide, le séchage est prolongé d’une journée. C’est un travail de longue haleine : actuellement près de quarante éléments sont déjà prêts. Il en faudra encore autant avant de pouvoir commencer la construction du futur silo. « J’aime imaginer et réaliser mes propres équipements, confie-t-il. J’ai aussi fait un enfonce-pieu hydraulique, une affûteuse de piquets, une pince pouvant prendre deux balles rondes d’un coup… C’est à la fois pratique car ce matériel correspond à mes besoins et, sur le plan économique, cela me revient bien moins cher. »

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

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